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Nager en armure de samouraï: entre tradition et souffrance

Publié le 10 octobre 2012 par Nuage1962

Une tradition qui doit demander énormément d’effort physique … et pourquoi pas si tout est fait sécuritaire ment .. mais ce qui me turlupine c’est qu’en cas d’échec .. comment ils réagissent
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Nager en armure de samouraï: entre tradition et souffrance

Nager en armure de samouraï: entre tradition et souffrance

« C’est une façon amusante de se maintenir en forme et en plus de se plonger dans la culture et l’histoire du Japon. Dommage que ça n’attire pas plus d’étrangers », jubile Antony Cundy, un cadre britannique d’une boîte de publicité de Tokyo.

Marcher ou courir en grande tenue de samouraï, casque et bottes en prime, n’est pas la chose la plus facile au monde. Alors nager… Et pourtant des Japonais le font, rien que pour s’amuser.

« C’est lourd, ça tient chaud, c’est trop dur ».

Au bord d’une piscine de Yokohama, Mutsuo Koga, un médecin de 27 ans, en sueur sous un casque de métal, se prépare à cette éprouvante nage traditionnelle, sanglé dans une armure noire en aluminium par-dessus ses vêtements.

« Ce qui m’inquiète, c’est de savoir si j’arriverai à sortir de l’eau. Ca fait trois ans que je ne l’ai plus fait », dit-il juste avant de plonger.

Cette nage pour le moins curieuse remonte aux 15ème et 16ème siècles. C’était le temps du Japon féodal, le temps où les samouraïs écumaient le pays pour faire respecter la volonté de leurs maîtres.

Cinq cents ans plus tard, quelques originaux la pratiquent encore, en partie pour perpétuer cette technique fort utile à l’époque, et aussi comme une performance esthétique. On ne pousse toutefois pas la reconstitution jusqu’à les encombrer d’une arme.

Comme tous les arts martiaux, puisque c’est aujourd’hui considéré comme tel, ceux qui pratiquent cette nage affirment que cela leur sert dans la vie de tous les jours.

« Le but premier de cette discipline est d’acquérir des compétences pour nager dans un environnement naturel », explique Tadao Koga, le père de Mutsuo et « grand maître » de l’école Kobori, l’une des douze reconnue par la Fédération de natation japonaise (JSF).

« Bien sûr, vous nagez plus vite à l’occidentale, mais ce n’est pas pour autant que vous pourrez survivre dans un environnement naturel », explique Koga, un alerte presque septuagénaire.

Ainsi les nageurs en armures doivent-ils maîtriser parfaitement leur attitude dans l’eau pour pouvoir par exemple résister à de puissantes vagues qui déferlent sur la côte.

« Se plonger dans l’histoire du Japon »

Ils doivent également apprendre le « hayanuki », une pratique indispensable pour remonter une rivière à contre-courant, et qui consiste à tenir le buste le plus haut possible hors de l’eau tout en écrasant régulièrement les bras à la surface.

Il arrive à ces nageurs de s’entraîner dans la nature, mais sans armure.

Mais même en bassin, avec un attirail de 10 kilos sur le dos, bien plus lourd une fois gorgé d’eau, il faut quoi qu’il arrive maintenir la tête bien hors de l’eau et garder ses esprits: l’obstacle en face de vous peut être un rocher à éviter… ou l’épée d’un ennemi, disent les puristes gardiens de la tradition.

« Les nageurs se mesurent surtout sur la beauté du mouvement et non sur la rapidité », dit Yoko Suzuki, la championne féminine de la discipline.

Mais la tradition se perd petit à petit. Selon Masahiko Yaginuma, le président de la section « nage traditionnelle » au sein de la JSF, on ne la pratique plus que dans quelques endroits du pays, alors qu’elle était encore largement enseignée au début du XXème siècle.

« De nos jours, dit-il, les femmes de 60 ans et plus forment le plus gros des élèves » car elles considèrent que cette nage fait partie des choses qu’une Japonaise cultivée doit apprendre, comme l’ikebana (art des compositions florales) ou la cérémonie du thé.

Il n’y a jamais eu de femmes samouraïs, mais certaines Japonaises ont trouvé ce biais pour renouer avec la tradition.

« C’est une façon amusante de se maintenir en forme et en plus de se plonger dans la culture et l’histoire du Japon. Dommage que ça n’attire pas plus d’étrangers », jubile Antony Cundy, un cadre britannique d’une boîte de publicité de Tokyo.

Une minute à peine après avoir lourdement splashé dans l’eau, éclaboussures garanties, Mutsuo Koga se hisse péniblement sur le bord du bassin, sous les applaudissements du public.

Il n’a parcouru que 20 mètres. Et visiblement, papa n’est pas satisfait.

« Ta poitrine! Ta poitrine doit toujours rester hors de l’eau », lance-t-il à son fils complètement essoufflé, dégoulinant dans son armure.

« J’ai pas été très bon, mon corps ne flottait pas du tout », murmure le fils ruisselant sous son casque.

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