Les années « trente » : Simone Weil, de Beauvoir, et Dora Maar -1-

Publié le 11 octobre 2012 par Perceval

Début des années 30, la crise économique est suivie – en France – d'une crise politique avec une défiance pour la classe politique impliquée dans les scandales financiers

Le 6 février 1934: les camelots marchent sur l'Assemblée Nationale

( et qui ne se renouvelle pas, malgré l’instabilité de la 3ème république) et d'une crise sociale... Devant la montée des extrémismes, de la xénophobie et de l'antisémitisme ; comment se situent les intellectuels, ou les élites artistiques … ?

M'interrogeant ainsi, à un siècle de distance ; j'observe, dans ce décor, en plus gros plan, les biographies de trois femmes d'exception : Simone Weil, Simone de Beauvoir et Dora Maar , cette dernière regroupant plusieurs destinées à l'intérieur du surréalisme …

Les trois jeunes femmes se sont peut-être rencontrées, au cours de manifestations en février 1934, après la marche contre la Chambre des Députés, des ligues de droite du 6 février 1934. Et, c'est par l'intermédiaire de l'association d'extrême-gauche, Masses, soutenue par Simone Weil, que Dora Maar rencontre Georges Bataille membre de cette association depuis octobre 1933. André Breton, dans cette association rédige un tract « Appel à la lutte » pour réagir au coup de force des camelots …

Même si, Simone de Beauvoir ( et Sartre ) - et de son propre aveu - a été aveugle à toute politique pendant les années trente...

Simone de Beauvoir et Sartre 1929 Bataille est un homme hanté par la mort et la souillure, dont la vie est faite d’un mouvement « de va-et-vient de l’ordure à l’idéal et de l’idéal à l’ordure »

A l'opposé, Simone Weil et dès l'Ecole Normale Supérieure, est surnommée « la vierge rouge » par le directeur Célestin Bouglé , qui la décrit comme un mélange d'anarchisme et de calotine. Elle ne fait pas l'unanimité, ni auprès du corps enseignant, ni auprès des autres élèves... Dans son dossier d'inscription à l'école, le philosophe Alain avait écrit : « Excellente élève ; force d'esprit peu commune ; ample culture ; réussira brillamment si elle ne s'engage pas dans des chemins obscurs ; dans tous les cas sera remarquée »

Simone Weil Dora Maar

Simone de Beauvoir se dit intriguée par sa condisciple, " à cause de sa réputation d'intelligence et de son accoutrement bizarre... Une grande famine venait de dévaster la Chine, et l'on m'avait raconté qu'en apprenant cette nouvelle, elle avait sangloté : ces larmes forcèrent mon respect plus encore que ses dons philosophiques."

Elle écrit encore dans ses « mémoires d'une jeune fille rangée » : «Tout en préparant normale, elle passait à la Sorbonne les mêmes certificats que moi. Elle déambulait dans la cour de la Sorbonne escortée par une bande d'anciens élèves d'Alain. Je réussis un jour à l'approcher. Je ne sais plus comment la conversation s'engagea : elle déclara d'un ton tranchant qu'une seule chose comptait aujourd'hui sur terre, la révolution qui donnerai à manger à tout le monde. Je rétorquai, de façon non moins péremptoire que le problème n'était pas de faire le bonheur des hommes, mais de trouver un sens à leur existence. Elle me toisa : on voit bien que vous n'avez jamais eu faim, dit-elle ! Nos relations s'arrêtèrent là ».

Voir aussi:

L’attention selon s. Weil

 L’attention selon s. weil - «Quand on fait vraiment attention à quelque chose, de toute son âme, cette chose se donne à vous». 

 S. Weil… Loin d'une religion « consolatrice »…

 S. weil… Loin d'une religion « consolatrice »… - Comment avec le Christ, est-on passé d'une religion au service des besoins de l'homme ( consolatrice ), à une religion qui élève…