Défilé citoyen de solidarité le samedi 29 mars à Saint-Denis
Aujourd’hui, des centaines de milliers d’individus handicapés, atteints de maladies invalidantes ou victimes d’accident du travail sont condamnées à vivre toute leur vie sous le seuil de pauvreté en France, qui est estimé entre 681 et 817 euros par mois. Face à ce constat alarmant, de nombreuses organisations nationales et associations se sont mobilisées en créant le mouvement “Ni pauvre, ni soumis” dont la principale revendication concerne l’attribution d’un revenu d’existence décent égal au montant du SMIC brut pour les personnes qui ne peuvent pas ou plus travailler, quels que soient leur âge et leur lieu de vie.
A ce titre, une grande marche citoyenne de solidarité se tiendra le samedi 29 mars 2008 entre le Jardin de l’Etat et la Préfecture, où sera reçue une délégation par les services de l’Etat.
10.000 personnes bénéficiaires de l’AAH
A La Réunion, pas moins de 10.000 personnes bénéficient de l’Allocation d’Aide aux Handicapés (AAH) parce qu’elles ne peuvent pas ou plus travailler. Cette allocation qui est de l’ordre de 600
euros par mois ne correspond qu’à moins de la moitié du SMIC. Or, ces personnes nécessitent, en fonction de leur handicap et de leur degré d’autonomie, des moyens bien plus importants en termes
d’équipements pour leurs déplacements et d’aménagements pour améliorer leur quotidien. Dans de nombreux cas, l’accompagnement d’un auxiliaire de vie est nécessaire, mais malheureusement, peu de
personnes en bénéficient à l’heure actuelle.
La situation est d’autant plus dramatique à La Réunion où l’encadrement de ces personnes est dérisoire. « Y’a des gens qui ont droit à 3
heures d’aide par jour. Du coup, à 16 heures, ils sont au lit et ont déjà soupé », nous explique Frédérique Bres, Directrice du Service Régional de l’Association Française contre les
Myopathies.
« Il faut toujours se battre pour sa scolarité ! »
A travers cette mobilisation, le collectif “Ni pauvre, ni soumis” de La Réunion souhaite avant tout sensibiliser la population sur les conditions de vie d’un handicapé physique ou mental, et de
sa famille, dans une société réunionnaise encore trop inadaptée en termes d’éducation, de formation, d’intégration, mais aussi en termes d’accessibilité aux infrastructures urbaines, et ce,
quel que soit le handicap.
« Mon fils a un handicap très lourd qui l’oblige à se déplacer en fauteuil roulant et à être accompagné par un auxiliaire de vie. Il est
actuellement en première année de Licence STU à la Fac à Saint-Denis. J’ai dû arrêter de travailler pour m’occuper de lui, me levant tous les matins très tôt pour l’emmener à la Fac et prendre
ses cours, alors qu’il n’avait pas encore d’auxiliaire de vie. A notre arrivée à La Réunion, on a dû choisir la maison en fonction de l’établissement qui voulait bien l’accueillir. Il faut
toujours se battre pour sa scolarité ! », témoigne Chantal Legrand, membre de l’AFM.
En effet, l’accès au savoir et à la connaissance est une lutte constante pour de nombreux parents. Car pas d’école, pas de formation, et pas de formation, pas d’avenir professionnel. Et sans avenir professionnel, la précarité !
« Ça pousse les gens au bord du suicide ! »
Parmi toutes ces personnes, il y a également ceux qui travaillaient avant et qui, pour des raisons de maladies invalidantes ou d’accidents du travail, ont dû cesser leur activité et se sont
retrouvés dans une détresse sociale sans pareille.
« Avant, j’étais chauffeur routier et je touchais entre 10.000 et 15.000 francs. J’étais heureux, je vivais très bien jusqu’au jour où on
m’a décelé une maladie invalidante qui m’a obligé à arrêter de travailler. Et toute ma vie a basculé. J’ai perdu mon travail, ma maison et mes amis, et je ne touche désormais qu’environ 500
euros par mois. Ça pousse les gens au bord du suicide ! Je suis donc rentré à La Réunion pour me rapprocher de ma famille et être au soleil. Et quand j’ai vu la situation désastreuse des
handicapés à La Réunion, je ne pouvais que me mobiliser pour faire bouger les choses », confie Jean-Bernard Sangaria de l’AFM.
En effet, aux principales problématiques liées au transport et au relief de notre île, s’ajoute le manque de considération des collectivités quant aux nécessaires aménagements de la ville et de
ses établissements pouvant faciliter le quotidien des handicapés. D’autant plus que la majorité de ces personnes qui ne sont pas solvables au niveau bancaire sont dans l’incapacité d’acheter un
véhicule adapté. Des aides concernant l’aménagement des véhicules existent, mais aucune concernant l’achat du véhicule en lui-même. Et bien souvent, un véhicule adapté s’avère plus volumineux
et donc bien plus coûteux.
ET ce n’est certainement pas avec une revalorisation de l’AAH de 5% sur 5 ans proposée par Nicolas Sarkozy que la situation sociale de ces personnes se verra changée. Proposition qui plus est s’est avérée inappliquée puisqu’au 1er janvier 2008, ce n’est qu’une augmentation de 1,1% qui a été donnée, soit 6,83 euros en plus par mois. Alors que dès le mois d’octobre, 50 organisations nationales adressaient au Président de la République « un appel pour revenu d’existence », qui est resté jusqu’à ce jour sans réponse acceptable.