A la rencontre d’une parigote !

Publié le 12 octobre 2012 par Betacon @dido_m

Il était à Paris depuis quelques temps déjà, ce n’était pas sa ville natale, mais il l’avait adopté (ou l’avait elle adopté ? On en saura rien … ). Il ne savait pas s’il la quitterait un jour, cette amante dont tout grand auteur parlait avec désir.

Il aimait voguer dans ses entrailles, découvrir ses plaies, caresser ses cicatrices et essayer de lui murmurer les mots justes pour qu’elle se livre à lui. Mais il le savait, Paris était blessée depuis tant d’années, personne ne se souciait d’elle maintenant.Telle cette vieille catin qui n’arrivait plus à concurrencer la jeune génération mais que tout le monde respectait pour ses prouesses passées.
Quelques chinois venaient encore se prendre en photo aux côtés  de ces monuments qui avaient bâti sa gloire passée.

Allait-il devenir ainsi ? Comme toutes ces personnes qui l’entourent ? Allait-il lui aussi laisser tomber cette dulcinée qui lui procurait tant de plaisir ?

Après une journée pleine d’émotions, il était vidé. Il décida donc d’aller se poser sur la terrasse d’un café. Seul, épiant tel un voyeur chaque mouvement de ces passants éphémères, pour comprendre le pourquoi du comment de cette liaison impossible qui pendait à son nez !

Les heures passèrent et il ne comprenait toujours pas, tout le monde courrait, se bousculait sans présenter les moindres excuses. Plusieurs cultes et cultures émanés des passants, mais d’aucun ne semblait intéresser par ce que pouvait proposer l’autre, aucune envie dans leurs yeux. Ah si ! Une enfant s’arrêtant là, en face de ce guitariste qui semblait avoir un beau timbre de voix.
Il ne l’avait pas remarqué, depuis quand était-il là ? L’enfant semblait être tiré par une personne. Sa mère, qui lui criait qu’elle n’avait pas de temps à perdre avec ceci. L’enfant s’en alla, avec cette tristesse dans les yeux que possédait la plupart de ces gens autour.

Une jeune femme était assise là tête baissée, depuis plus d’une demi-heure. Il l’avait vu, elle était belle même tête baissée. Avec une gymnastique pas très glamour et un peu désagréable il arriva tant bien que mal à voir ce qu’elle faisait.

Elle lisait un livre intitulé : « Paris dans l’ombre ».

Le serveur voyant que sa tasse de café était vide vint lui demander si elle désirait quelque chose. Sans même prendre la peine relever la tête elle lui répondit « La même chose! » d’un ton bref et sans aucune émotion.
Elle ne voyait pas ce bâtiment du 18ème siècle, en face d’elle, arborant fièrement de grandes fenêtres fermées. Elles l’étaient toutes, pour plus d’intimité (surement).

C’est peut-être pour ça que Paris était triste, on ne la regardait plus.

Elle était pourtant très belle Paris.

La jeune femme n’a pas levé les yeux quand un enfant a trébuché non loin de sa table, son livre était-il mieux que l’innocence incarnée à ses genoux ?

Mais pourquoi les Parisiens sont-ils devenus ainsi ? Il savait que Paris n’avait pas été conçu en 3 minutes. Le  coïte avait dû être long et intense pour créer une perle pareille, mais comment a-t-elle pu être abandonnée après avoir été aussi bien modelée.
Tout ceci n’aurait été qu’un viol raté ?

Que faire ?

Il déposa ce bout de papier sur la table et s’en alla porter secours au petit être que même sa mère semblait négliger.

L’enfant posa un regard tendre et surpris sur l’homme. Il sentit une brise sur sa nuque, Paris avait-elle réagi ?
La jeune fille à la table leva la tête quelques secondes et sourit en le voyant accroupi pour aider l’enfant. Elle lui tendit un mouchoir en soie, pour essuyer les saletés sur les mains du petit, avec un « écrit en lettre d’Or.

La mère revint sur ses pas, remerciant au passage l’homme encore à genoux, prenant son fils  et s’en alla à nouveau.

La foule reprit de plus belle et l’homme voulu rendre le mouchoir à la jeune femme, mais elle avait disparu. Il essaya de la chercher du regard, mais il ne put l’apercevoir. Une autre brise lui caressa la nuque et il comprit …

Mais qui était-elle … ?

 

© crédit photo : Nine d'Urso dans Tellement Paris