Être un enfant pauvre dans un pays ou les jeunes parcours les routes pour ramasser un maigre butin est une situation pénible, mais quand on s’endort dans un train .. et au réveil c’est le commencement d’un destin totalement différent qui s’ouvrent est inimaginable. Mais qu’en plus avec le temps on réussit l’impossible pour renouer avec le passé … la famille c’est vraiment le summum du destin
Nuage
25 ans après, il retrouve sa famille grâce à Google Earth
L’itinéraire de Saroo pour retrouver sa famille adoptive dont il avait perdu la trace à l’âge de 5 ans. DR
Saroo Brierley, un Australien d’adoption a retrouvé sa famille dont il avait perdu la trace en Inde quand il avait 5 ans. Son histoire pourrait faire l’objet d’un film.
«Par où commencer?» C’est la question que s’est posée Saroo Brierley, quand il a décidé de rassembler ses souvenirs pour retrouver ses origines, après vingt-cinq ans de mystères. Adopté par une famille australienne, l’enfant d’origine indienne devenu un jeune adulte a retrouvé son village et sa famille grâce à Google Earth,raconte Vanity Fair.
Au début des années 1990, Saroo a 5 ans lorsqu’il part avec son frère Guddu, de quatre ans son aîné, pour ramasser les pièces de monnaie tombées dans les trains de sa région. Comme à chaque fois qu’ils partent à l’aventure mendier dans les wagons, les deux frères prennent toujours les mêmes itinéraires. Mais un jour, épuisé par leur quête, le plus jeune s’endort pendant que l’autre continue sa collecte. En se réveillant, il a perdu la trace de son grand frère et s’égare en partant à sa recherche.
Illettré et ne sachant pas compter, Saroo ne connaît pas non plus le nom de sa ville, ni de sa région ni même son nom de famille. Après avoir pris plusieurs trains en espérant se rapprocher de chez lui, l’enfant parcourt plus de 1500 kilomètres et atteint Calcutta, capitale de l’État du Bengale-Occidental, en Inde. Accueilli par une association et adopté par un couple d’Australiens, Saroo prend l’avion pour la première fois et atterri en Tasmanie, île du sud de l’Australie
Dix ans d’enquête
Quinze ans plus tard, diplômé et intégré à la société australienne, le jeune homme est pris d’envie de retrouver ses racines. Il lance alors Google Earth, et pointe son curseur vers l’Inde. Il ne se souvient que d’une gare, d’un barrage et d’une cascade, d’une fontaine, d’un grand pont et d’un grand complexe industriel. Mais, traumatisé par l’immensité de la carte de l’Inde, il laisse tomber et ne reprendra ses recherches que trois ans plus tard. Après sept années d’enquête supplémentaires, Saroo réussit enfin son pari en poussant sa réflexion: il multiplie le nombre d’heures durant lesquelles il était resté endormi dans le train avec la vitesse de croisière d’un train de l’époque et réussi à réduire la zone de recherche à 1200 kilomètres de diamètre.
En remontant la voie ferrée sur les images satellites, il tombe sur un pont près d’une usine bordant une rivière, précisément là où il avait perdu son frère. «J’ai eu un choc», explique Saroo. Il retrouve finalement son village en repérant une fontaine où il s’était blessé vingt-cinq ans plus tôt. Un événement qui l’avait marqué.
«Ganesh Talai, c’est donc le nom de mon village».
Afficher L’itinéraire de Saroo
Encouragé par sa famille adoptive, Saroo décolle en février 2010 en direction de l’Inde, à la recherche de ses proches.
«J’en suis arrivé à pleurer tellement les flash-back étaient puissants», raconte-t-il.
Arrivé à Ganesh Talai, il passe devant des lieux familiers et tombe sur une habitation faite de briques de boue avec un toit d’étain: c’est sa maison. Sans dire un mot, une femme, sa mère biologique s’approche vers lui et le serre dans ses bras.
«La joie dans mon cœur était aussi profonde que l’océan», explique-t-elle.
Saroo retrouve ainsi sa petite sœur Shekila, son frère Kullu, mais pas son aîné Guddu, retrouvé un mois après sa disparition, le corps coupé en deux sur une voie ferrée.
Saroo est resté 11 jours près des siens pour rattraper le temps perdu. Il leur a promis de leur envoyer chaque mois 100 dollars pour compenser leurs faibles revenus. Soulagé, il est reparti en Australie en sachant que ni sa mère ni son frère ne l’avaient abandonné. Originale, son histoire intéresserait déjà éditeurs et producteurs de films, selon la BBC.
Gary Assouline