« Le vrai révolutionnaire est celui qui veut sortir du système étatiste, ou socialiste et est par conséquent libéral »

Publié le 27 février 2012 par Larevuedelili @larevuedelili

Avertissement : Les propos qui vont suivre ont été recueillis dans le cadre d’une étude sur les liens entre jeunesse et politique auprès de Stanislas Marchand. Les propos tenus ne reflètent pas mes convictions et n’engagent que l’intéressé. 

« Aujourd’hui, 1% des jeunes sont politisés. Nous sommes donc très marginaux. Mais je ne me sens pas non plus en décalage avec la jeunesse étant donné que j’ai rencontré beaucoup de jeunes qui partagent mes convictions politiques. Dans ma famille, on s’intéresse tous à  la politique. C’est donc en parti mon milieu familial qui m’a transmis ce goût, bien que nos avis soient assez partagés. J’ai été jeune populaire, alors que je n’étais déjà pas très sarkozyste, j’ai récemment rendu ma carte lorsque je me suis rendu compte que l’UMP était obsédé par des thématiques comme la sécurité et l’immigration qui ne reflètent pas vraiment mes valeurs. Je pensais être de droite car j’avais en tête l’idée que la division droite-gauche ne tenait qu’au fait que la gauche était portée vers plus d’égalitarisme alors que la droite vers plus de libertés, ce qui n’est en fait pas vraiment le cas en France, la droite française n’étant pas vraiment plus portée vers la liberté individuelle que la gauche.

Idéologiquement, le courant politique qui me correspond le plus est le libéralisme. Je rejoins donc les idées du Parti Libéral Démocrate bien qu’il ne soit pas la hauteur de partis comme l’UMP ou le PS au niveau de l’électorat.

Le libéralisme n’est pas strictement économique, il s’agit au contraire d’une vision essentiellement sociale : on ne doit pas accorder des droits à des groupes de pression ou à des classes mais à l’individu. En ce sens, c’est, je pense,  la vision la plus humaniste qui soit. Le communisme est désormais tout à fait ancré dans la société actuelle ce qui fait que le vrai révolutionnaire est selon moi, celui qui veut sortir du système étatiste, ou socialiste et est donc par conséquent libéral.

Ainsi, le candidat qui me correspond le plus est François Bayrou : c’est l’homme qui est le plus proche de cette logique de refus de groupes de pression malgré sa regrettable vision étatiste. Il n’est pas comme certains à promettre de favoriser une certaine classe, que ce soit la classe moyenne ou populaire, ou à aller s’afficher sans complexe, devant des caméras de télévision, aux réunions de certains groupes de pressions- comme Nicolas Sarkozy et François Hollande ont pu le faire pendant la campagne, ce qui n’est pas très républicain.

Bayrou est un peu invisible pendant cette campagne, ce qui est dommage. En 2007, son discours était déjà plus sérieux que celui de Sarkozy avec la proposition de la règle d’or. Il avait réussi à cette époque à bien monter dans les sondages, et pourrait passer cette année devant Le Pen. Son principal problème est le peu de soutien dont il bénéficie.

La France a éternellement fait le choix malheureux de l’étatisme, c’est à dire d’intervenir dans l’ensemble de la vie économique du pays, voire du socialisme. Il est tout de même incroyable que les dépenses représentent 57% de Produit Intérieur Brut français. C’est  pour cela que je me permets d’affirmer que les candidats de droite ne sont pas du tout libéraux car à l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence, elles représentaient 52% du PIB.

D’autre part, socialement il est clair que nous faisons fausse route car la meilleure politique qui soit est celle du plein-emploi. Or nous avons 10% de chômage en France, ce qui n’est pas un hasard. Il est évident que c’est à cause des charges patronales énormes qui pèsent sur les entreprises et d’un salaire minimum légèrement trop élevé, même si bien entendu il n’est pas question de rivaliser avec la Chine sur le prix du travail. Néanmoins, par rapport à la moyenne européenne, il est possible de le réduire pour profiter d’opportunités supplémentaires. Le modèle à suivre est sans aucun doute celui de la Suisse où le chômage est à 3% et où il est de durée moitié moins longue qu’en France. En plus de la politique de plein emploi qu’il faudrait mener, je suis très attaché à l’existence d’une allocation universelle. Contrairement à la caricature du libéralisme qu’on a l’habitude d’entendre en  France, l’allocation universelle, type RMI, est une idée libérale au départ, portée notamment par Milton Friedman. Elle ne doit néanmoins pas inciter à l’assistanat. D’ailleurs, s’il est une proposition de Sarkozy que je trouve assez juste c’est bien celle de faire des heures de service civique lorsque l’on en est bénéficiaire du RSA, pour éviter que cette allocation soit un frein au retour à l’emploi, et pour que seuls en bénéficient ceux qui ne peuvent vraiment pas trouver d’emplois.

Au sujet de l’Europe : notre politique, c’est vrai, est assez influencée par celle de l’Union Européenne. Néanmoins, il faut reconnaitre que l’euro tel qu’il est aujourd’hui ne fonctionne pas, et le reconnaître, ça n’est pas du tout, comme on peut l’entendre, tomber dans le piège du Lepénisme. Il ne faut bien entendu pas sortir de l’Euro mais instaurer une flexibilité des prix et du marché du travail. Sans quoi, tous les investissements continueront à aller vers les pays les plus productifs comme l’Allemagne et peu iront vers la Grèce ou vers la France.

Autrement, je pense que l’on devrait axer l’Union Européenne uniquement sur l’économie avec peut-être une légère dirigeance commune pour éviter des disparités trop grandes entre les pays. Par exemple, je ne comprends pas vraiment pourquoi on serait contre l’entrée de la Turquie au sein de l’U.E sous prétexte que ce pays n’est pas culturellement européen, alors que je ne sais même pas ce qu’est la « culture européenne », quand on voit les différences culturelles entre les pays de l’Union d’aujourd’hui. C’est un pays qui bénéficie de 8% de croissance par an avec un taux de chômage assez faible. C’est par ailleurs plutôt la Turquie qui n’a pas trop d’intérêts à y entrer avec la désastreuse Politique Agricole Commune de l’Union. Il faut supprimer les subventions de toute urgence pour que les agriculteurs se tournent vers des productions plus rentables. La moitié du budget européen y est consacré, ce qui représente un gouffre financier pour nous et ce qui par conséquent est dangereux pour l’emploi par ce qu’on finance cela avec les charges patronales. Cela peut paraitre irréalisable, mais l’exemple de la réforme de l’agriculture de la Nouvelle Zélande –qui était dans une situation comparable à la nôtre-  par le gouvernement travailliste de David Lange dans les années 80, nous montre qu’au contraire, les agriculteurs ont tout à y gagner.

Tout cela fait qu’en ce moment, je ne me retrouve ni à droite ni à gauche, et que j’ai d’ailleurs, sur beaucoup de points, de plus en plus tendance à préférer Hollande à Sarkozy, car, bien qu’ils soient tous les deux très mauvais sur le plan économique, Hollande, lui, ne s’entoure pas de gens comme Claude Guéant, qui mènent une politique assez choquante, sur l’immigration notamment, parfois même à la limite de la xénophobie, comme en atteste l’affaire de la fameuse circulaire du 31 mai.

On avait un vrai libéral en France qui est Alain Madelin qui s’est à ce propos fait violemment descendre dans une des dernières allocutions du Président sortant ce qui illustre à quel point les deux hommes sont éloignés politiquement

L’idéal serait d’avoir notre Ron Paul (NDLR : personnalité politique américaine), un libertarien à l’opposé du conservateurs.

Sarkozy est un très bon candidat, il a donc forcément de grandes chances de remporter ces élections : nous l’avons tous vu, lui qui est le Président le moins apprécié de la Vème République réussi pourtant l’exploit de remonter dans les sondages et de rattraper François Hollande qui lui, a bénéficié de l’effet primaire et de sa prise de hauteur en crédibilité.

Quant au duel Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy ? Je n’y crois pas. Non seulement parce que Nicolas Sarkozy, avec l’aide de Claude Guéant, adapte de plus en plus son discours, mais aussi parce que si elle continue de faire des prestations aussi médiocres qu’hier pourtant face à quelqu’un d’aussi ridicule que Mélenchon, elle ne va pas aller loin (NDLR : La veille avait eu lieu le débat entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen sur France 2). Elle a certes réussi à donner une impression un peu plus démocratique du Front National, mais les gens ne s’y tromperont pas. Je ne suis d’ailleurs pas sûr qu’elle obtiendra ses signatures pour participer à l’élection. »

 Crédit photos : Maëva Vitela