« Je tiens à participer au mouvement de la vague bleu marine »

Publié le 26 février 2012 par Larevuedelili @larevuedelili

Avertissement : Les propos qui vont suivre ont été recueillis dans le cadre d’une étude sur les liens entre jeunesse et politique auprès d’une personne souhaitant conserver son anonymat. Les propos tenus ne reflètent en aucun cas mes convictions et n’engagent que l’intéressé. 

« Le taux de participation électoral des jeunes est inquiétant : ils ne se sentent pas du tout concernés et ne prendraient même pas une heure entre leurs séries et Facebook pour aller voter. Il faut analyser ce problème, le comprendre : ils ne se retrouvent pas dans la politique, dans les partis et dans leurs discours. Les jeunes ne s’intéressent pas à la profondeur des idées, et n’essayent pas de comprendre l’histoire politique française. Ils ne vont donc pas se reconnaître dans ces discours de technocrates qui sont trop peu accessibles. Malgré tout l’intérêt que j’y porte, des fois j’ai du mal à suivre, notamment en économie. Sur une classe d’âge combien ont ces bases ?

Aujourd’hui si on regarde les adhérents et les militants chez les jeunes, le PS et le FN se battent pour avoir la première place. Pourquoi eux ?

Selon moi, le PS répond à énormément d’attentes que l’on aurait endoctrinés chez les jeunes. Quoi que l’on en dise, les pensées et idées de gauche sont dominantes dans l’enseignement. Malgré la bonne volonté, un prof ne sera jamais objectif. J’ai été le premier à y participer d’ailleurs : aux dernières élections, je soutenais Ségolène Royal même si je n’avais pas encore l’âge de voter. Les jeunes se prononcent plus facilement de gauche… Par ailleurs, si les militants d’extrême gauche ont moins de problèmes c’est qu’ils s’emparent de combats connus, qui organisent les manifestations dites antifascistes. Néanmoins, ils sont très violents, mais c’est une chose qui est peu relayée par les médias.

Actuellement, le FN monte chez les jeunes. Avant, on en avait une image fascisante : les skinheads, etc. Très récemment, enfin depuis que Marine Le Pen a pris la succession de son père, il y a eu un vrai changement. Beaucoup ayant eu un discours trop extrême furent exclus du parti.

La politique a toujours eu une place importante dans ma vie depuis l’élection de 2002. Quand Jean-Marie Le Pen a atteint le second tour, mes parents étaient terrifiés par le résultat, je me souviens même que mon oncle pleurait. J’avais compris l’importance qu’elle avait, son impact, sans trop comprendre ses ressorts. Ma famille n’était pas très politisée, mais on regardait souvent les informations. C’est avec l’école que j’ai compris. Mes parents sont de gauche. J’ai donc été influencé par leurs convictions. Du moins, jusqu’à l’an dernier, ma première année de fac. Je me suis émancipé politiquement de ma famille comme l’a fait mon cousin, qui est mon aîné de 6 ans. J’ai pu choisir et consulter mes propres média : j’ai enfin entendu les discours de droite, de l’UMP et du FN sans le point de vue gauchisant de papa-maman.

Idéologiquement, je me sens maintenant plus proche du FN  que de n’importe quel autre parti. Je suis bien conscient que ma candidate ne sera pas élue, mais je tiens à participer à son mouvement : la vague bleu marine. Je suis désormais encarté, une décision qui m’est personnelle mais qui m’a pris des mois de réflexion. J’avais encore cette image diabolisante de Jean-Marie Le Pen en tête : il ne méritait pas d’être écouté, il était fasciste, raciste, néo-nazi…

C’est vrai qu’avec la nouvelle figure de Marine, le discours s’est adouci : elle ne fait plus les mêmes références que son père. Je l’ai écoutée avec un regard extrêmement critique au départ. Mais plus ça allait, plus j’ai pu décortiquer l’ensemble de son discours et j’ai conclu qu’on ne peut plus avoir d’aprioris racistes sur le programme du FN.

J’admets qu’Eric Zemmour m’a aussi influencé : il se fait le pourfendeur de la pensée unique (à tort ou à raison) et j’ai trouvé son discours réellement percutant. Il est d’une solidité rare, que j’ai trouvée chez peu de journalistes ou de chroniqueurs. Même si je me doute qu’il est là pour véhiculer des idées, il n’est pas engagé par le FN ou l’UMP que par ailleurs, il critique bien souvent. À travers lui, j’ai découvert tout un monde dont fait notamment parti le philosophe Alain Finkielkraut.

Tous les débats dans lesquels ceux-ci donnent leurs opinions s’élargissent très vite à la liberté d’expression. J’ai vu une véritable division dans la société politique et intellectuelle. Si cette pensée unique dénoncée existe bien telle qu’elle est décrite, elle est partout : politique, mœurs, etc.

Il y a une certaine corrélation entre leurs discours et celui du FN. J’en suis arrivé à la conclusion que le FN était écouté et devait être respecté : je soutenais déjà leur possibilité de s’exprimer. J’ai vite été témoin du traitement réservé au FN par les médias et l’ensemble de la classe politique : les insultes sont très basses, alors qu’on sera plus modéré pour l’extrême gauche. Lorsque j’ai voulu en parler à mes proches je me suis retrouvé face à un mur. On m’a dit que «c’est inhumain, qu’on ne peut pas s’en prendre ainsi à la partie de la population issue de l’immigration », « sortir de l’Euro c’est se fermer au monde », etc.

J’ai tout de même franchi le pas afin d’aller y voir de plus près, voir si ce fameux électorat était aussi raciste que le prétend sa réputation. La première fois que j’ai assisté à un évènement officiel c’était un colloque : j’y suis arrivé en tremblant, à reculons. Cependant, dans la salle il n’y avait ni crane rasé, ni croix gammées…  Bien plus de personnes âgées que d’ordinaire, mais sinon, c’était très varié, les militants provenaient de tous les milieux professionnels.

J’étais d’accord avec beaucoup de propositions, notamment sur l’école. Je me rapprochais déjà. J’ai calmé le jeu et j’ai arrêté d’en parler à mes proches, sauf à mon cousin, bien en avance sur moi. Auparavant encarté à l’UMP, celui-ci s’est rapproché du FN puis y a pris sa carte.

C’est ensemble que l’on a vu le discours sur l’anonymat des parrainages de Marine Le Pen devant le Sénat. Là encore, bien que je sois aux aguets, je n’y ai vu aucun néo-nazi.

On a pris un café avec les membres du FNJ et c’est ainsi que l’on a été invité aux réunions hebdomadaires. Dans un premier temps, je n’osais pas trop y aller sans mon cousin. Finalement, je me suis lancé et là j’ai été conquis. Toute cette charge de préjugés qui avait troublé ma vision des choses s’est écroulée. Le terme d’extrême droite a désormais moins de sens, car la thématique principale c’est le rassemblement autour du point commun de toute la population : la nation, donc la nationalité. Le FNJ recueille des jeunes de gauche comme de droite, des jeunes issus de l’immigration des banlieues aux très favorisés du XVème.

Je me suis donc déclaré sympathisant.

Enfin, le week-end dernier, j’ai été à la convention de Lille… toujours avec ce regard critique. J’ai assisté à plusieurs conférences passionnantes dont une où Jean Marie Le Pen, très éloquent comme toujours, a fait un discours adressé aux jeunes extrêmement touchant : son amour de la France, cet appel à la résistance m’ont ému je dois l’avouer. Quand tout le public chante en chœur La Marseillaise, ça prend aux tripes !

Le samedi soir pendant le gala payant : j’ai entendu Jean Marie Le Pen chanter, je l’ai vu même danser sur du Black Eyed Peas, du Magic System… S’il était viscéralement raciste, ferait-il des choses pareilles ? J’en doute. Mais ce n’est qu’une anecdote (rires).

J’étais entouré de personnes avec qui je n’avais pas besoin de me censurer. Au retour, j’avais l’impression de revenir de vacances : là encore, je n’ai pas été témoin de racisme.

J’ai réfléchi encore un peu avant de prendre ma carte. Avec le problème de l’Europe, j’avais encore quelques hésitations. Sortir de l’euro sans l’accord des autres pays de l’U.E me paraissait risqué. Mais j’ai assisté à un colloque mardi dernier très précis sur ce sujet : le FN propose de prendre les acquis qui ont fonctionné (la paix par exemple, le plus précieux des bijoux que l’on doit à tout prix conserver) mais de se débarrasser de la souveraineté monétaire, législative et politique. Il faut reprendre cette souveraineté dans son intégralité.

Le soir même j’ai pris ma carte, je suis désormais adhérent : au pire des cas, je peux encore en sortir si j’ai le moindre doute…

Je suis conscient qu’elle ne sera pas élue cette année, le FN est encore trop marginal et les insultes fusent vite quand il s’agit du parti.

Cependant, ce choix relève d’une mure réflexion : ça ne part pas d’une agression par exemple (même si j’en ai déjà été victime), mais ça part d’un tas de choses, notamment de la détresse européenne, qu’il s’agisse de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne, de l’Irlande, voire même de nous, la France.

Une anecdote rigolote : je me souviens du sac de bonbon que je pouvais m’acheter avec la pièce de dix franc. Qu’est ce que je peux avoir avec mes 1,6€ ?

Est-ce que le FN a toutes les réponses à ça ? Je ne sais pas. Personne n’a la solution magique, mais je veux que cette voix portée autour de Marine puisse être entendue et ne soit plus qualifiée de raciste. S’il y a un fond fascisant, il représente moins de 10% du FN actuel et reste invisible. Si François Hollande devient Président de la République, je compte sur l’explosion de l’UMP afin que Marine puisse se détacher de l’étiquette Front national pour créer des alliances avec une partie de la droite actuelle. Cette association permettrait de fonder une vraie droite qui ne soit pas toujours hésitante entre un centre-droit et une droite dure, enfin traditionnelle.

J’espère tout de même que je ne participe pas au financement d’un parti raciste. Même si ses propositions sont radicales, elle propose un projet en rupture avec ceux des autres candidats. Ce qui va m’intéresser c’est l’évolution des choses avant tout. »