Magazine Journal intime

Recette du jour : perdre une heure le dimanche matin

Publié le 14 octobre 2012 par Anaïs Valente

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Se lever à 9 heures.

Prendre ses potions magiques anti-crève pas si magiques mais on y croit.

S'habiller pas trop mal, mettre ses jolies bottes mauves, une légère touche de maquillage, un domptage savant de la tignasse rebelle, un nettoyage bien utile des lunettes, pour avoir l'air potable et ne pas ressembler à quelqu'un qui va voter pour le… euh, non, je ne peux le dire, ça risquerait de choquer certains électeurs de ce parti.

Partir, sous le soleil, Emilie Simon plein les oreilles, et ça rime.

Arriver au bureau noté sur la convocation et, comme à chaque fois, systématiquement, remarquer que c'est le seul bureau où la file fait cent mètres.  Ce n'est plus une coïncidence, soit le bureau est géré à la 6-4-2, soit les électeurs sont mal répartis entre les bureaux (50 là-bas, 500 ici).

Faire une longue file (la moitié de l'album d'Emilie), suivie par une famille hystérique, avec des petits nenfants qui courent partout et écrasent mes jolies bottes mauves en hurlant.

Attendre, attendre, attendre, en avançant petit pas après petit pas.

Loucher sur la convocation du monsieur qui précède, laquelle est accompagnée d'un fatras de documents, et remarquer que c'est mon futur voisin.

Enfin atteindre le lieu saint, et noter que tous les urinoirs isoloirs sont vides, because la désorganisation totale des assesseurs.

Recevoir ma paperasse et voter en 15 secondes chrono, fastoche, j'avais repéré le numéro 9 préalablement.

Sortir de l'isoloir et attendre, attendre, attendre, vu que ma carte d'identité est encore tout au bout, mais keski font ces assesseurs, furieuse envie de les aider.

Repenser au sms reçu hier d'une connaissance perdue de vue depuis des lustres "hello, mes chouchous pour demain à Namur : (on omet).  Deux personnes que je connais bien et que j'estime beaucoup, vous pouvez leur faire confiance en votant pour eux sur la liste (on omet).  Merci pour Namur et les Namurois".

Renpenser aux réponses que j'aurais pu envoyer :

- je ne vote pas pour les ruminants, je préfère les poules, dont je fais collection

- même sous la torture, je ne voterai pas pour cet ignoble requin

- t'es payé combien pour envoyer ce genre de propagande vomitive ?

- ils paient combien pour avoir mon vote ?

Me dire que j'ai bien fait de pas répondre à ce sms abject.

Continuer à attendre.

Attendre que le premier assesseur ait coché mon nom.

Attendre que le premier assesseur ait coché mon nom.

Attendre que le troisième assesseur ait fini de contempler son cachet pour enfin l'apposer sur ma convocation.

Sortir du bureau et remarquer que la file a doublé, et ils sont pas sortis de l'auberge avec des assesseurs lents comme un escargot namurois atteint de mononucléose aiguë.

Rentrer chez moi en écoutant Emilie Simon.

Avoir perdu 1 heure pour rien.  Me souvenir que, la première fois que j'ai voté, j'étais fière, pleine d'espoir et de fierté de participer au sort de mon pays, et que, désormais, j'ai conscience de la connerie de la procédure, et de l'inutilité de mon vote, même si, tout au fond, j'ai une lueur d'espoir… qui sera vite balayée ce soir (ça rime encore).

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