Magazine Journal intime

Oeil pour oeil, dent pour dent

Publié le 29 mars 2008 par Mirabelle
Mon cher Victor,


Je viens tout juste de parcourir le blog de Vanille. Je me sens très proche d'elle en ce moment. Non pas que nous échangions beaucoup (j'ai toujours été fidèle à ses écrits, mais il fut une longue période où elle ne bloguait plus) mais ses mots me touchent.
Comme tu le sais, j'ai rompu. Qui ne le saurait pas ?! Tu en parles encore assez régulièrement ! Oui, c'est vrai. Trop régulièrement, sans doute... C'est que tu en as besoin, voilà tout ! Ne te jette pas la pierre : tirer une croix sur ses rêves ne se fait pas du jour au lendemain. Tu sais... Il y a des jours où j'écris ce qui me passe par la tête. Tout de suite. Sans réfléchir. Ce sont généralement des textes plein de tristesse, ou... Plein de colère. Et ce sont ceux que j'aime le moins. Alors je les supprime peu de temps après les avoir publiés. C'est naturel d'être en colère... La colère, c'est une l'amour-propre qui se défend face à la déception.
C'est si tentant de se laisser aller à la haine... On dit qu'elle est proche de l'amour. Je crois que c'est profondément vrai. Je le déteste autant que je l'ai aimé. Très fort. Je ne suis pas encore capable d'indifférence. C'est trop tôt. Et comme l'Amour et le Pardon ne m'ont rien apporté, je n'ai plus qu'une alternative : ne plus aimer et ne pas pardonner. Etre sentimentale, ça ne m'a rien donné. Etre clémente, cela ne m'a rien donné. Le croire, cela ne m'a rien donné. Passer l'éponge sur ses mots blessants, cela ne m'a rien donné. En gros, c'est "sois gentille, et continue à t'en prendre plein la gueule", alors je vais changer de registre.
Rendre coup pour coup soulage. Ca ne dure qu'un temps, bien sûr, mais pendant ce tout petit instant, on peut se relever un peu. Pas beaucoup, évidemment, parce qu'il faut plus que quelques semaines pour se remettre debout. Alors en attendant que ce jour vienne, on l'imagine tout seul, chez lui, dans sa grande ville, dans son grand appartement, dans son grand lit. Tout seul. On l'imagine tout seul devant sa grande télévision, sur son grand canapé, et on se dit que c'est bien fait pour lui. Et on se dit qu'il va comprendre sa douleur. Je l'avoue, j'en suis encore là. Ce n'est pas bien, je sais. Je devrais être capable, comme on nous le conseille dans les bouquins du genre "je réussis ma rupture", de rester zen, sourire, et attendre que le vent tourne, en continuant de le respecter. Non, je n'en suis pas capable. Parce que la Mirabelle blessée est méchante, rancunière et bagarreuse. Parce que sa philosophie, c'est oeil pour oeil, dent pour dent. Que c'est comme ça et puis c'est tout.
J'aime imaginer qu'il se morfondra jusqu'à la fin de sa vie de m'avoir perdue. Je sais qu'en réalité, il n'en sera rien, bien sûr. Personne n'est irremplaçable, et un de ces jours, il se dira que c'était mieux comme ça. Toujours est-il que de telles pensées m'aident à me libérer de lui. C'est humain, après tout, même si cela paraît cruel. Alors je comprends Vanille, qui exprime sa déception par des mots très durs envers celui qui fut son Arc-en-Ciel. C'est plus facile de s'en sortir en haissant. La haine, c'est la force. Et dans ces moments-là, c'est justement de force dont on a besoin.
Et puis quand même... Il y a des instants où un certain soir d'été à C., au bord de la mer, me revient en tête. Ou un rire en cascade, un "ma puce" plein d'amour et de tendresse... Heureusement, ce genre de réminiscences s'évapore assez vite. Parce qu'elles constituent l'un des pires coups que je puisse recevoir. Et en ce moment, je suis incapable de faire autre chose que d'en donner.

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