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Le racisme anti-blanc existe, mais il s’agit d’un racisme anti skinhead à col blanc !

Publié le 16 octobre 2012 par Menye Alain
Calixthe Beyala

Calixthe Beyala

Il me souvient qu’à l’occasion des élections législatives, concernant la circonscription Aubervilliers Pantin, j’organisais une réunion afin de déterminer pour qui nous allions bien pouvoir voter. Plus de cinq cents personnes s’étaient déplacées, tous noirs, habitant ladite circonscription. Je redoutais cette réunion d’autant que s’y présentait Monsieur Lozès Patrick, Président du CRAN… Très vite, mes craintes furent balayées car j’achevais à peine de dire les noms de candidats en lice que la salle debout comme un seul homme scandait : « Guigou ! Guigou ! »  Aubervilliers-Pantin, une circonscription à forte majorité noire et arabe !

A l’insu de Madame Elisabeth Guigou, des groupes s’organisèrent ; ils firent du porte à porte ; ils n’étaient pas socialistes ; Ils n’étaient pas de gauche ; ils aimaient cette femme ! Ils la trouvaient belle, intelligente, généreuse, proche d’eux et de leurs préoccupations ; ils sentaient plus d’affinités avec elle qu’avec Patrick Lozès pourtant aussi noir qu’eux ! A la fin, tandis que Guigou arrivait en tête avec un succès proche de ceux des grands vainqueurs des élections dans certaines Républiques bananières, Patrick Lozès ne recueillit que 165 voix, moins de 1% de suffrages sur des dizaines de milliers. Mais diantre, pourquoi malgré ce racisme anti-blanc, ces milliers de noirs et d’arabes n’ont-ils pas choisi Lozès ?

Cette histoire récente me vient à l’esprit, parce qu’elle dit la réalité quotidienne de la France, une France dans laquelle la majorité du peuple ne raisonne pas en terme de «  Race » mais d’affinités. Les couples se mixent et se teintent d’arc-en-ciel. Les familles métissées claironnent amour et tolérance ; la population noire ou blanche des quartiers pauvres stigmatisés se serrent les coudes et espèrent aux lendemains plus ensoleillés, ce soleil qui tarde à se lever à cause de ce cauchemar de chômage, cette précarité impolie qui ne respecte ni l’âge, ni le sexe, ni la couleur de la peau et encore moins la religion de ceux qu’elle frappe.

Bien sûr que le racisme anti-blanc existe-  «  Sale blanc » – puisque les deux mots sont prononcés ! Mais ils n’en constituent pas pour autant une réalité, un vécu quotidien ; ils ne traduisent pas une haine, un rejet de l’Autre… A peine une colère enfantine !

Bien sûr que le racisme anti-blanc existe « sale blanc » mais il n’existe  que parce que des responsables politiques et médiatiques ont choisi délibérément de donner une interprétation intellectuelle, philosophique, un socle idéologique, social et culturel à ces mots, qui prononcés par ces jeunes, n’en n’ont pas.

Nous savons que dans ces «  quartiers difficiles »  ces endroits abandonnés des riches et des décideurs, les bandes de gamins désœuvrés, très souvent désarticulés, déconstruits, rebelles face à des parents eux-mêmes désespérés, utilisent des vocables qui n’ont d’ascendance que le vocable lui-même et de descendance que le vocable lui-même donc, un vocable vidé de son sens. On y entend fréquemment : « sale blanc ! » ou «  sale renoi, » mais encore «  sale rebeu ! » Ils se jettent ces mots à la figure entre copains et amis, s’engueulent puis les revoilà repartis, blancs et noirs et arabes, toujours aussi amis !

Dans ces lieux charriés, le « sale blanc » n’a pas une coloration particulière de la peau ; il ne s’agit pas d’un pigment ou d’un phénotype qui serait déterminé par la blondeur des cheveux ou la forme du nez. Il est étrange, ce « sale quelque chose… » Mais réellement, il existe un racisme féroce contre un homme assez particulier qu’on pourrait nommer le skinhead à col blanc. Celui-là est détesté, sans conteste. Il est l’homme de pouvoir qui aux yeux des abandonnés de la République est l’incarnation de leur mal être. Il a souvent la cinquantaine ; il est hautain et il est méprisant. Il est celui qui a fait un discours semblable à celui  mémorable de Sarkozy à Dakar ; il ressemble à ne pas s’y tromper à celui qui prône la supériorité des races ou des civilisations ; il est presque le frère jumeau de celui qui associe immigration et insécurité ; il est sans doute le cousin de ce va-t-en guerre qui utilise des valeurs chères à la république pour justifier l’innommable ; il est le sosie parfait de ce chef d’entreprise qui refuse d’embaucher un noir ou un arabe, à cause de sa couleur ; il est l’oncle de celui-là si excluant qui dit que parce qu’il est blanc, ils serait  plus légitime pour représenter la France que cet autre français noir, oubliant que Marianne s’est déshabillée afin que tous ses enfants indistinctement viennent à ses seins téter !

Oui, le racisme anti-blanc existe, si l’on considère que le blanc n’est pas une couleur, le blanc n’étant pas un être présentant des caractéristiques génétiques particulières. Ce blanc-là, ce skinhead à col blanc qui s’est accaparé de la République, de ses biens, de ses symboles, celui-là est haï, oh combien détesté ! Mais il pourrait tout aussi bien avoir la couleur noire, il suffit de se référer au rejet  que voue aujourd’hui les Africain-français à Obama, lui au début si adulé ! Ce blanc-là pourrait également s’appeler Condelezza Rice, elle si belle et si noire mais si guerrière, qu’aucun Noir n’y voit plus clair.

Dans cette atmosphère délétère, irrespirable presque, accentuée par la crise économique,  quelques responsables mediatico-politiques gagnent à la dislocation de la société française, à la propagation de la haine entre les diverses franges de la communauté nationale. Il leur sied de parler de racisme anti-blanc pour protéger leurs acquis ou se faire élire.  Qu’ils se rassurent, Jean-luc Mélenchon, François Hollande ou Jacques Chirac – pour ne citer que ceux-là – pourraient continuer de se promener dans ces « quartiers difficiles ». Ils n’y seront jamais traités de «  Sales blancs » réels,  car l’explosion ou l’émeute raciale en France n’est pas prête de se produire. Il y aura des émeutes, certes… Mais pour du  pain !

Par Calixthe Beyala – Ecrivain – Présidente du Mouvement des Africain-français


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