Où ? Où se situe la vérité intime ? À l'extérieur de moi : non. À l'intérieur de moi : obligatoirement. Et la peau, les mains, la présence physique, les sens, l'échange, la relation juste, la parole ?
Où ? Dans le livre, aussi saint soit-il, il n'y a que des mots vides, creux. Dans le choeur même de ton église Dieu que je ne sais pas il n'y a rien. Inextricablement mélangés montent parfois chants, encens odorant, prières psalmodiées, erreurs, crimes, invisibles espoirs, piste, mirage. Où aller sans se tromper jamais ? Il n'y a rien si on ne remplit rien. Il n' y a rien si on ne peut rien vider. Il n'y a rien dans un corps si on ne l'habite pas. Il n'y a rien dans un livre si on trouve pas le sens des mots. Il n'y a rien dans un monde s'il n'y a pas d'échange. Alors Dieu, tu n'existerais donc que si je te donnais vie ? Que si je te donnais présence ? Tu n'es qu'un leurre, qu'un subterfuge ? Comment te donner vie ? Tu ne me donnes rien. Que la griffe d'un point d'interrogation outrancier. Rome, La Mecque, Jérusalem, je vous vois... Ô, divins ballons de baudruche, gonflés, gonflés, gonflés, colorés, si colorés, montant au ciel au travers des foudres et des orages.
Où es-tu Dieu ? Tu ne peux pas croire en l'homme car tu ne le connais pas. L'homme est perdu quand il dit qu'il croit en toi en s'extrayant, en se négativisant, en se gommant, en se rayant, en se biffant à l'encre rouge... Il ne pourra jamais répondre à l'interrogation : où ? Perdu comme Poucet voudrais-tu me suggérer avec malice ? Perdu tout court car, où ? Sauvé alors ? Sauvé par le chemin en soi qui va vers toi. Non, pas toi Dieu. Toi.