J'écoute Mermet sur Inter tout à l'heure. Il est question de roms, de Saint-Denis. Question rom ! Vaste débat qui n'a pas lieu. On expulse, de temps à autre une expérience de sédentarisation, de relogement en dur. Au micro compte-gouttes. Des associations s'échinent admirablement en vain.
Des voix de riverains maintenant. Pas des abrutis, non, de braves modestes gens qui sont désespérés par le voisinage avec ces camps ghettos-putrides : nuisances sonores, immondices répandues, cambriolages au quotidien, rats qui traversent la rue depuis le campement, passent "comme apprivoisés"(sic) sur les fenêtres, dans les jardins des riverains excédés qui parlent, les braves gens, de régler eux-mêmes le problème.
Comme à Marseille ? On bastonne, on vire, on crame le campement ? J'en frissonne encore, de peur. J'ai vu ça à Mayotte y'a pas longtemps. Un village de clandestins brûlé par la population locale, de même ethnie pourtant, mais les anjouanais-clandé furent battus, zigouillés pour certains qui finirent dans la mangrove (il paraît), village rasé/brûlé par une populace en folie. Le préfet de Mayotte honteux, la queue entre les pattes, jurant sa bonne foi qu'il n'avait pu rien faire, rien vu venir. Comme à Marseille ?
Le maire de Saint-Denis (PCF) est un brave type, il aurait été UMP j'aurais dit la même chose s'il avait tenu le même discours. Il est dépassé par les évènements, en résumé : il ne peut rien faire. Quand même, un minima de candeur limite langue de bois, de coton plutôt : il parle intégration, faudrait disperser, saupoudrer cette population dans "les quartiers". Réalité sur le terrain : rien n'est fait. RIEN.
Les roms vont et viennent sur notre territoire depuis des centaines d'années. Le problème est ciblé actuellement - particulièrement - pour une seule et unique raison : crise. En temps de crise on est toujours le bougnoule de quelqu'un. Que faire ?
Je pense aux mots de ceux qui approchèrent les campements des indiens des plaines à l'époque. Je connais très bien la question indienne pour avoir commencé à l'aborder il y a cinquante ans avec un témoin direct : Catlin. Avoir tout lu ensuite. Le visiteur était chaviré par l'odeur. Une odeur monstrueuse à l'abord de chaque villages tribaux. Et les immondices et les mouches et le reste. Le village était cependant propre. Le visiteur qui s'y installait ne remarquait plus rien au bout de quelques jours. Un village indien en paix était la plus belle chose qu'il soit donné à voir. Mes sources sont multiples, elles se corroborent toutes. Un campement rom qui serait installé normalement serait sans nul doute, de la même manière la plus belle chose qui soit au monde. Aussi beaux que certains villages indiens, ou tahitiens et mélanésiens que je connais.
Le rom arrive mal, il tombe très mal, au pire moment de notre histoire moderne. Va-t-on l'exterminer comme l'indien d'Amérique dont la population est passée de seize à un million d'âmes en moins de trois cents ans ? Pour les indiens ce furent les armes, l'ethnocide provoqué par l'homme blanc, la maladie, la contamination volontaire (variole), etc. qui faillirent avoir raison d'une nation entière. Des peuples disparurent : Mandans, Assiniboines, etc.
Comment va-t-on s'y prendre pour se débarrasser du rom ? Les riverains de ces camps de la honte, de très braves gens y pensent tous les jours du fait de l'irresponsabilité et de l'incurie des responsables publics et politiques. On ne peut décemment pas envoyer la cavalerie, même si on peut parier à dix contre un qu'on peut être sûr de retrouver des émules de Custer en 2012. Custer ou ses "chefs" qui disaient "Qu'un bon indien est un indien mort". La démocratie vacille, notre république est déstabilisée quand des cervelles malades sussurent sans oser encore la prononcer la même horreur à propos des roms.