Au 15ème siècle, le diable envoie sur terre deux émissaires pour jouer les troubles fêtes lors d'un mariage. L'un d'eux, Gilles, va réellement tomber amoureux de la mariée, provoquant le courroux de Satan.
Les Visiteurs du Soir est un film curieux. L'ambiance y est pesante, annonciatrice d'un malheur prochain.
Un soir d'orage, un inconnu de passage s'invite à la fête. Tout le monde en a peur, mais tout le monde se tait. Bien que Marcel Carné et Jacques Prévert, scénariste du film, l'aient toujours nié, il est un impossible de ne pas voir dans les Visiteurs du Soir une allégorie de l'occupation. Tournée en 1942, les Visiteurs du Soir est plus qu'un marivaudage saupoudré de fantastique. C'est un drame sur l'amour fou, le choix et la liberté comme rempart contre la tyrannie, avec ce final dont le sens n'échappa à aucun spectateur de l'époque.
Le rythme hypnotique du film fait encore merveille quand on le revoit aujourd'hui. Et lorsque l'ennui risque de pointer le bout de sa truffe, l'énorme Jules Berry arrive et délivre une prestation inoubliable en démon ricanant et pervers. Arletty n'est pas mal non plus dans un rôle inhabituel, on tombe sous le charme de la ravissante Marie Déa, et Alain Cuny et sa diction si particulière ajoutent à l'étrangeté de l'ensemble.
Maintenant un coup de gueule ! J'ai vu pour la première fois ce film à la TV il y a très longtemps. Depuis il n'a jamais plus été diffusé ni édité en DVD le rendant invisible depuis presque 25 ans en France. Hors il y a peu, ce film très abîmé par le temps a été entierement restauré en haute définition par une société française... pour une édition Blu Ray vendue malheureusement exclusivement aux USA !