La goutte d’eau a lentement glissé le long de la vitre sans rencontrer aucun obstacle, larme qu’aucune main n’est venu essuyer. Qui pleure ainsi, de nos jours ? Et pour qui sont versées ces regrets mouillés ?
Un ange a perdu un morceau de son âme. Chemin faisant, je l’ai ramassé, serré contre mon cœur et porté ailleurs. Je ne l’ai donné à personne, j’ai gardé pour moi le minuscule secret de ce déchet du ciel. J’ai marché loin et vite, sans un regard en arrière, sans une pensée pour la larme volée. L’ange est tombé.
Mais je n’endosse pas les larmes des autres. Je me contente de retenir les miennes.
J’ai aimé l’ange échoué au bord du chemin. Ce n’était qu’une vision de ce que nous serons, un jour, de ce que nous avons été, peut-être, de ce que nous ne savons pas devenir. Ce n’était qu’une larme égarée sur la vitre, et mon regard est passé plus loin. Aucun chagrin ne nous retient.