A la moitié du semestre, je crois qu’il est grand temps de vous en dire un peu plus sur mon séjour en Californie !
Je vis donc à l’i-house (International House), juste à côté du campus de San Jose State University. Nous sommes soixante-dix, dont une vingtaine d’Américains et des étudiants venant de vingt-et-un autres pays, certains étant là pour obtenir un diplôme et d’autres, comme moi, pour une durée plus réduite avant de retourner dans leur université d’origine.
Je vous le dis tout de suite, l’idée de vivre dans une résidence de ce genre m’inquiétait un peu. Si vous avez lu quelques un de mes articles, vous savez que j’ai de légères tendances asociales, ou disons que j’ai besoin de solitude, de silence et d’espace pour rester (un tant soit peu) équilibrée. Mais en fait, je me suis vite rendue compte que l’i-house était l’endroit rêvé pour un séjour aussi court – me permettant de rencontrer de nombreuses personnes très vite, dont la plupart vivent une expérience similaire à la mienne.
De plus, être ainsi entourée m’a permis de m’adapter plus facilement et de ne pas déprimer loin de ma famille (avec qui je me connecte par webcam tous les jours, quand même ;p). Le premier jour a été assez dur, avec le décalage horaire et une question qui tournait et retournait dans mon esprit : mais qu’est-ce qui m’est passé par la tête ? Qu’est-ce que je fais ici ?
Et puis au fur et à mesure j’ai récupéré mes heures de sommeil, me suis installée (j’ai eu un peu de temps pour ranger mes affaires puisque ma « roommate » Andrea n’est arrivée que quelques jours plus tard) et ai décoré mes murs avec des photos de famille et des dessins et phrases positives du genre « tout ira bien ». J’ai fait connaissance avec les autres résidents, me suis fait des amis, ai appris à connaître Andrea et à cohabiter avec elle.
Quand les cours ont commencé, j’ai un peu paniqué à la quantité de travail personnel à fournir. Je m’imaginais que quatre cours de 2h30, soit dix heures par semaine, me laisseraient pas mal de temps libre… mais chaque prof attend environ 5 à 6h de travail perso en plus : lectures obligatoires, résumés ou analyses à écrire, etc. D’autant que certains de mes profs attendent de moi que j’écrive « à l’américaine », avec des conventions bien différentes de ce à quoi je suis habituée, ce qui a été extrêmement chronophage pendant la phase d’adaptation. Mais je commence à m’y faire, à mieux savoir m’y prendre pour ne pas y consacrer trop de temps ; d’autant que j’ai eu quelques bonnes notes qui me rassurent et me permettent de me lâcher un peu de lest.
Les activités de l’i-house occupent aussi une part importante de mon temps : les « coffee nights » à thème, ouvertes au public, tous les mardis soirs ; le « student council » les mercredis soirs ; sans compter les sorties touristiques le week-end (San Francisco, Santa Cruz, Stanford, Great America…), et les divertissements comme les jeux de carte, le babyfoot ou le ping-pong, ainsi que les fêtes d’anniversaire « surprise » à minuit tapantes. De plus Andrea m’a traînée au cinéma quelques fois (elle est étudiante en « RTVF », radio-télé-film) et me voilà accro, j’y vais avec ou sans d’autres résidents une à deux fois par semaine. Je cours aussi assez souvent.
Dans mes cours, je me suis liée avec relativement peu de personnes. Dans certains cours, les gens ne se parlent quasiment pas, ce qui est assez flippant… mais dans d’autres les profs organisent des débats et activités de groupes (auxquels je participe avec enthousiasme, qui l’eût cru ?). La classe la plus conviviale est celle de traduction anglais-espagnol, où plus de la moitié des élèves sont d’origine latino… ce qui influence fortement l’ambiance. Le cours se fait en espagnol, ce qui me permet de bien pratiquer.
Bref, je ne regrette pas du tout mon choix. Je me sens bien ici. Vraiment bien, mon humeur est étonnamment stable. On m’a fait remarquer que j’avais un beau sourire. Et je me suis dit, tiens, c’est vrai, je souris. Beaucoup. Presque tout le temps, en fait. Tellement plus qu’à Paris. Il faut dire que l’ambiance ici y incite plus. La météo, bien sûr, mais aussi le comportement des gens, l’ambiance générale.
Je profite au maximum de ce semestre qui passe incroyablement vite. J’ai du mal à croire que dans seulement deux mois, je quitterai tous ces gens dont cette expérience de dingue m’a rapprochée si vite. Un certain nombre m’a déjà promis de venir squatter mon canapé à Paris, et ils ont plutôt intérêt !