Albin Michel,lien août 2012, 716 pages, 23 euros 90
billet écrit pour l'opération Masse Critique de Babeliolien (on choisit un livre dans une liste de nouveautés, on reçoit un livre, on critique un livre)
J'aurais aimé aimer mais... aimé aimer mais...
D'une certaine façon, j'ai lu sans déplaisir ni ennui ce très gros roman. Mais au fil de ma lecture je m'en suis voulu peu à peu, d'avoir placé dans cette histoire trop d'espoirs et d'envies de lectrice qui n'étaient sans doute pas en correspondance avec les desseins de l'auteur.
Peut-on reprocher à un écrivain de ne pas avoir écrit le bouquin qu'on aurait voulu lire... ?
Si à votre avis la réponse est non on peut pas, ne lisez pas la suite de cet article et plongez-vous sans a priori dans ce roman-fleuve, feuilletonesque, efficace et bien écrit.
Vous aimerez la vision détaillée et réaliste que Nicolas d'Estienne d'Orves nous restitue de la capitale à l’heure allemande : ses ombres et ses lumières, ses fastes et ses misères.
Vous serez bluffés par le talent de l’auteur pour la reconstitution parfaitement documentée d’un climat historique complexe qui évolue sans cesse au fil des mois vers le pire.
Vous trouverez intrigante et passionnante d'un bout à l'autre, la confession de Guillaume Berkeley, jeune homme doué, sensible et complexe qui n’oppose aucune résistance (sans jeu de mot) à son immersion brutale dans le Paris de l’occupation allemande.
Trop sensible, trop artiste, trop jeune, Berkeley est-il seul coupable de ce pourquoi ses juges l'ont lourdement condamné ? Son triste destin n'est-il vraiment qu'une succession de lâchetés, d'infidélités, de trahisons ?
Comme son avocat, vous chercherez à comprendre : “ pourquoi et comment un jeune homme né chez les heureux du monde, qui aurait pu vivre en marge [du] conflit, qui aurait pu avoir une tout autre trajectoire, s'est jeté dans les maux du siècle. ”