Magazine Journal intime

[masse critique] les fidélités successives, roman de nicolas d'estienne d'orves

Publié le 22 octobre 2012 par Tilly

Albin Michel,lien août 2012, 716 pages, 23 euros 90

billet écrit pour l'opération Masse Critique de Babeliolien (on choisit un livre dans une liste de nouveautés, on reçoit un livre, on critique un livre)

en quatrième de couverture : « Champion du double jeu, je ne sais plus ni qui je suis, ni quelle vie est véritablement la mienne. » — Anglais et Français, résistant et collaborateur, lâche et héros, Guillaume Berkeley oscille, dans le Paris de l'Occupation, entre mensonge et vérité. Amoureux, tout comme Victor, son frère aîné, de Pauline, leur demi-sœur, il vit au rythme de ses « fidélités successives ». — Servie par une écriture limpide, cette fresque romanesque explore, avec sensibilité et lucidité, les ambiguïtés amoureuses et les engagements politiques d'un personnage complexe, tantôt ombre tantôt lumière, victime de ses démons intérieurs et confronté à des circonstances qui le dépassent. — Nicolas d'Estienne d'Orves, prix Roger Nimier pour Othon ou l'aurore immobile, nous donne ici un roman ambitieux où réalité et illusion apparaissent comme les deux figures d'une même monnaie.
J'aurais aimé aimer mais... aimé aimer mais...
D'une certaine façon, j'ai lu sans déplaisir ni ennui ce très gros roman. Mais au fil de ma lecture je m'en suis voulu peu à peu, d'avoir placé dans cette histoire trop d'espoirs et d'envies de lectrice qui n'étaient sans doute pas en correspondance avec les desseins de l'auteur.
Peut-on reprocher à un écrivain de ne pas avoir écrit le bouquin qu'on aurait voulu lire... ?

Si à votre avis la réponse est non on peut pas, ne lisez pas la suite de cet article et plongez-vous sans a priori dans ce roman-fleuve, feuilletonesque, efficace et bien écrit.
Vous aimerez la vision détaillée et réaliste que Nicolas d'Estienne d'Orves nous restitue de la capitale à l’heure allemande : ses ombres et ses lumières, ses fastes et ses misères.
Vous serez bluffés par le talent de l’auteur pour la reconstitution parfaitement documentée d’un climat historique complexe qui évolue sans cesse au fil des mois vers le pire.
Vous trouverez intrigante et passionnante d'un bout à l'autre, la confession de Guillaume Berkeley, jeune homme doué, sensible et complexe qui n’oppose aucune résistance (sans jeu de mot) à son immersion brutale dans le Paris de l’occupation allemande.
Trop sensible, trop artiste, trop jeune, Berkeley est-il seul coupable de ce pourquoi ses juges l'ont lourdement condamné ? Son triste destin n'est-il vraiment qu'une succession de lâchetés, d'infidélités, de trahisons ?
Comme son avocat, vous chercherez à comprendre : “ pourquoi et comment un jeune homme né chez les heureux du monde, qui aurait pu vivre en marge [du] conflit, qui aurait pu avoir une tout autre trajectoire, s'est jeté dans les maux du siècle. ”


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