[LA PLUIE DESSINE DES OMBRAGES]
La pluie dessine des ombrages, tu vois le lac se dénouer,
la saison a comblé le vide, parmi les ondes,
les années s’émiettent, devant toi, chaque trace
que tu croyais transparente s’embrouille
et se dissipe dans le présent.
Les feuilles s’arrachent à l’infini, aveugles de l’intérieur,
et alors qu’il ne reste plus un bruissement dans le décor,
une histoire glisse au fond des eaux,
pareille à une gare où il n’y aurait que des départs.
Où vas-tu, effrayée d’être avec ta vie qui se retourne, seule
avec des bagages éreintés, une vie
qui s’effrite, un dernier voyage au bout de l’absence ?
Du haut des falaises, tu imagines un chemin qui pointe
vers l’aube certaine, la figure enfin épuisée de la douleur.
Hélène Dorion, Cœurs, comme livres d’amour, IV, Éditions de L’Hexagone, 2012, page 79.
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NOTE d’AP : première Québécoise à avoir reçu, en 2005, le Prix de l’Académie Mallarmé, Hélène Dorion a aussi reçu, en 2006, le Prix littéraire du Gouverneur général du Canada pour son recueil Ravir : les lieux. Hélène Dorion est aussi finaliste du Prix du Gouverneur général 2012 pour le recueil Cœurs, comme livres d’amour.
HÉLÈNE DORION
Image, G.AdC
■ Hélène Dorion
sur Terres de femmes ▼
→ Ravir : les lieux (note de lecture de Sylvie Besson sur le recueil Ravir : les lieux)
→ Par tant de visages, j’entre (poème issu du recueil Ravir : les lieux)
→ (dans la galerie Visages de femmes) un autre poème issu de Ravir : les lieux
■ Voir | écouter aussi ▼
→ (sur le site berlinois Lyrikline) huit poèmes issus de Ravir : les lieux, lus par Hélène Dorion
→ (sur Radio-Canada.ca) un entretien avec Hélène Dorion au lendemain de la remise du Prix Charles-Vildrac (vendredi 3 juillet 2009)
→ (sur le site de L'ÎLE, Centre de documentation virtuel sur la littérature québécoise) une notice bio-bibliographique sur Hélène Dorion
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