Et voilà, la suite de ces Messieurs-Dames, "Réfutation de mauvaise foi sur son lit de dénigrements", bon appetit... Evidemment, Monsanto & Co reprend la main. Qui a pu imaginer que la marche des géants militaro-semenciers soit ralentie par une écharde dans la corne du talon?
L'image écœurante, des rats victimes de tumeurs spectaculaires après avoir été nourris à partir d'aliments modifiés a fait le tour du monde occidental. Une image assez spectaculaire pour que la presse US, qui n'aborde pas le sujet des OGM d'habitude, plus préoccupée par les questions de sucre ajouté et d'obésité, en fasse ses choux gras.
Cette fois, les résultats de l'étude toxicologique avaient plongé l'opinion publique dans le doute, et favorisé le retournement de nombreuses vestes. Les OGMs étaient donc dangeureux pour la santé, il n'était plus possible d'en douter. Après de tels résultats nul doute que les saloperies mutantes sorties des laboratoires ne contamineraient pas nos-vos enfants.
La France qui avait dit "Non aux OGMs" par la bouche de ministres successifs, voyait sa position enfin confortée. José Bové et les faucheurs-volontaires pouvaient remiser leurs faucilles (et leurs marteaux) par devers eux et tous s'apprêtaient à faire une grande farandole autour du globe... C'était trop beau pour être vrai.
A peine sortie du ventre de la bête, une contre-étude était déjà sur la table. Comme préparée à l'avance, il n'y avait qu'à retirer le
film protecteur avant de servir.
Les résultats précédants étaient sinon bidons, au moins faussés, et donc pas mangeables.
La Grande pressetituée en fait aussitôt ses gorges chaudes et la contre-info fait le tour des Unes en un clin d'oeil.
Selon le bon vieux principe du "C'est le dernier qui a parlé, qui a raison, qui a raison..." [vidéo], la réfutation aura plus d'impact que l'annonce précédente. Et voilà, l'un des derniers rempart contre l'arrivée des semences modifiées vient d'être sapé, la brèche est inévitable.
Les ombres qui soufflent à l'oreille des fonctionnaires de Bruxelles reprennent la main et le machin nobellisé n'a plus de raisons valables d'interdire la semence maudite des blouses-blanches.
Un magnifique exemple de stratégie de fabrication du consentement dont les démon'craties dépendent, il est important pour la cohésion du système que les idées et les choix paraissent émaner de la populace elle-même, d'où la nécessité de "fabriquer" le consentement si certains projets vont à l'encontre de traditions, de coutumes ou du bon sens commun.
Lisez Bernays et Huxley.
Les temps que nous vivons permettent d'assister en direct à ces manoeuvres de renversements d'opinion. Par exemple, à propos du gaz de schiste. Pour l'instant les braves gens sont en majorité contre la dévastation des paysages et la pollution du sous-sol.
Les ministres chargés du dossier ont jusqu'à présent réaffirmé leur opposition en accord avec l'opinion.
Une première campagne de presse a été lancée en septembre, dans les
magazines de salle-d'attente, féminins ou télés, suppléments de la presse régionale, plutôt en direction d'un public neutre, de la grande
masse sans-opinion qui suit le mouvement. Quelques sondages bien choisis accompagnant le tout.
La Croix se fendant, justifiant ainsi sa deuxième place dans la volière, d'un long (publi-)reportage sur l'exploitation de ce type de gaz aux Z-Unis d'Amérique : L'histoire édifiante d'un Trader ruiné et repenti qui se refait un pactole à force de travail, dans l'exploitation du gaz de schiste en Pennsylvanie. Un vrai conte de fée, une manne qui aurait même permis de relancer l'économie de régions entières, sinistrées par la crise financière. [lire]
Les emplois reviennent, l'argent coule de nouveau... Allehlu-mammon!
Je vous (dé)conseille la lecture de ce parfait exemple de modelage de l'opinion. Quelques semaines plus tard, un Grand Guru chargé des comptes par le gouvernement, relance le sujet, chiffres à l'appui. L'économie contre l'écologie; les paysages ou les retraites?
A ce propos n'ai-je pas entendu Fillon assurer qu'"on" ne toucherait pas aux retraites des fonctionnaires...
Attention, ça marche à tout les coups...