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Guanacache, Les eaux de la soif, par Gregorio Manzur... + Bonus...

Publié le 25 octobre 2012 par Slal
Novembre 2007
Gregorio Manzur, écrivain et journaliste argentin installé depuis 1965 à Paris, s'est engagé depuis quelques années dans la lutte pour la survie des indiens Huarpes des lagunes de Guanacache, région située entre les provinces de Mendoza et de San Juan (au nord-ouest de l'Argentine) et que l'on nomme aujourd'hui « Cathédrale du désert ». La pression de grands propriétaires (pas plus de 700) venus de toutes parts pour convoiter leurs terres ancestrales constitue une menace réelle pour leur mode de vie et leur maintien dans une zone qui fut jadis verte mais s'est transformée en désert à la suite du détournement des eaux par les agriculteurs de la région. Les communautés indigènes ne demandent rien de plus que le respect véritable de la Loi 6920 qui reconnaît leurs droits sur quelque 760,000 hectares du département de Lavalle.
Récit ethnologique de Gregorio Manzur

Une population indienne, les Huarpes, vivaient dans la plaine pampéenne de Mendoza, Argentine. Leur habitat était les grands lacs de Guanacache qui couvraient une superficie de 60 000 hectares, alimentés par les eaux de dégel de la cordillère des Andes. Ils se nourrissaient de poissons, d'autruches, de guanacos, etc. Ils étaient céramistes et tisserands, fabriquaient leurs canoës en totora et pratiquaient le troc ou le commerce avec les Mapuches venus du Sud, et les Incas venus du Nord.
A l'arrivée des Espagnols au XVIe siècle, passés par le Chili, ils sont soumis à l'Encomienda, régime qui autorise la répartition des Indiens parmi les Conquistadores. Les hommes sont emmenés de gré ou de force dans les mines d'argent et d'or de la cordillère. La presque totalité d'entre eux y trouvera la mort. En leur absence, le métissage espagnol et indien peut se développer. De nos jours, la population est constituée d'un bon nombre d'Indiens et majoritairement de métis.
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“Crisóstomo Reynoso, payador” (Carbón de Fidel Roig Matóns) “Un viejo con sombrero sostiene su guitarra, mientras payadas salen de sus labios. Dibujo rápido y suelto para la vestimenta y detenido y detallado para el rostro y las manos”

Vers la fin du XIXe siècle, l'Argentine accueille un grand contingent d'immigrés originaires principalement d'Europe. Parmi eux arrivent des agriculteurs et des vignerons qui développent l'agriculture et la viticulture, l'élevage de chevaux, de vaches et de moutons. Comme dans la région les pluies sont rares, on dévie les eaux du fleuve Mendoza qui alimentaient les lacs, provoquant peu à peu l'assèchement de ces derniers. A présent, la région est appelée desierto, malgré le fait que plusieurs espèces d'arbres et d'arbustes résistent après une longue adaptation à la sécheresse.
Les habitants, dont le nombre s'élève à quelque cinq mille personnes, sont presque tous des puesteros, éleveurs de chèvres. Les voies d'accès sont très difficiles étant donné les sporadiques pluies diluviennes qui détruisent les chemins en terre et à cause des crues intempestives du fleuve Mendoza qui tracent d'énormes canaux, coupant les chemins, détruisant les habitations et isolant les habitants. Il faut aussi compter avec le vent Zonda, qui descend, brûlant, du nord-ouest et qui remonte, glacial, quelques jours plus tard, après être descendu jusqu'en Patagonie. Cela produit une chute brutale de la température, provoquant des maladies respiratoires et causant de nombreux décès.
Un autre danger est la présence d'animaux venimeux, tels le serpent Yarará, le serpent à sonnettes, la vipère Coral, et le terrible lézard Matuasto, dont la morsure est fatale autant pour les hommes que pour les bêtes. De plus, à cause de la chasse intensive des guanacos et des autruches, les pumas descendent des sommets vers les Lagunas et font des ravages parmi les troupeaux de chèvres.
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Retrouvez l'entretien réalisé par Elizabeth de Pablo avec Gregorio Manzur sur le site l' ESCoM-FMSH

A cela s'ajoute un manque d'eau potable chronique, malgré de nombreuses tentatives pour effectuer des forages. Alors, les fermiers se résignent à creuser des puits à la pelle afin d'accéder aux nappes phréatiques, parfois à dix ou quinze mètres de profondeur. C'est là que se réunissent les troupeaux pour se désaltérer et que les habitants puisent l'eau qu'ils consomment. Il leur arrive même de filtrer de l'eau stagnante contaminée par le choléra.
Quant aux services sanitaires, ils sont pratiquement inexistants, ce qui fait que les personnes gravement malades n'ont ni le temps ni les moyens de se faire soigner. Le train qui reliait la région à la ville capitale de la province de Mendoza ayant cessé de circuler, le transport des malades est devenu très difficile et l'isolement des habitants s'est encore aggravé.
Du fait que les fermes se trouvent éloignées de 20 à 50 kilomètres les unes des autres, le seul moyen de rencontre sont les fêtes religieuses qui ont lieu plusieurs fois dans l'année. Au lieu d'être bénéfique, l'arrivée périodique des eaux remplissant en partie les vieux lacs produit souvent des catastrophes. Le bétail pénètre dans les aguadas pour boire, mais lorsque l'eau cesse d'affluer, la terre devient boueuse, ils s'y enfoncent et “perdent leur énergie”, comme disent les Laguneros. Les poissons et les animaux meurent alors par centaines, en criant, nuit et jour, prisonniers d'un sépulcre de boue.
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De la casa salió doña Gertrudes Jofré. - ¿Cuántos años tiene usted, abuela ? “Del novecientos diez. Saque la cuenta”
Gregorio Manzur, Fausto, la Abuela, Rubén Díaz et don Román

Moi, je suis né à Algarrobal, village de la région. Durant mes fréquents voyages à Guanacache, j'ai toujours été saisi par la beauté de ces paysages si rudes, si puissants, si purs, qui de nuit comme de jour, semblent tourner leur âme vers l'Aconcagua, sommet de l'Amérique, avec ses 7 000 mètres de roche vive.
J'ai aussi toujours aimé ses habitants, courageux, stoïques, au caractère noble.
J'ai voulu dans ce livre laisser un témoignage de ce peuple si meurtri, qui vivait paisiblement en bonne entente avec ses voisins, et qui a été pris dans la tourmente de la « Conquête ». Ce peuple a tout perdu : sa langue, ses traditions, sa musique, ses danses, sa religion, ses terres. Cependant, lorsque ces habitants acceptent de vous confier leurs sentiments les plus intimes, on constate que tous ces éléments constitutifs de leur personnalité restent vivaces et ancrés en eux. Ils sont profondément religieux, et la Vierge Marie est leur sainte Patronne. Mais lorsqu'ils disent que la terre est la Vierge et que la Vierge est à eux, ils sont en train de revendiquer la possession de leur terre natale et de rendre hommage à la vieille Mère-Terre de leurs ancêtres.
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La capilla histórica. “El cacique Sayanca fue Indio bueno, él inició la construcción de la capilla. Las campanas del Rosario, ¿por qué no repicarán ?...”

J'ai commencé par raconter ce que je voyais, sentais et pensais pendant mes nombreux séjours dans la région. Je décris, bien sûr, une zone asséchée, sauvage, au fur et à mesure que j'introduis les récits des premiers évangélisateurs du XVIe siècle qui la peignent comme une région pleine de vie et de promesses, et plus tard des passages du Diario de viaje por las lagunas de Guanacache en el año 1780 où le rapporteur, mandaté par le Vice-Roy du Río de la Plata, fait une description minutieuse de Guanacache, faisant jaillir devant nos yeux : « (...) más multitud de Pájaros... como son Cisnes, Ganzos, Flamenas, y otros varios, que hacen una agradable vista, habiendo averiguado también, que produce abundancia de Truchas, y algunos Pegerreyes de muy buen gusto...”(...une multitude d'oiseaux... tels des cygnes, des oies, des flamands, et bien d'autres, très beaux à voir, ayant appris aussi que ces lacs produisent en abondance des truites et autres morues succulentes...)
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En la sacristía estaba el palio para las procesiones, algunas flores de papel, un Cristo al que le faltaba el brazo izquierdo

J'ai interrogé le médecin de la région, un vieil infirmier qui a pratiqué également le métier d'accoucheur pendant trente ans, le biologiste de la zone, un sociologue, un enseignant de l'une des rares écoles du coin. Je cite régulièrement les travaux des ingénieurs en géologie et en climatologie. Je dialogue avec « le dernier Huarpe », un cacique de la tribu Azaguate, qui vient de décéder, etc.
Ce sont les fermiers qui m'ont raconté des histoires merveilleuses, telle celle du « Gritón », un revenant qui hurle dans la nuit en attendant que quelqu'un vienne lui répondre. Alors il lui arrache la langue afin que le malheureux devienne à son tour Gritón, et qu'il puisse lui-même se libérer des ténèbres. Ou celle des Salamancas, fêtes qu'organise le Diable au beau milieu des champs.
Dans ces bacchanales pampéennes, les gauchos vont trouver des femmes magnifiques, de la nourriture exquise et tant d'autres merveilles, à condition de sauter sur le crucifix ou de lui cracher dessus et de rendre des hommages au Seigneur des Enfers. Celui-ci revêt un double aspect : à la fois génie du mal et professeur émérite. Il peut en effet être méchant et agir à travers ses sorcières, ou bien enseigner la guitare en rendant invincibles ses élèves, apprendre aux femmes à faire des ponchos, des couvertures qui n'auront pas d'égales dans le monde entier, aux hommes à monter à cheval sans jamais être mis à terre par leur monture, etc.
Une autre tradition : celle de la Cérémonie de la pluie : les gauchos dansent pendant des nuits et des jours, en l'honneur de San Vicente, patron des nuages, afin qu'il fasse venir la pluie. Parfois celle-ci tombe alors que tout le monde est en train de danser, d'autres fois pas une goutte ne vient. Alors les hommes, furieux, enfoncent la statue de San Vicente, tête en bas, dans la bouse de l'enclos des chèvres, lui promettant la liberté à condition qu'il fasse son devoir, comme Dieu l'ordonne !
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El jinete se detuvo... pensé en el pánico que habrán sentido los Indios cuando la caballería española se les venía encima

Tandis que le récit avance, je place les noms des fermes, avec la liste des habitants de chacune d'entre elles qui m'a été confiée, comme un trésor, par deux Communautés indigènes des Lagunas.
Le texte est parsemé de paroles des chansons folkloriques enregistrées par mes soins, ou d'autres extraites d'un Cancionero Cuyano que l'auteur, un vieil ami, m'a autorisé à reproduire.
Une quarantaine de photographies, prises par mes soins, illustrent les lieux, les personnages, les fêtes, les maisons et les églises. A celles-ci s'ajoute une série de dessins réalisés par un peintre de la région au début du XXe siècle, et qui permettent de découvrir ce qu'était Guanacache avant l'assèchement de la région.

L'ouvrage est organisé en soixante-treize journées, suivant le principe des récits du Siècle d'or espagnol. A la fin suivront un glossaire et un appareil de notes, qui aideront à mieux comprendre la signification de certaines expressions locales, à mieux situer des personnages historiques ou réels, à compléter la description des lieux, à situer certains événements du passé, etc., suivis d'une bibliographie exhaustive.
Une sélection des termes indigènes, pris du Arte y vocabulario huarpe-español, un véritable trésor linguistique de Luis de Valdivia, publié au XVIe siècle, vient clore le livre.
Retrouvez l'entretien réalisé par Elizabeth de Pablo avec Gregorio Manzur sur le site l' ESCoM-FMSH
El Bonus... la introducción en español :
*GUANACACHE*
*LAS AGUAS DE LA SED*

Una población indígena, los Huarpes, vivía en el Piedemonte mendocino. Su hábitat eran las lagunas de Guanacache que cubrían miles de hectáreas, alimentadas por las aguas de deshielo de la cordillera de Los Andes. Se nutrían de pescado, de aves acuáticas, de avestruces, guanacos, frutos del algarrobo, etc. Eran ceramistas, fabricaban sus canoas de totora y comerciaban con los Mapuches, venidos del Sur y con los Incas, que bajaban del Norte.
A la llegada de los españoles en el siglo XVI, venidos de Chile, fueron sometidos a la Encomienda, sistema que autorizaba el reparto de Indios entre los Conquistadores. Los hombres son enviados a las minas de oro y plata de la cordillera. Casi la totalidad morirá de fatiga, de malos tratos, de hambre. En su ausencia se desarrollará el clásico mestizaje hispano-indígena. En la actualidad la población cuenta con una cierta cantidad de Huarpes y, mayormente, de mestizos.
A mediados del siglo XIX, la Argentina comienza a recibir un gran contingente de inmigrantes venidos principalmente de Europa. Entre ellos llegan agricultores que desarrollan el agro y la vitivinicultura, así como la cría de ganado. Dado que las lluvias son escasas en la región, las aguas del río Mendoza que alimentan los lagos son desviadas para satisfacer las necesidades de las nuevas industrias, produciendo el lento secado de las Lagunas.
Actualmente, la región es llamada Desierto, a pesar de la existencia de muchos árboles y arbustos que han sabido adaptarse a la sequía.
Los habitantes en su gran mayoría son Puesteros, es decir, criadores de cabras. Las vías de acceso son muy difíciles dado que lluvias esporádicas, muy violentas, destruyen los caminos, sumadas a crecientes intempestivas del río Mendoza que traza canales enormes cortando los caminos, destruyendo las casas y aislando a los habitantes. También azota el Zonda, viento frío que nace en el océano Pacífico, descarga su humedad al cruzar la cordillera y se vuelve cálido y polvoriento en Mendoza ; crea luego una zona de baja presión atrayendo un viento helado que viene del sur. Otro peligro es la presencia de animales venenosos, tales como la serpiente Yarará, la víbora Cascabel, la Coral y el temido Matuasto, lagarto cuya mordedura “es mortal pa hombres y animales”. Debido a la caza intensiva de guanacos, avestruces y otros animales de la montaña, los pumas bajan hasta las Lagunas, causando estragos en los rebaños.
A esto se suma la falta de agua potable -a pesar de los reiterados intentos por hacer perforaciones. Los Puesteros se resignan entonces a cavar pozos a pico y pala (pozo balde) para acceder a las napas freáticas, halladas a veces a diez o quince metros de profundidad. Los servicios sanitarios son prácticamente inexistentes, lo que hace que las personas gravemente enfermas no tengan ni tiempo ni medios de ser sanadas. Los puestos se hallan a veces a 10 o 20 kilómetros de distancia los unos de los otros y las fiestas patronales, que tienen lugar varias veces al año, facilitan los encuentros.
La periódica llegada de las aguas, que llena en parte los viejos lagos, en vez de ser benéfica, produce a menudo catástrofes. Los animales entran en las aguadas para beber, pero al cesar el flujo la tierra se hace barrosa y mueren en el fango, mientras que miles de peces sucumben boqueando.
Yo dialogué con el médico de la región, con el biólogo de la zona, con un viejo enfermero que ha sido partero durante treinta años, con un sociólogo y con un maestro de una de las escasas escuelas del sitio. Dialogo asimismo con el “Último Huarpe” , el cacique de la tribu Azaguate, etc.
Son los Puesteros quienes me han contado historias maravillosas, tales como el “Gritón”, un alma en pena que grita por las noches, o aquella de las Salamancas, bacanales que organiza el Diablo en medio de los campos. O la ceremonia de la lluvia : los gauchos bailan durante noches y días en honor a San Vicente, patrón de la nubes, a fin de que haga llover.
Esta inmersión en el Desierto lavallino es un regreso a mi raigambre, a los olores de las chilcas, las huellas de los guanacos, al vuelo del picaflor. La tierra salitrosa con su simulacro de helada blanca, con sus golosos remolinos “boca'el Diablo”, me traen aquellas reacciones alérgicas que debía mitigar con ramas de eucalipto hervidas junto a la cama, cuando mi madre me contaba historias de niñitos que andaban en zancos por los techos de caña y barro, y que a veces, engañados por las estrellas, pasaban la noche en la luna. Las pisadas entre médanos movedizos, que ahora desando, cómplices del Zonda, yo ya las hice en mi infancia, puesto que el desierto aún resistía en las afueras de Algarrobal, pueblo en que nací.
Todas mis incursiones a los llanos de Guanacache han cobrado un carácter de aventura. La zona tiene la fuerza del puma, la picadura de la víbora candado. El silencio de la duna agarra como mirada de halcón, o nos hunde el alma, frente al recato del lechuzo. No se va en vano al Desierto. “Allí no hay nada”, he oído decir. Lo que hay es el alma de los Puesteros, que luego de tantos años de penurias, saben tenerse de pie, erguidos en su obstinado subsistir, decididos a durar “un añito más”. Y en esa lucha se hallan presencias que esquivan el bulto a aquellos que se allegan a curiosear. Los misterios del Lagunero son cautelosos como el viento en los chañares ; se ha de estar alerta para oírlo. Oír sin oídos, quiero decir. El corazón del Lagunero se hace un puño cuando el pajuerano golpea a sus puertas sin pedir permiso.
El Ave María, Santos Guallama, la Chapanay, el Dientes de Oro, son pilares de una identidad tejida con sudor y sufrimiento ; son cauterios para una herida trazada hace muchos siglos, cuando vinieron los Encomendados para anunciarles la Buena Nueva. Redención que los convirtió en súbditos de un lejano monarca y amanuenses de un cercano patrón. Junto con el abandono de la antigua espiritualidad, la nueva religión les dio a la Virgen María, que aún hoy los cubre con su manto. Muchos cayeron en la transición. Cientos de familias quedaron quebradas al partir el padre o el hijo hacia las minas ; viéndoles desgajarse el lomo bajo las cargas de los recién llegados. Varios Laguneros más, por no decir la mayoría, dejaron sus antiguos lares, donde campeaban sus dioses, sus demonios, para irse, atadas las manos con cadenas, a servir en feudos chilenos, a sufrir en silencio el fogón perdido, el amor “botao” y hallar a su alrededor rostros ávidos que sólo querían la rentabilidad de sus brazos.
Yo comienzo por narrar lo que veo, siento y pienso durante mis viajes a la región. Describiendo, desde luego, una zona reseca, agreste, a medida que introduzco pasajes del Diario de viaje por las lagunas de Guanacache en el año 1780, donde el informante, enviado por el Virrey del Río de la Plata, hace una descripción minuciosa de Guanacache, haciendo surgir ante nuestros ojos : “...más multitud de pájaros... como son Cisnes, Ganzos, Flamencos, y otros varios, que hacen una agradable vista, habiendo averiguado también, que produce abundancia de Truchas, y algunos Pejerreyes de muy buen gusto...”
El texto está poblado de leyendas, de letras de canciones folklóricas grabadas por mí o extraídas de la tradición, o prevenientes del Cancionero Cuyano, de Juan Draghi Lucero.
Algunas fotografías, tomadas durante mis viajes, ilustran los lugares, las personas, las fiestas, las casas y las iglesias. A las que se suman una serie de dibujos de Fidel Roig Matóns, que nos permiten apreciar lo que era Guanacache y sus gentes, antes del secado de las lagunas.
Con este libro quisiera dejar un testimonio de este pueblo pacífico, que vivía en buenas relaciones con sus vecinos y que fue arrasado por la tormenta de la “Conquista”. Lo que ellos me relatan constituye un documento de un mundo hundido en el tiempo y que puede desaparecer de un momento a otro. Las confidencias que contienen estas páginas son excepcionales, dado el recato, el pudor y el carácter reservado de los habitantes. Si ellos aceptaron hablarme de sus vidas, de sus creencias más íntimas, es porque yo nací donde ellos nacieron, hablo su lengua y amo la tierra que ellos veneran.
A medida que el relato avanza aparecen los nombres de los puestos con las listas de sus habitantes en 1999, que me fueron confiadas por las Comunidades Indígenas. Hago esto para robarle al tiempo su despiadado olvido. Los años pasarán, pero en estas páginas quedarán consignados los nombres de aquellos que inspiraron este trabajo. Un fogonazo, una pincelada de vidas, fugaces como el tiempo que las envuelve.
*-.-.-.-.-.-.*
*Jornada uno, en que se narra la excursión a las Lagunas del Rosario. Viernes 12 de marzo.*
De acuerdo con las recomendaciones de Fausto, podíamos ir a las Lagunas el lunes de madrugada y regresar el domingo por la tardecita, cosa de agarrar la fresca y ganar Mendoza a medianoche. Envió entonces un mensaje a su compadre Rubén Díaz por radio “El Palacio de Cristal”, anunciándole nuestra llegada y pidiéndole que nos dijera si la ruta estaba abierta o, en caso contrario, de esperarnos en algún sitio para guiarnos hasta el Rosario. A pesar de no obtener respuesta, partimos de todas maneras el lunes por la mañana. Luego de cargar los equipos de grabación y de fotografía, le pusimos cuerdas nuevas a la guitarra y fuimos a comprar un bidón vacío para llevar agua. Tuvimos la suerte de encontrar uno en calle Vicente Zapata y tras regatear lo conseguimos por doce pesos, obteniendo una substancial rebaja de noventa centavos. La carne de ternera, las costillitas de cerdo, chorizos y morcillas, los habíamos congelado en el freezer, cosa que aguantara mejor los calorones del viaje. En la gasolinera “Algarrobal”, llenamos el tanque, verificamos el aceite, inflamos neumáticos, lavamos los vidrios y con la Intrépida cargada de frutas, verduras, regalos para Rubencito y familia, arrancamos -lo que no sabíamos en ese momento, es que ¡nos olvidábamos del asado !
El día estaba claro y con airecito prometedor. La noche del domingo el cielo se había encapotado, amenazando lluvia, lo que hubiese impedido la excursión : los caminos laguneros se vuelven jabón con el agua, puesto que la región es un antiguo fondo lacustre, con su consiguiente capa de arcilla.
Habiéndonos prevenido Orlando Tores, conocedor avezado del Desierto, que la Picada podía estar cortada, Fausto decidió que ingresaríamos al terreno por la Ruta 40, para tomar luego el Camino de los Huarpes, que está enripiado y conduce hasta San José sin mayores peligros.
Ni bien dejamos Las Heras y nos internamos en la concurrida ruta número 40 que lleva a San Juan y provincias del Noroeste, dimos rienda suelta al mate, a sus tonificantes amarguras y soltamos también la de hablar. La euforia que produce encaminarse hacia esas “desolaciones”, sólo la conocen aquellos que aprecian el Desierto lavallino. Para el amante de páramos y sequerales, esa vegetación obstinada, hecha a rigurosos inviernos y a soles aterradores del verano, se vuelve una hermana ; cada inclinación del ramaje de unas chilcas, o el silbido caviloso del algarrobo, se hace confidencia venida de siglos atrás ; confesiones hechas por raíces que fueron a buscar el agua a muchos metros tierra adentro, para atesorarla en sus troncos y ramajes, cosa de “tirar” otra resolana, cosa de amparar a un viajero más.
En el control de Jocolí el agente de tránsito pidió los documentos del vehículo. Es bueno saber que la Intrépida tiene ya sus abriles, que su motor no es el original, sino un injerto hecho con Toyota que los japoneses enviaron al país como chatarra ; que la camioneta está apenas asegurada porque “no hay con qué pagarla, paisanito”. Entonces, alargando la mano hacia la guantera, mi ahijado dijo : “Sí, jefe, ya se la doy...” Pero en medio del trágico trayecto -ya que sin seguro el viaje acababa allí- agregó : “Vamos hasta las Lagunas del Rosario, nomás....” El agente nos miró a ambos, observó el mate que yo llevaba en la mano y el termo entre las piernas, vio las calcomanías en el parabrisas con “Salvemos las Lagunas”, echó una ojeada a los bultos que llevábamos detrás, y haciendo señas con la mano, dijo : “Pasen”.
Al dejar el asfalto empezó la otra realidad : esa que te hace depender de un pistón, de una tuerca, de una espina de algarrobo que se hunde en la cubierta... Las orillas del camino estaban secas.

- No ha llovido por aquí y sin embargo la ruta está consolidada, ¿cómo puede ser ?
Al cabo de una horita nos detuvimos a retozar. ¡El silencio ! Viniendo del tumulto mendocino, con ese crecimiento desmesurado del parque automotor, la polución atmosférica, la prisa, el silencio del desierto se vuelve ensordecedor. Los oídos zumban, hacen falta varios minutos antes de que pueda percibirse el silbo del céfiro entre los jumes, o el chillido lejano de un jote. El cielo se desparrama con su telar de nubes en el estío. Y entre sus vacíos, un abismo lapislázuli en expansión.
Luego de un rebaño de cabritas, pulcras, juveniles, se acercaba un muchacho. Tras frenar, Fausto le preguntó : “¿Para ir a la Laguna podemos entrar por la Picada ?” El muchacho permanecía como petrificado en el lugar. Tan sólo su cabeza se volvió hacia nosotros. Tras un silencio cansino (normal en aquellos lares), respondió : “La Picada está cortada.” “Y la Pata'e la Vaca ¿está buena ?” “Ha entrao gente por ahí”, fue la respuesta. “Gracias.” El muchacho dio el paso que había quedado en suspenso y lo perdimos de vista.
Decidimos averiguar en San José. Allí interrogaríamos a gente mayor, responsable. Divisamos el tanque del agua, cual un hongo sobrellevando los fuegos celestiales. Las escasas viviendas se adormilaban bajo el sol candente. En un corral, dos personas conversaban, sólo tres perros acudieron a ver quiénes eran los pajueranos. Uno era petiso y amarillo, parecía sonreír al menear la cola ; el segundo, flaco, negruzco, alzaba el morro con escepticismo ; el tercero era francamente hostil, empacado en su esqueleto puntiagudo. En la comisaría preguntamos por el cabo José Retamales. El suboficial de guardia nos informó que estaba de vacaciones en Bariloche, ya que su hijo vivía en aquella ciudad. Pero que de todas maneras no lo veríamos puesto que había sido mutado, sin poder precisarnos su nueva destinación. En cuanto al acceso a las Lagunas, la cosa era complicada : el río había cortado la Picada. La única posibilidad que quedaba era la de orillar las vías del tren, aunque con mucho pozo ; pero, como los vehículos de vialidad estaban trabajando, siempre podíamos ser socorridos. La dureza del cabo reemplazante se fue haciendo cortesía al ver que Fausto hablaba de su compadre Rubén Díaz, alfarero de Lagunas del Rosario y que era él mismo quien le había enseñado a hacer cerámica. También le dijo que le había enviado un mensaje radial informando hora y fecha de nuestra venida. “El mensaje lo escuché”, se limitó a decir el cabo. En otras palabras : se sabía que estábamos en la zona. Recordé las palabras del ahijado cuando entrábamos en el Desierto :

- Aquí estamos protegidos por los laguneros. Ellos saben que venimos y están atentos a lo que nos pueda pasar. Así es como sobreviven.
Este control policial también luchaba contra los matreros, quienes se enviaban mensajes tipo : “Andá preparando el asado”, lo que en términos cristianos significaba : “juntá las vacas matreriadas que estamos llegando.”
Decidimos, al fin, no intentar la travesía. Era posible que el compadre no hubiera escuchado el mensaje, o que estuviera cosechando, en cuyo caso en vez de ir hasta el Rosario más valdría enderezar hacia Guaquinchay. Allá Fausto conocía a don Lucero, dueño del puesto. Ya había compartido con él, hacía tiempo, un buen asado salpicado con tonaditas, dado que el hombre le hacía a la guitarra. La laguna estaba llena en aquella ocasión y su mujer y sus cuatro hijos aún vivían con él. Según Fausto, el lugar era hermosísimo, con sus dunas sobresaliendo de las aguas, con sus altísimos y vetustos algarrobos, las garzas y flamencos rosados, taguas y palomas turcas, sin contar el sinnúmero de pajaritos.
Tras agradecerle al cabo los consejos, retomamos la huella. Pero a los pocos kilómetros nos dijimos que Rubén debía estar esperándonos y que si no llegábamos se largaría a buscarnos en bicicleta, o a caballo... Dimos media vuelta y encaramos nomás por la Picada. Todo iba viento en popa, la máquina de vialidad había pasado no hacía mucho tiempo. Pero de pronto el río nos atajó. Mejor dicho, la irrupción del río que había seccionado el camino, dejaba una herida, ahora reseca, imposible de franquear. Una vez más regresamos a San José. Sí, lo mejor era ir a Guaquinchay y pasar un día tranquilo en la laguna. En otra ocasión intentaríamos el cruce del río seco. Pero la voz del muchachito resonó en nuestros oídos : “Hay gente que pasó por La Pata'e la Vaca”.

- ¿Que te parece, paisano, nos animamos ?, preguntó Fausto dándose ánimos.

- Y bueno, vamos, todavía es temprano.
Media vuelta, acelerada y salimos una vez más, ¿objetivo ? : El Rosario. La Pata'e la la Vaca, camino antiguo, sinuoso pero costeador de puestos, el más sociable de todos, había sido transitado recientemente. Pero ese “recién” podía significar varios días, o semanas. Las damajuanas saltaban, las carpas y las provisiones parecían fugarse de la Intrépida con cada barquinazo, “Madame Bidón” se balanceaba peligrosamente : avanzábamos a paso de quirquincho. La una de la tarde y el sol llameaba, ni las almas en pena se asomaban. Tras nueva consulta con el destino, con rabia, constatamos que las arenas estaban florecidas y podíamos hundirnos en un médano en cualquier momento. Sin comentarios inútiles, frenada, marcha atrás y emprendimos el regreso a San José, como si ese santo carpintero nos estuviese salvando de penurias absurdas. Ni siquiera miramos el caserío cuando pasamos de largo y rumbeábamos, definitivamente, hacia Guaquinchay.
El camino enripiado “deshacía” la camioneta. Era tal el bochorno que nos pusimos a añorar el almacén de doña Lago, en Asunción, sentaditos bajo la enramada y tomándonos una cerveza fresquita. Pero vimos las huellas de un vehículo que había arremetido, a pesar de todo, hacia la laguna. Esto nos decidió y nos largamos por el arenal hasta dar con la barrera del ferrocarril. Abrí la tranquera hecha con varillones y alambres de púas y al trasponer los rieles oxidados, comentamos el tremendo esfuerzo de trazar la vía férrea, con tantísimos algarrobos abatidos para hacer los durmientes. ¿Y ahora estaba abandonada ?

- Si vemos el nicho, es que vamos bien, dijo el conductor.
Avanzábamos con prudencia, ya que un médano podía traicionarnos y clavar la camioneta.

- Ha llovido, está firme la huella, fue el comentario, cuando se sumó la alegría de ver surgir el nichito tras un recodo. Luego de persignarme y saludar al difunto, tomé una foto.

- Esta va directa al libro, paisano, este nicho es único, comentó el ahijado.
Oh, Virgen santísima,
nosotros te ofrecemos esta parte del rosario
que hemos rezao en amor y reverencia
de los cinco misterios dolorosos….

Publicado por Ediciones Fundación Marañón , Mendoza, Argentina.


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