Par ANNE-MARIE FÈVRE
La 23e édition de la biennale Interieur organisée par la ville belge met les nouvelles entreprises en valeur, sans oublier la dimension culturelle.
Et s’il existait un mobilier idéal, comme une cité idéale, qui concentrerait toutes les qualités et tous les usages, comme un noyau dur ? Et si c’était la project room du couple d’artistes flamands Fien Muller et Hannes Van Severen ? Leur dispositif imbrique en un seul élément table, escalier, lampadaire, siège, chaise longue, étagères. Réinterprétant arts décoratifs et modernisme, ces mini-architectures, élémentaires, en métal et polyéthylène aux couleurs franches, sont fines comme la bande dessinée ligne claire belge. Cette composition fonctionnelle laisse la place au vide, à l’interrogation, et à la filiation, de Donald Judd à Maarten Van Severen (le père d’Hannes). Ces pièces sont éditées par la galerie Valerie Traan à Anvers.
Emboîtements. Dans une ambiance un peu sauna et cheminée, entre bois et luminaires, on revoit ou découvre les grandes marques déjà présentes à Milan. Mais on y traque surtout les nouvelles petites entreprises. On y trouve en bonne position Objekten de Bruxelles, dirigée par le designer Alain Berteau, qui défend des pièces comme le bureau Strates de Mathieu Lehanneur : un système évolutif, combinant étagères et surfaces de travail, chaque élément s’assemble par de simples emboîtements. L’entreprise Elpé d’Halluin (Nord) offre son savoir-faire artisanal au studio piKs design de Roubaix, pour une collection complète de mobilier, «je».
Côté matériaux, arrêt sur les moquettes américaines Interface, qui jouent les couleurs, les imprimés et surtout les fibres recyclées. Halte devant le béton de Concrete by LCDA, entreprise implantée près d’Angers (Maine-et-Loire) : voici ce matériau ingrat et mal aimé devenu doux, gris pâle et boisé, bien domestiqué par Matali Crasset en panneaux mureaux, table, étagère et même une lampe.
Courtrai n’oublie jamais de raviver la flamme culturelle du design : particulièrement avec l’expo «Déjà-vu», où se côtoient des pièces qui se ressemblent tant. Comme la chaise en porte-à-faux Cesca de Thonet signée Marcel Breuer (1926) et le siège 05 de Vitra signé Maarten Van Severen (2005). Copies, manque d’inventivité ou hommages et réinterprétations assumés ? Le débat est lancé.
Cathédrale. la biennale fait la buissonnière à Buda Island. Entre travaux prospectifs d’étudiants, ateliers, débats et bazar de designers indépendants, se déploie à la Buda Tower, une délicate architecture lumineuse du collectif anglais Troika. Comment ont-ils fait pour plier, courber les rayons lumineux, créant des arcades et une cathédrale fictive ? A la Buda Factory, c’est un autre Anglais, le designer Ross Lovegrove, qui fait son show. Y fonce à toute allure et grand bruit, sans entraves, une illusion de véhicule aérodynamique qui plane dans l’espace, une forme organique, à l’état pur, digitale, toute luminescente. Suivons Ross, ce nouveau Méliès solaire et numérique, c’est lui qui fait le passeur entre design et sciences, entre Courtrai et Lille.
23e biennale Interieur de Courtrai (Belgique) Jusqu’au 28 octobre. Rens. : www.interieur.be
http://next.liberation.fr/design/2012/10/24/a-courtrai-la...
Je précise que cet article n'est pas de moi (lien vers la page citée et si possible son auteur)mais que je suis auteure et que vous pouvez commander mes livres en cliquant sur les 11 bannières de ce blog