Simone Weil, les années de la foi... -4-

Publié le 27 octobre 2012 par Perceval

Simone reprend ses cours à Saint-Quentin. Ses maux de tête la torturent.

« Un moment est venu, racontera-t-elle plus tard, où j'ai cru être menacée par l'épuisemet et par l'aggravation de la douleur, d'une si hideuse déchéance de toute l'âme, que pendant plusieurs semaines je me suis demandé avec angoisse si mourir n'était pas pour moi le plus impérieux des devoirs, quoiqu'il me parût affreux que ma vie dût se terminer dans l'horreur (…) Seule une résolution de mort conditionnelle et à terme m'a rendu la sérénité ».

En janvier 1938, elle se résout à demander un congé de maladie au ministère de l'éducation.

Un jour de 1938, à Solesmes, elle vit l'expérience de la conversion soudaine, dont elle a laissé ce récit: "J'avais des crises violentes de maux de tête intenses. Comme j'avais le poème dont je vous ai parlé, intitulé Amour, je me suis exercée à le réciter en y appliquant toute mon attention et en adhérant de toute mon âme à la tendresse qu'il enferme. Je croyais le réciter seulement comme un beau poème, mais à mon insu, cette récitation avait la vertu d'une prière. C'est au cours d'une de ces récitations que, comme je vous l'ai écrit, le Christ lui-même est descendu et m'a prise"

 

«  Au cours de ces offices, la pensée de la passion du Christ est entrée en moi une fois pour toutes » Simone Weil a saisi l'essence de la Passion. Elle relie cette expérience intérieure à son propre état de délabrement physique.

De retour à Paris, Simone relit souvent le poème … Un jour après l'avoir récité à plusieurs reprises, se produit la révélation : le poème la met «  en présence du Christ », lui fait vivre avec une acuité renouvelée l'illumination reçue à Solesmes.

« Dans un moment d’intense douleur physique, alors que je m’efforçais d’aimer […] j’ai senti, sans y être aucunement préparée, – car je n’avais jamais lu les mystiques – une présence plus personnelle, plus certaine, plus réelle que celle d’un être humain, inaccessible et aux sens et à l’imagination, analogue à l’amour qui transparaît à travers le plus tendre sourire d’un être aimé. » ( lettre à Joë Bousquet )