Tandis que son titre tendrait à faire penser à une ode au désir, La Coureuse est aussi – et surtout – une ode à l’amour ; l’amour avec un grand « A ».
Dans son dernier ouvrage, Maia Mazaurette évoque en long et en large les compromis que tout un chacun est capable de faire pour être accepté par l’être aimé ; les concessions qui poussent jusqu’à l’oubli de soi. Qui est-on lorsque l’on fait tout pour satisfaire les désirs de l’autre ? Que reste-t-il de nous lorsque l’on efface notre personnalité pour en créer une qui s’accorde à celle de notre alter ego ? Existe-t-on encore lorsque nos souhaits les plus intimes passent au second plan ? En relatant la vision d’une femme effrayée par l’engagement et apeurée par l’emprisonnement lié aux relations sérieuses, telles sont les questions que l’auteure pose, avec justesse et acidité.
Un regard, un toucher, une odeur, une douceur, une force, un cul, des jambes, des muscles, un sexe, et notre univers peut être mis sans dessus dessous. Dans les relations humaines, tout est une question de contexte, de possibilités, de probabilités. Pour l’héroïne, ce n’est pas quand la personne aimée manque que tout est dépeuplé, c’est justement quand elle est présente, quand elle prend tout la place, quand elle met son droit de véto sur toutes les autres possibilités.
Somme toute, La Coureuse n’est ni une ode à l’amour, ni une ode au désir ; elle expose plutôt l’amour du désir ainsi que le désir de l’amour. L’auteure décrit avec brio les exigences auxquelles un être humain peut se soumettre pour satisfaire les désirs des autres, pour récolter leur attention, leur affection, leur intérêt, leur temps et surtout leur amour, aussi éphémère soit-il. Car nous le savons tous, que cela soit pour une seconde, une minute, une heure, une semaine ou une vie, l’important, c’est d’être aimé.