Magazine Journal intime

Paillas

Publié le 05 novembre 2012 par Journalvernois

Voilà des années que l’envie de faire des paillas me taraude. Pourquoi ? je n’en sais trop rien, peut-être juste pour me prouver que je suis capable de fabriquer ces corbeilles de paille que j’ai toujours vues à la maison. Autrefois dans les fermes, les hommes faisaient ces corbeilles que l’on appelle « paillas » les soirs d’hiver. Elles servaient beaucoup dans la vie de tous les jours. On pouvait y mettre des œufs, des fruits, du grain pour nourrir les volailles. On y plaçait la pâte à pain pour la faire lever avant de la mettre au four. Certains fabriquaient leurs ruches.Ce ne sont que quelques exemples car leur usage était vraiment multiple. Aujourd’hui c’est plutôt un élément décoratif. Les matériaux servant à leur fabrication sont on ne peut plus simples. La paille de blé ou de seigle, les ronces ou le noisetier cueillis dans les haies provenaient de la ferme. Mais cela donnait des récipients légers, solides, très résistants. Cependant ils craignent l’humidité. J’en ai retrouvé trois qui ont été façonnés voilà plus de 50 ans par 3 personnes différentes. J’essaie de m’ inspirer de la façon dont chacun a été fait.
Ces dernières années j’avais récolté à la faucille quelques gerbes de blé et de seigle avant le passage de la moissonneuse-batteuse qui brise la paille et la rend inutilisable pour ce travail. J’avais même acheté de l’éclisse de rotin. Malheureusement tout était resté en attente jusqu’à ces jours.
Les journées plus courtes, le temps gris et froid, mon travail à peu près à jour ont été autant de circonstances qui m’ont poussé à m’ « essayer » à la fabrication du paillas. Il ne faut pas beaucoup de matériel: un couteau bien aiguisé, un poinçon (un vieux tournevis), 2 bagues,( 2 morceaux de tube de cuivre d’environ 2 cm de diamètre) Ce diamètre peut varier si on veut obtenir un travail plus fin ou plus grossier. Ces bagues vont servir à tenir la paille et la calibrer en un « boudin » enserré et assemblé en colimaçon avec l’éclisse de rotin guidée par le poinçon. Au fur et à mesure que le colimaçon avance on fait coulisser les bagues et on rajoute de la paille. Ce n’est pas bien facile à expliquer le mode opératoire. Aussi je vous conseille de regarder ces photos.
Pour me faire la main et me faciliter le travail j’ai préféré employer l’éclisse de rotin plutôt que le noisetier ou la ronce difficile à trouver, les haies étant taillées basses. Pour assembler leur paille les anciens employaient de grandes ronces. Après les avoir fendues en 2 ou 3 dans le sens de la longueur il fallait les affiner et les lisser (on disait les « râper ») à l’aide d’un couteau, sur le genou. Pour le noisetier c’est l’écorce qui était levée, à la main, avec le genou, et râpée également; on appelait cela le « coûti ». Dans les 2 cas on obtenait un long brin de 2 à 4 mm de large, très solide. Il a en plus le mérite de prendre une jolie teinte en vieillissant
Le début a été laborieux, c’est difficile de commencer. En persévérant, en tâtonnant, je me suis rendu compte que j’arrivais, non sans mal, à me débrouiller et finalement obtenir une corbeille. C’est vaguement ressemblant à mes modèles malgré de nombreuses imperfections. Elle a déjà trouvé une utilisation. J’en ai réalisé trois, mais il me faudrait quelques conseils, quelques trucs pour m’améliorer. Même si elles ne sont pas très belles elles ont du succès auprès de la famille et j’ai déjà des commandes
Finalement j’ai trouvé de quoi occuper les soirées fort longues de novembre et décembre. Et puis c’est une façon de perpétuer un travail de paysan qui a eu cours jusque dans les années 50

A bientôt


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