Magazine Journal intime

Mourir dignement… en Belgique seulement ?

Publié le 31 mars 2008 par Anaïs Valente

J’étais une jeune ado encore, censée être innocente et insouciante (ou uniquement soucieuse de ses amours platoniques et de son acné naissante), lorsque j’ai vu ce téléfim : « moi … (prénom) réclame le droit de mourir dans la dignité ».  Le nom de la protagoniste ne me revient pas (j’ai en tête Betty), mais ce téléfilm, contant l’histoire vraie d’une patiente atteinte de sclérose latérale amyotrophique réclamant le droit de mourir dans la dignité, m’a marquée à vie.

Parce que depuis lors, dès que j’ai une crampe ou un engourdissement, je me crois atteinte de cette terrible maladie incurable.  (Hypocondrie, je sais…)

Mais surtout parce que ce téléfilm m’a ouvert les yeux sur l’importance de l’euthanasie.  Du droit de mourir dignement, sans horribles souffrances, sans être dans un état de dégradation tellement intense qu’on n’imagine même pas que cela puisse exister lorsqu’on est en bonne santé.  Parce qu’avoir mal, en permanence, c’est inhumain.  Parce qu’avoir mal, en permanence, sans aucun espoir de guérison, ça l’est encore plus. 

L’histoire de Vincent Humbert, plus récente, m’avait à nouveau interpelée sur ce sujet.  Le téléfim était poignant et tellement révélateur des absurdités de la justice et de l’inhumanité de certains hommes politiques français (dans ce cas, le président, d’ailleurs).

L’histoire toute récente de Chantal Sébire n’a fait que raviver cette sensation intense que j’ai depuis ce tout premier téléfilm, si ancien, qui m’avait sortie de mon insouciance d’ado : je suis heureuse de vivre dans un pays qui a légalisé le droit à l’euthanasie.  Ravie.  De savoir que, si un jour, je suis dans la situation de Betty, de Vincent, ou de Chantal, je pourrai obtenir de l’aide.

Tout simplement.

Parce qu’il est révolu le temps où les médecins pensaient que les bébés ne ressentaient pas la douleur. 

Parce qu’il est révolu le temps où la souffrance était vue comme l’expiation des péchés ou comme une chose normale.

Parce qu’avoir refusé à Chantal Sébire le droit de mourir dignement, alors qu’elle souffrait le martyre, dévisagée par une tumeur monstrueuse, c’est totalement absurde, inhumain, ridicule, débile et révoltant. 

Parce que son décès, survenu juste après le refus des tribunaux, semblera sans doute suspect.  Mais parce que quelle que soit la cause de son décès, je bénis le ciel qu’elle ait enfin obtenu ce qu’elle réclamait dans la douleur et les larmes.

Parce que l’euthanasie est un droit pour les citoyens et un devoir pour les médecins.

Parce qu’on est en 2008, merde !



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