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Reportage: Promotion du maraichage biologique au Bénin

Publié le 07 novembre 2012 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Fassinou Houndja est veuve depuis plus d'une dizaine d'années. Se retrouvant du jour au lendemain avec cinq enfants à charge, la vie devient dès lors un cauchemar. Car, avec les boules d'akassa (pâte préparée avec de la farine de maïs fermentée) qu'elle vendait, elle parvenait difficilement à nourrir sa famille. Alors, elle décide de s'essayer au maraîchage. Mais, malgré tout, la vie ne lui sourit guère. Et après huit ans de pratique d'un maraîchage amateur, elle peinait toujours à joindre les deux bouts.
Mais, sa vie va basculer positivement avec le projet de "Réduction de la pollution des affluents de la lagune ancienne par la promotion du maraîchage biologique dans la commune de Tori-bossito". Retenu parmi la 4e vague des nombreux projets du Programme de Micro-financement (PMF) du Fonds Mondial pour l'Environnement (FEM) administré par le PNUD, ce projet dont l'objectif premier est d'"inverser le processus de pollution des affluents de la lagune ancienne par la réduction de l'utilisation des intrants chimiques dans la production agricole", va influencer la vie de dame Fassinou. "Cela fait huit ans que j'ai commencé le maraîchage. Avant, je préparais l'Akassa et je gagnais moins par rapport à ce que je fais maintenant. Avec le jardin, nous nous nourrissons bien. Notre vente par marché s'élève à 8.000 FCFA", nous raconte fièrement Fassinou. Son salut, elle le doit au projet qui, tout en faisant de l'inversion du processus de pollution des affluents de la lagune ancienne par la réduction de l'utilisation des intrants chimiques, une priorité, contribue à promouvoir le maraîchage biologique devenu une source de revenus pour les producteurs. Au total, 200 producteurs maraîchers sont touchés par le projet grâce auquel, ils ont bénéficié des renforcements de capacités sur les techniques de production, la préparation des intrants biologiques, les coûts de production et le compte d'exploitation et sur les normes et conditions de vente groupée et d'exportation des produits maraîchers. Aujourd'hui, sur le terrain, les producteurs comptent leurs nombreux acquis. Et dame Fassinou de préciser: "Avec mes revenus, je fais la tontine. Je me suis construite une maison bâtie en tôle". La vie a donc souri à cette dame qui témoigne qu'avant le projet, elle était dans une "case en paille". Mais ce n'est pas tout. Hier, alors qu'elle peinait à nourrir sa famille, aujourd'hui, non seulement elle parvient à relever ce défi mais aussi, elle a réussi à acheter un moyen de déplacement à ses enfants. Comme elle, un autre producteur dont l'engagement dans le projet est impressionnant fait également fortune. Témoin des changements dans leur vie de famille, son fils Comlan Romaric confie: "Avec ce projet, la situation financière de mon papa a changé. Il a acheté une moto et aussi des parcelles". Convaincu que la terre ne ment pas et séduit par les résultats édifiants, ce fils du maraîcher qui a réussi à décrocher son baccalauréat, désormais inspiré, ne se casse plus la tête pour choisir une filière d'étude. "Moi-même, je vais me donner à la terre, car je compte étudier l'agronomie."
Avec les nouvelles techniques de maraîchage apprises, les producteurs assistés parviennent désormais, non seulement à améliorer leur rendement par hectare, mais aussi à continuer leurs activités en saison sèche. "Aujourd'hui, on fait le maraîchage sur les 12 mois", souligne dame Fassinou. Et Comlan Romaric, de confirmer: "Nous cultivons désormais pendant toutes les saisons". L'aménagement du bassin versant des affluents de la lagune ancienne était devenu impérieux. Tout simplement parce qu'il était fortement exposé aux effets néfastes de l'utilisation des pesticides. Une pratique courante des producteurs au niveau du bassin. Pourtant, ce cours d'eau menacé de pollution est très important pour l'écosystème et les communautés mais parce qu'il a aussi un caractère international. L'action pilote expérimentée par PISOL à Tori à travers des actions d'information et de sensibilisation, a contribué à la prise de conscience progressive des populations riveraines. Désormais, les maraîchers qui sont les plus grands exploitants des bassins versants, se tournent vers la production biologique. Formés à la fabrication et à l'utilisation des intrants et pesticides biologiques, les exploitants ont rompu avec les engrais chimiques pour mettre dorénavant sur le marché, des plants sains grâce aux techniques de pépinières en caisse et/ou protégées par des filets. "Nous n'utilisons plus les engrais et insecticides chimiques. Nous achetons les fientes de volaille à Agrisatch, une société de production de volailles située non loin des périmètres mis en valeur", nous renseigne Roland et Angel, tous deux membres du groupement de producteurs GMT-Tori de 25 personnes des deux sexes. Conséquence, les plans d'eaux sont protégés par la réduction des grandes quantités de pesticides et intrants chimiques. De même, selon le directeur exécutif de PISOL ONG, Pierre Bédié, l'aménagement du bassin dans le cadre du projet, a permis de "réduire l'effet de l'érosion", grâce à une technique consistant à suivre les courbes de niveau dans la réalisation des planches favorisant la réduction de la vitesse de l'eau. Également comme résultats, le projet ambitionne la création de deux marchés de commercialisation des produits de maraîchage biologique. Car, convertis au maraîchage biologique, les producteurs doivent maintenant faire face au défi d'écoulement de leurs produits bio. "On gagne, mais on n’arrive pas encore à écouler tous nos produits et les clients achètent moins cher", indique le fils du maraicher. Face à ce défi, les membres du comité de pilotage soutenu par le Chargé de Programme au niveau du PNUD, Mathieu Houinato, ont au cours de leur visite de terrain, invité PISOL ONG et les producteurs à suivre les spéculations afin de répondre aux besoins du marché. Ils ont lancé un appel aux producteurs pour la création de leur propre marché biologique pour mieux faire connaître leurs produits et se donner plus de visibilité. Mais, avant, ils ont pendant les échanges avec le maire de Tori-Bossito, plaidé pour la mise en œuvre du projet à une échelle plus grande. "Il faut désormais aller à l'échelle plus grand et rechercher les partenariats", a conseillé Mathieu Houinato. Un appel qui semble être entendu. Puisque, le maire a garanti l'engagement de la commune et de tout le conseil communal à aller plus loin, face aux résultats et impacts appréciables enregistrés par le projet.

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