Près de mon bain j'avais laissé mes deux historiens laconiques en 1930, décrivant l’échec des politiques déflationnistes en Europe. Deux cents et quelques bains pages plus tard, les voilà arrivés à la fin du siècle. Et ils ont gardé le même recul.
Encore une fois, ils écrivent sans penser à Lehman Brothers, à Goldman Sachs, à la Grèce ou à Angela Merkel.
Encore une fois, ils prouvent que l’esprit de synthèse est une arme implacable.
Sans commentaire.
Pris en tenaille entre la nécessité d’accélérer le processus d’intégration européenne pour répondre aux défis de l’économie-monde et la résistance des catégories menacées et des nombreux bénéficiaires de l’Etat-providence, les gouvernements en charge des affaires n’ont guère d’autre choix que de tenir le cap en corrigeant, au coup par coup, les effets les plus explosifs des réformes, et en essayant de convaincre leur électorat que celles-ci sont l’inévitable rançon d’un changement de l’histoire et non l’habillage idéologique d’un libéralisme sauvage privilégiant, au nom des "lois du marché", la finance et la "rationalité économique" aux dépens de la cohésion sociale.
Berstein & Milza – Histoire de l’Europe (Hatier, ed. 2006)