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Skyfall (Sam Mendes, 2012)

Publié le 15 novembre 2012 par Doorama
Skyfall (Sam Mendes, 2012) Alors que le feu sacré semblait faiblir, Bond retrouve la motivation lorsque le MI6 devient la cible de Silva et que M, dont l'autorité est remise en question suite à des échecs successifs, semble elle aussi directement menacée. Il faut stopper Silva avant qu'il ne révèle les identités des agents sur le terrain...
Les 50 ans du double zéro sont dignement fêtés avec ce Bond, vingt-troisième du nom, façonné par Sam Mendes (American Beauty, Noces Rebelles) et orné de Javier Bardem en méchant, et de Ralph Fiennes en embuscade. Oubliez Quantum of Solace, le Craig nouveau est arrivé, il lorgne du coté des grands crus.
Les décades sont toujours l'occasion de faire une pause pour faire le bilan avant de repartir, plein de bonnes résolutions. Skyfall n'échappe pas à la règle, et Sam Mendes s'amuse à opposer le moderne  à l'ancien, la technologie à la tradition et l'expérience de l'âge à l'énergie de la jeunesse pour tenter de voir où où en est avec l'oeuvre de Ian Flemming. Définitivement exit les enfantillages ! Si, au cinéma, un Bond reste un Bond, avec tout les excès qui le caractérisent, Skyfall affirme l'ancrage de son Bond dans la réalité (menaces informatiques, vieillissement, faillibilité, rôle dans la société, politique de sécurité du territoire face aux ennemis extérieurs et intérieurs...) sans oublier de lui donner ses petits quarts d'heure de récréation "Bondesques" ou l'agent redevient surhomme. Skyfall respecte donc parfaitement le cahier des charges du Bond parfait et, même dans ses excès, tente de ne pas perdre de vue le réalisme (pour ce que "réalisme" veut dire dans un Bond... bien sûr).
Skyfall marche sur les pas de Casino Royale, Craig y est faillible et Mendes parvient parfaitement  à faire un "vrai film" entre les morceaux de bravoure indispensables et emblématiques de la franchise. Pour ce bilan de la cinquantaine, Mendes se plie aux exigences commerciales et met l'intégralité de son talent au service de la série. A l'aveugle, il serait difficile, voire presque impossible d'identifier Mendes comme réalisateur de ce Bond... En revanche, si sa personnalité et son style délicat n'aapparaissent pas dans Skyfall (ce n'est pas non plus le lieu nous direz-vous...) sa maîtrise technique, elle, est bien visible : Skyfall est sobrement, mais efficacement réalisé ! Savamment rythmé, ménageant quelques respirations intéressantes (la longue première rencontre entre Silva et Bond...), Skyfall propose une bien belle mise en image, aussi bénéfique à l'action qu'au développement de ses personnages. On retiendra par exemple sa scène d'action dans le building à Macao, magnifique ombres et lumières, qui se conclue sur son somptueux combat de silhouettes, et en un seul plan, s'il vous plait ! Simplement royal !
Enfin, impossible de ne pas citer les multiples références et clin d'oeil de Skyfall au 7ème art, y compris à la franchise elle-même. L'un de ses thème étant l'âge du héros (grande obsession au cinéma, et on pensera à Impitoyable ou, dans un autre genre Batman Rises...) c'est avec une belle assurance que Mendes se évoquera le Bond originel, Sean Connery, proposant ainsi de recentrer la franchise James Bond, sinon de s'en inspirer davantage par la suite, sur un coté moins gadget, moins technologique, plus traditionnel, plus old-school ! C'est même l'occasion de ressortir la bonne vieille Aston Martin de papa Connery, si c'est pas de l'hommage ça ? C'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe... C'est ce que défend Mendes avec Skyfall, plus humain, plus réaliste. Il semble appeler la franchise à moins céder à la fantaisie. Et comme s'il fallait nous démontrer que le "vieux c'est bien", il ornera son final de deux références majeures : un clin d'oeil à Apocalypse Now (pour le plaisir) et une ambiance et des décors "retour à l'animalité", à la sauvagerie, qui est en nous, allusion directe et hommage aux Chiens de Paille. Parfaitement divertissant et de bien belle facture Skyfall est un bond des plus réussis, sa thématique est aussi des plus intéressantes, nous appelant à nous interroger sur ce que doit être un James Bond, à savoir un film d'espionnage comme aux origines, ou bien un simple blockbuster qui exploite un nom ? Mendes, faute de répondre à cette question, propose sa vision : on peut rester fidèle à des valeurs sans avoir à rogner sur le spectacle. Excellent blockbuster, excellent bond et non moins excellente réalisation autour de thèmes solides, espérons que cette leçon de sagesse (dont la franchise à déjà conscience, il est vrai, depuis l'intronisation de Craig dans le rôle titre) ne restera pas lettre morte. On ne reconnaît peut être pas clairement la patte de Sam Mendes, mais au vu de ce travail d'équilibriste, entre le blockbuster maousse bien avec son temps et un cinéma plus "artisanal", posé et ambitieux, on reconnaît bien cette finesse qui le caractérise !
Ah, on allait oublier... Craig est comme toujours parfait en Bond viril, nerveux, méchant, buté et hargneux, et Bardem tout simplement jouissif en blondinet névrosé. Dans son genre, ce Bond 2012 est... mortel !
Skyfall (Sam Mendes, 2012)

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