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Dernière Séance (Laurent Achard, 2011)

Publié le 11 novembre 2012 par Doorama
Dernière Séance (Laurent Achard, 2011) Sylvain est projectionniste dans un petit cinéma de province qui va bientôt fermer ses portes. Il y passe ses journées, ses soirées, même ses nuits puisqu'il loge dans les sous-sols de celui-ci. Et lorsqu'il sort du cinéma le soir, c'est pour tuer des femme et , comme un trophée, rapporter une oreille, encore ornée de son indissociable boucle...
Pour sûr, il y a du cinéma dans Dernière Séance. Que ce soit dans ses références au French Cancan de Renoir, dans ce cinéma sursitaire où vit sylvain et qui le maintient en vie, ou bien dans le style et la volonté de son réalisateur de construire une oeuvre soignée. C'est pourtant précisément  sur ce style et sur l'ambition de son réalisateur que Dernière Séance laisse perplexe.
Dernière Séance pourrait donc être résumé à l'histoire d'un sérial killer, mais Laurent Achard Imprime à son sujet un traitement bien plus psychologique qu'horrifique. Assez loin du film de genre malgré ses scènes de crimes et le rituel qui les accompagne, Dernière Séance gagne le titre, plutôt noble à nos yeux, de drame horrifique, qui permet à son histoire de s'affranchir du devoir de rythme et de celui du respect des codes qui formatent habituellement le ciné de genre tendance Sérial Killer. Dernière Séance évoque Henry, Portrait d'un Serial Killer pour son ancrage dans la réalité, il rappelle Maniac quant à motivation obsessionnelle qui pousse Sylvain à commettre ses méfaits (le gore et la violence en moins) et fait entendre le lointain écho du moyen et oublié Fondu au Noir pour son personnage grand boulimique de 7ème art... Et puis Dernière Séance nous rappelle François Truffaut, particulièrement pour le personnage de Sylvain, que Jean-Pierre Léaud n'aurait sans doute pas interprété différemment, mais aussi pour son esthétique à l'image.
Dernière Séance, par les choix de son réalisateur, ressemble étonnamment à un film des 70's ou 80's ! Visuellement, en plus d'être comme gommé de toute référence temporelle, il reproduisant la simplicité des budgets modeste de l'époque, et adopte un rythme lent, comme pour combler le manque d'épaisseur de son histoire et remplir au mieux un long métrage. En toute objectivité, malgré ses apparences de petit film de genre français 80's (ça nous rappelle vaguement La Nuit de La Mort... mais nos souvenirs sont trop vagues), Dernière Séance est cependant d'un tout autre calibre : sa lenteur est volontaire et parvient à installer un climat assez pesant, et la psychologie de ce tueur est suffisamment argumentée (même si les flash-backs frôlent le ridicule) pour que l'ensemble reste crédible.
Hélas malgré des partis pris courageux, Dernière Séance ne décolle pas, et malgré son coté poisseux et son sérieux respectable laisse le spectateur entre deux eaux. L'inquiétant portrait de notre projectionniste psychotique cède peu à peu sous un traitement abusivement intellectuel, et la volonté d'enfermer le spectateur dans la tête du tueur débouche au final davantage sur l'ennui que sur le choc escompté. Trop sérieux, à la fois trop lointain et trop proche du film de genre (alors qu'il semblerait presque, par moments, le mépriser), Dernière Séance ressemble à un exercice un peu laborieux dont le but semble être de donner un visage respectable à un cinéma souvent décrit comme ne l'étant pas ! Le film d'Achard contient pourtant d'indéniable qualités, à commencer par la sincérité de son cinéma :  il parvient à installer un rythme anxiogène et construit un climat efficace dans une mise en scène plutôt bien pensée. Mais malgré ses atouts, le résultat final ressemble à s'y méprendre à un film d'il y à 30 ans et son ambiance statique et silencieuse, bien qu'inquiétante, est bien loin d'emporter le spectateur aussi loin que son réalisateur le souhaiterait. Intéressante mais prétentieuse, cette Dernière Séance à été vécue par la rédaction comme plutôt longue, peu divertissante, pas assez stimulante et finalement pas très utile. C'est sévère, mais dans ce type de portraits effrayants, on recommandera plutôt l'autrichien Schizophrenia, le tueur de l'ombre, pas moins fin et infiniment plus audacieux et dérangeant !
Dernière Séance (Laurent Achard, 2011)

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