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Still Walking (Hirokazu Kore-Eda, 2008)

Publié le 10 novembre 2012 par Doorama
Still Walking (Hirokazu Kore-Eda, 2008) Comme chaque année, à l'occasion de l'anniversaire de la mort de son frère aîné  Ryota se rend avec sa femme et son fils dans sa famille pour y passer 24h.
Hirokazu Kore-Eda (Nobody Knows) nous emmène à Yokohama pour le quinzième anniversaire de la disparition de Jumpei, et nous montre avec une simplicité délicate et touchante, l'intimité de cette famille japonaise.
Comme dans toutes les familles, mésententes, rancoeurs, regrets, tensions, mais aussi l'amour, traversent les conversations et s'invitent dans ces moments qu'ils partagent. Avec une sensibilité et une pudeur toute japonaise, Hirokazu Kore-Eda livre une chronique familiale riche et émouvante, qui trouve en presque  deux heures de temps, le moyen de couvrir toute la gamme des émotions. Derrière les sentiments affichés et les mots exprimés, Kore-Eda dresse une liste de non-dits, d'espoirs déçus, de petites mesquineries (comme l'enfant sauvé par le défunt, invité chaque année pour entretenir sa culpabilité d'avoir survécu...), de rêves secrets et d'aspirations en devenir.
Still Walking nous amène immanquablement, et dans la plus grande liberté, à nous interroger sur nos racines et ce que nous sommes, sur nos liens familiaux, ceux que nous avons réussis et ceux que nous avons ratés. Kore-Eda nous invite à observer une tranche de vie, simple, brute, et nous donne la possibilité de contempler son infinie richesse et sa beauté. La nostalgie traverse Still Walking, la délicatesse qu'il donne à voir n'a d'égal que la complexité des rapports humains et l'importance du lien familiale. Avec les repas comme élément rythmiques de cette journée, Still Walking capture les moindres frémissements de ses personnages, lève adroitement le voile sur leurs moindres retenues, nous fait ressentir profondément la moindre émotion de ses personnages. Que ce soit ce père déçu par les choix professionnels de son fils ou bien ce fils qui mesure l'urgence de sauver ce qui peut l'être avant que son père vieillissant ne le quitte (avec ce simplissime mais formidable plan sur une la barre de sécurité dans la salle de bain...), Still Walking transforme le plus infime détail en élément capital, et parle des choses importantes par d'infimes détails bien choisis.
Toute la force de Still Walking réside dans sa capacité à explorer sa très large palette de sentiments et d'émotions. Grâce à une caméra aussi discrète que précise, Still Walking nous immerge dans une famille, et sans rien nous montrer de véritablement important (ni même de captivant à l'image...),  parvient à faire ressortir de cette simple réunion de famille toute la beauté et la fragilité des choses de la vie. Avec finesse, le film nous invite à devenir l'un des membres de la famille, et en deux heure seulement nous permet d'appréhender des vies entières. Formidablement cinématographique Still Walking, derrière son apparente et insolente simplicité,  recèle des trésors de poésie et de subtilité. Beau... simple... simplement beau.
Still Walking (Hirokazu Kore-Eda, 2008)

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