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Nomads (John McTiernan, 1986)

Publié le 07 novembre 2012 par Doorama
Nomads (John McTiernan, 1986) A l'hôpital, avant de mourir sans raisons apparentes, un homme énonce une curieuse phrase en français à la femme docteur qui le soignait ; elle va alors revivre ses derniers jours. Rendu curieux par le comportements atypique d'un petit groupe d'individus, Jean-Charles Pommier, anthropologue récemment installé à L.A., avait en fait découvert que des esprits nomades et maléfiques vivaient parmi nous...
Avant de réaliser Piège de Cristal et Prédator (mais ne pardonnons pas le remake de Rollerball pour autant...) John McTiernan réalisait un premier film sur un anthropologue qui découvre une tribu au beau milieu de notre société : Nomads. Si dans ces 80's voyantes et superficielles, Nomads surprend par son rythme, son thème et sa relative richesse, il est hélas aujourd'hui assez difficile de faire le tri entre ses nombreux défauts et qualités.
Au crédit de ses points forts, Nomads possède l'indéniable mérite de son originalité. Que cela soit pour son approche sobre du fantastique, son climat d'étrangeté ou sa capacité à brasser de véritables thématiques (dans notre société moderne surgissent le bien/le mal, l'ancien/le moderne, l'interrogation sur nos valeurs...), le premier film de McTiernan étonne par le traitement de son sujet, bien loin des blockbusters et autres usines à rêves qui fleurissaient alors. Comme nous vous l'avions déjà évoqué, il y a bien de La Dernière Vague dans ce Nomads, ne serait ce que pour son ambition à faire réfléchir, au travers du fantastique, sur le présent... Nomads, film d'auteur d'un grand réalisateur ? Oui et non, car si Nomads intrigue et livre de très beaux moments, s'il détonne dans ces années de bruit et de fureur, ce premier film du futur réalisateur adulé de tous pour ses deux bombes, est aussi une réalisation terriblement inégale dans sa forme comme dans sa conception.
Nomads souffre du manque de fluidité de son scénario, de certains choix de réalisation et de son époque (oui, c'est méchant, mais c'est aussi tellement vrai). Si son sujet est certes "difficile", il faut bien reconnaître que les aller-retours entre les hallucination de la femme docteur et le réel de l'anthropologue amènent autant de finesse au film sur la manière qu'il a de dévoiler son sujet, qu'il ne trouble et apporte de la confusion inutile pour le spectateur. C'est d'ailleurs ce choix d'imbrication, intéressant sur le papier (passé/présent, comme son thème), qui cassera et fera retomber systématiquement les belles ambiances, créées avec soin, par McTiernan. A chaque fois que Nomads témoigne d'un point fort dans une scène (son ambiance, son rythme, ses plans, son mystère...), il le dément dans celle qui suit (la danse sur le capot avec les spots derrière, l'emballement démesuré de Brosnan pour quelques punks (?), l'alternance musicale atmosphérique/hard-rock, ses retours à la "réalité"...). Du talent, Nomads en témoigne, des mauvais choix (mauvais goût ?) aussi !
Quand à être victime de son époque, McTiernan s’accommode mal avec la représentation (aujourd'hui caricaturale) de ses nomades-loubards punkoïdes à la Class 1984, ainsi que de son illustration musicale, délaissant l'atmosphérique (bénéfique à son mystère) pour le fracas d'un Ted Nugent hard-rock, irrémédiablement has-been, parasite et peu judicieuse quand on revoit Nomads quelques années plus tard. Régulièrement victime des modes de son époque, Nomads hérite du fer rouge du clinquant et de l'éphémérité 80's, qui plus que toute autre décennie cinématographique à bien du mal à passer aujourd'hui.
Nomads, en dépit de ses indéniables qualités, est aujourd'hui devenu un film maladroit et difficile, un peu brouillon même, qui s'il laissait présager un réalisateur plein de talent, aux thèmes affirmés, laissait aussi présager ses limites. Plutôt original et ambitieux, parfois captivant même, Nomads vieillit hélas bien mal. La rédaction ne peut que constater que les années qui passent ne font qu'abîmer Nomads et, contrairement à d'autres oeuvres cinématographiques, font ressortir bien davantage ses faiblesses que ses atouts. Nous ne retiendrons donc de Nomads que ses idées et son fantastique ambitieux, son excellente ambiance (enfin, parfois), son Pierce Brosnan aussi charismatique que peu crédible en scientifique français et, hélas pour le spectateur, une construction chaotique et des choix de réalisation bien datés. Sympa malgré tout, mais à condition de mettre tous ses filtres en marche... la question étant : "jusqu'à quand il sera visible ?".
Nomads (John McTiernan, 1986)

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