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Chained (Jennifer Lynch, 2012)

Publié le 06 novembre 2012 par Doorama
Chained (Jennifer Lynch, 2012) A neuf ans, Tim et sa mère montent dans le mauvais taxi. Sauvagement assassinée par le chauffeur de taxi, Tim n'aura pas la même "chance" que sa maman disparue. Il sera retenu captif, enchaîné, jusqu'à devenir un jeune homme. Condamné à partager la vie de Bob et à nettoyer les lieux après ses crimes sauvages, une relation presque filliale s'installe entre Bob et "Rabbit"...
Radical... Il est presque difficile d'expliquer comment et pourquoi Jennifer Lynch, ou n'importe quel autre réalisateur, se lance dans un tel thriller dont la violence et la brutalité psychologiques l'emportent largement sur l'horreur graphique, presque absente de Chained  malgré les sombres augures son affiche. Ce n'est pas un film d'horreur à la Saw, ni même un énième torture-movie : Chained est un quasi hui-clos, écrasant et effrayant. Préparez vous à "du lourd"...
Bien sûr qu'on s'amuse à se faire peur avec un tel projet... Mais Jennifer Lynch transforme avec une redoutable efficacité cet excellent thriller en toute autre chose qu'un simple objet de divertissement. Obligé de grandir sous la tyrannie de Bob, de nettoyer la maison (y compris des cadavres qui viennent régulièrement y mettre un "peu de vie"...) et de ne manger que lorsque son bourreau l'autorise à terminer ses assiettes, Chained oblige le spectateur à assister, impuissant, à la vie misérable de Tim, surnommé "Rabbit". Bien plus qu'un scénario de séquestration, Chained est une proposition malade et dérangée d'aborder le rapport geôlier/prisonnier sous l'angle d'un rapport père/fils.
Formidablement mis en scène, Jennifer Lynch trouve la distance idéale entre sa caméra et ses personnages. Les 15 premières minutes de Chained donnent le ton : la violence ne sera pas visuelle mais psychologique. Et le moins que l'on puisse dire et que Chained parvient puissamment à rendre palpable l'enfer de "rabbit". Ample et sobre, la réalisation de Jennifer Lynch impose froidement et sans effets inutiles la brutalité de ce chauffeur de taxi sérial-killer. Chained se déroule en grande partie au domicile de Bob dont le dépouillement du décor offre une caisse de résonance particulièrement efficace pour faire entendre sa violence intérieure. Vincent d'Onifrio incarne ce tueur à la perfection, calme, parlant peu mais sachant se faire entendre, son imposant physique et son jeu tout en retenue donnent à son personnage toute la force nécessaire pour que le spectateur se sente au moins autant effrayé et mal à l'aise que Rabbit. Comme si Jennifer Lynch prenait plaisir à  toujours offrir au spectateur le plan le plus dérangeant, sa mise scène privilégie une tension permanente en rendant omniprésente la menace de la violence. A la rédaction, ça faisait bien longtemps que nous n'avions pas autant senti la justesse et la pertinence d'une mise en scène pour créer le malaise. Tendue et oppressante, la mise de la fille Lynch rappelle souvent celle de son père. Chained est une réalisation idéale, redoutablement efficace !
Après, il y a cette trouble relation entre Bob et Rabbit... Certains spectateurs rejetteront en bloc la proposition de Lynch, trop opaque, trop difficile et dérangeante, ne reculant devant rien pour superposer en mille-feuilles les idées qui font mal. On a mal, on a peur, on est régulièrement malmené par l'audace et le jusqu'auboutisme de sa réalisatrice. Chained n'hésite jamais dans son histoire, ne capitule jamais devant les éventuelles réactions du spectateur. Alors c'est certains, une fois terminé le terrifiant générique de fin (sans musique, mais avec les sons du quotidien en guise d'effrayante conclusion) il ne restera pas grand chose de Chained, sinon 94 étouffantes minutes. Chained, avant sa vision ressemble à un grand huit pour se faire un peu peur, après sa vision, c'est effectivement ce qu'il a été, mais pendant c'est tout autre chose ! Histoire glauque racontée dans une mise en scène brillante, aussi cruelle qu'efficace, Chained divisera certainement le public, nous il nous a coupé le souffle, captivé et durement secoué. Nous ne nous attendions à rien, au lieu de ça nous avons rencontré dans ce thriller âpre beaucoup d'intelligence et d'efficacité. On adore le ciné de genre lorsqu'il est fait de cette manière ! Radical...
Chained (Jennifer Lynch, 2012)

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