Le rédaction de Doorama à su rester très jeune dans sa tête... Nous avions par ailleurs aussi entendu dire que ce "reboot" de Spider-Man était plutôt réussi. Moins de 10 ans après la version de Sam Raimi, Marc Webb (un nom prédestiné !) livre donc un remake, un reboot, un relook, un "remet 1euro dans la machine"... Alors ? Ce Spiderman est il mieux que La Riposte de l'Homme-Araignée ?
Déjà peu fan de la bande-dessinée, la version Raimi, malgré ses réelles qualités quand à son regard sur le passage à l'âge adulte et la qualité de l'adaptation nous avait laissé de marbre. Peut être est-ce une certaine lassitude due à l'enchaînement incessant et inégale des films de super-héros, mais nous préférons la noirceur de Dark Knight, l'audace de Watchmen, la dérision de Mystery Men, le réalisme de Incassable, le traitement de Chronicle ou bien la surenchère un peu crétine mais efficace de The Avengers à une simple mise en image des icônes des Comics soumise aux diktats de spectateurs en manque de divertissement.
Il serait faux de dire que ce Spider-Man n'est pas réussi : ses scènes d'action sont tout à fait correctes (malgré des effets numériques bien en deçà de ce que nous étions en droit d'attendre) et Marc Webb, à la manière de la dernière trilogie Batman, soigne la construction de ses personnages et des enjeux du scénario entre deux morceaux d'action. "Alors quoi ? Ils se sont levés du pied gauche à Doorama ?". Le problème de The Amazing Spider-Man n'est pas dans la qualité du divertissement proposé (quoi qu'il y aurait pas mal à dire !), le soucis, c'est l'incroyable inutilité du projet ! Bien peu de différences sépare cette version de celle de Raimi. Qu'a apporté Marc Webb ? Un relooking visuel ? Le Raimi tient pourtant tout à fait la route... Une meilleure fidélité aux origines ? Raté, Parker n'est plus au Daily Buggles... Une surenchère d'action ou un rythme plus soutenu ? Raté, pas plus d'action ici que dans Dark Knight Rises, et à peine plus que dans le Raimi. Non, rien ne change si ce n'est que cette version perd définitivement toute lecture adulte et se borne à s'ancrer de nos jours (sans doute pour que nos ados les moins dotés en neurones aient moins d'efforts à produire pour se projetter dans notre Peter Parker trop cool à planche à roulette...).
Rien ne justifie ce reboot : Marc Webb livre une réalisation propre mais sans personnalité propre et l'homme araignée ne sera pas traité sous un nouveau jour. Remplissant tout juste le cahier des charges du simple divertissement, The Amazing Spider-Man est à peine une variation de la version Raimi, ne prenant même pas le soin de modifier les dosages pour en tirer une nouvelle saveur. Divertissement basique dénué de toute ambition, sa vision réjouira les enfants, mais laissera les adultes sur la touche. On préfère largement le grand n'importe quoi approximatif, raté mais créatif, d'un Abraham Lincoln Chasseur de Vampires, à cet océan de conformisme convenu peu excitant. Nous pensions être restés jeunes, nous nous étions peut-être trop avancés et sommes finalement heureux d'avoir (enfin) grandi... Nous avions entendu grand bien de ce reboot, nous rétablissons ici la balance, en criant grand mal d'un tel projet... Et nous répondons à notre propre question : Oui, on s'amuse presque plus à revoir un bon nanar pas vu depuis des années comme La Riposte de l'Homme-Araignée, que de s'exciter mollement devant un déjà-vu paresseux réalisé par le poisson-rouge de la pub Ikéa ("oh, la nouvelle étagère...") à destination de spectateurs amnésiques nourris aux blockbusters.
Nous sommes sévères, mais plus encore que de ne pas en avoir pour notre argent, nous détestons nous faire traiter de légumes !
Procurez-vous The Amazing Spider-Man ou d'autres films de Marc Webb ou avec Andrew Garfield, Rhys Ifans ou Martin Sheen