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Magic Mike (Steven Soderbergh, 2012)

Publié le 29 octobre 2012 par Doorama
Magic Mike (Steven Soderbergh, 2012) En attendant de monter son entreprise, Mike, le soir, est strip-teaser. Sur l'un des petits boulots qu'il exerce la journée, il rencontre le Kid, à qui il va permettre d'entrer dans ce monde nocturne. Quand à Brooke, la soeur du Kid, contrairement à bien des femmes, la vie de Mike est loin de d'être un plus à ses yeux...
A peine Piégée libéré sur les écrans, que Soderbergh enchaîne avec ce portrait de Mike, strip-teaser qui fait rêver toutes les femmes sauf une. Après avoir braqué sa caméra sur les espions (non sans une certaine réussite), c'est donc sur celle du showbizz, du sexe et de l'argent qu'elle se tourne. Nous adorons Soderbergh à la Rédaction, mais nous allions vers Magic Mike un peu à reculons : Erreur ! Une fois de plus le résultat surprend, intéresse, et Magic Mike de Soderbergh va bien au delà de nos attentes.
La nuit, le showbizz, des effeuilleurs, du fric et du superficiel... c'était sans compter sur le talent (si, si !) de Soderbergh pour extraire de ce matériau apte au plantage et à la caricature, un film aussi juste que passionnant à découvrir, sensible et diablement maîtrisé. On qualifie souvent le cinéma de Soderbergh d'"élégant", nous partageons bien sûr ce point de vue, et c'est d’abord à l'image que cela se voit. Magic Mike est visuellement très beau, agréable à l'oeil sans artifices inutiles, doré et chaud comme ce le microcosme qu'il décrit. L'homosexualité tapie ou la testostérone affichée de Magic Mike n'est jamais dérangeante, scabreuse ou provocante. Le premier atout de Magic Mike est de présenter ses strip-teasers dépouillé de tout sensationnel et de tout coté exagérément ou inutilement sulfureux. A l'image, rien n'est obscène, et s'il est effectivement question de rendre les femmes folles, s'il est question de désir, Soderbergh se contente d'observer, sans juger ni fantasmer, comme détaché de ce qu'il filme. Objectivement, avec goût, il met en image son Magic Mike, et traite son coté sexe clinquant avec une grande simplicité et spontanéité, voire pudeur ! Ce sera tout au bénéfice de ses personnages, véritables coeur du film.
Cette "élégance" de Soderbergh est à son paroxysme dans le regard qu'il porte sur Mike, la petite troupe ou Brooke. En dressant le portrait dépassionné de ce monde apte aux fantasmes, il en donne une lecture sensible, voire même rusée. Pour le Kid, l'accession à ce monde est une bénédiction qu'il résume à peu près ainsi : "je peux baiser qui je veux, je gagne plein de fric, et je fais la fête tous les soirs (...) tu m'as donné une chance unique (...) je suis libre !". Pour Soderbergh cette "bénédiction" est un leurre, elle est un piège sournois, et même s'il aborde les petites gènes de la profession (argent facile, drogue...) le vrai danger de la vie de Magic Mike est le coté "tour d'argent", la superficialité de ce modèle de vie idéal. En apparence tout semble pour le mieux, mais derrière les apparences se cachent la solitude, le faux, l'isolement social et l'insatisfaction... Tout le talent de Soderbergh est d'amener le spectateur à s'attarder sur ces fissures, quelquefois imperceptibles, et de lui permettre de lire son Magic Mike comme un "Tragic Mike", sans excès ni à-coups, avec une réelle fluidité, une grande liberté.
Magic Mike est un film doux-amer, sans leçons de morale, qui dégage une certaine tristesse malgré le groove de ses effeuillages... Pour son réalisateur, il ne s'agira pas de juger, dénoncer ou critiquer le petit monde "fric et sexe" de Magic Mike. Le véritable enjeux est celui de débarrasser Mike de son "magic", le véritable enjeux est de raconter son parcours pour abandonner le monde de la nuit, de rendre visibles les causes profondes et cachées plutôt que les symptômes apparents et superficiels. Le film, à l'image de ses strip-teasers, se dévoile doucement, se déshabille lui aussi petit à petit... L'excitation et l'euphorie du début (réussite, fric, belle vie...) cède timidement le pas à la gène et la désillusion. Soderbergh, qui semble s'ennuyer dès qu'il a fini de traiter un sujet ou testé une technique, a trouvé avec Magic Mike un sujet stimulant : mettre à nu le négatif sans se dépareiller du positif... rendre visible ce qui est caché... La réussite de Magic Mike est bien là ! Mettre en branle les mécaniques du strip-tease (hé, hé) : de l'excitation initiale jusqu'à son final, souvent source de frustration. Le Magic Mike de Soderbergh s'amuse avec ces mécanismes et les propose au spectateur magnifiquement enveloppé dans une narration sans faille et une forme visuelle des plus réussies. On a beaucoup apprécié ce petit Soderbergh, bien plus fin qu'il n'y parait. Sans atteindre des sommets et non exempt de faiblesses, il n'en demeure pas moins des plus agréables à découvrir. Élégant et stimulant : un film bandant quoi !     
Magic Mike (Steven Soderbergh, 2012)

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