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Apportez-Moi La Tête d'Alfredo Garcia (Sam Peckinpah, 1974)

Publié le 27 octobre 2012 par Doorama
Apportez-Moi La Tête d'Alfredo Garcia (Sam Peckinpah, 1974) Un parrain mexicain promet 1 million de dollars à qui lui rapportera la tête d'Alfredo Garcia, pour avoir mis sa fille enceinte. Benny, simple musicien dans un piano-bar, part à sa recherche accompagné de sa petite amie, et ex d'Alfredo, Elita. Mais rapporter la tête pour toucher la récompense ne sera pas aussi facile qu'il l'imaginait : Alfredo Garcia est mort et enterré, et Benny est loin d'être le seul à vouloir cette tête...
On entend souvent parler de Apportez-Moi La Tête d'Alfredo Garcia comme l'un des meilleurs film (certains disent LE meilleur) de Sam Peckinpah, et bien que nous lui préférions Croix de Fer ou Les Chiens de Paille, il faut bien reconnaître la formidable efficacité de son scénario et sa fascinante noirceur.
Le loser, la téquila à la place de l'eau, la chaleur du mexique qui altère la fameuse tête, et la violence omniprésente font de Apportez-Moi La Tête d'Alfredo Garcia une sorte de road movie sale et meurtrier. Peckinpah s'attaque une fois de plus à son thème favori : l'expression des plus bas instincts de l'homme et la violence qui va avec. Dans Apportez-Moi la Tête d'Alfredo Garcia, aucun personnage n'est dépouvu ou privé de ce potentiel négatif, et lorsqu'il l'est c'est une femme, mais elle subit alors le violence des hommes qui les entourent. Le tableau est noir, très noir, et quelque soit les bonnes intentions initiales, elles trouveront souvent comme seule réponse la violence. Benny ne veut que quelques dollars et troquer sa vie médiocre contre une meilleure avec Elita, il n'obtiendra que déceptions et souffrance, il perdra tout.
Si le scénario d'Apportez-Moi la Tête d'Alfredo Garcia ne perd rien de sa puissance et de son glauque, si sa dénonciation de la violence demeure toujours aussi redoutable et si la réalisation de Peckinpah livre ses morceaux de bravoure (la scène du cimetière... ou la tuerie sur la route avec la famille qui veut récupérer la tête de leur fils !), quelques rides apparaissent pourtant. La thématique est intacte, le film fascine toujours, mais Apportez-Moi la Tête d'Alfredo Garcia laisse apparaître dans certaines passages (Benny et Elita en voiture, notamment...) une patine de série B moyenne, une réalisation presque "expédiée", qui contraste aujourd'hui très fortement avec la perfection d'autres scènes ou plans. Rien de grave  mais on en vient à penser que ce Peckinpah là, visuellement en tout cas, ne supporte peut-être pas aussi bien les années que d'autres de ses films
Apportez-Moi la Tête d'Alfredo Garcia acquiert en vieillissant des allures de série B de genre (certes bien balancée) qui pourrait presque distraire le spectateur de sa force et de sa pertinence, mais au delà de ce "détail", l'oeuvre de Peckinpah frappe toujours autant l'imagination. Noir, âpre et nihiliste, la virée cauchemardesque de Benny et de sa tête qui attire les mouches procure toujours cette même sensation de malaise : le spectacle de sa déchéance amuse au début, fascine ensuite puis finit par faire mal. Apportez-Moi la Tête d'Alfredo Garcia n'a rien perdu de sa hargne et de sa furie, quand à ses rides naissantes, une fois le spectateur happé dans l'enfer sur terre de Peckinpah, gageons qu'elles lui apparaîtront bien vite comme de la sagesse, plutôt qu'une véritable usure. On peut ne pas aimer la "brute-Peckinpah", le considérer comme un réalisateur sur-coté, il n'empêche que son langage et son cinéma véhiculent encore aujourd'hui une énergie aussi jouissive que fascinante.
Apportez-Moi La Tête d'Alfredo Garcia (Sam Peckinpah, 1974)

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