La force des Indiens KOGIS

Publié le 20 novembre 2012 par Stephanebigeard

J'ai eu la chance aujourd'hui de vivre une rencontre tellement forte et tellement positive que je me dois de vous en parler ..

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" /> Au départ, c'est l"histoire d'un vrai miracle ... Celle d’un guide de haute montagne, Eric Julien, sauvé d’une mort certaine par une tribu indienne à plus de 5000 mètres d’altitude.
Tout a commencé en 1985 par une ascension ratée.
Venu comme coopérant en Colombie, l’alpiniste n’a pu résister à la présence d’un magnifique 6000 mètres, surplombant presqu’à moins de 30 kilomètres de distance le Pacifique.
Victime d’un oedème pulmonaire, le grimpeur n’a dû d’avoir la vie sauve qu’à la présence d'Indiens kogis.
Remis sur pieds efficacement à coups de médecine traditionnelle, il leur a demandé comment les remercier.
En nous aidant à récupérer nos terres ancestrales, lui a-t-on répondu.
Rentré en France, il a fallu dix ans et des remises en question professionnelles pour qu’Eric Julien se souvienne de sa promesse et reprenne le chemin de la Colombie.

C'est là qu'une nouvelle histoire commence...
... la Sagesse des Kogis ...
Trois voyages ont été nécessaires pour qu’il retrouve les traces de ses sauveteurs.
L’un d’eux a commenté non sans malice: "Tu as mis un peu de temps, mais bon tu es là ..."
"Nous allons disparaître et vous ne serez pas loin derrière" L’idée s’est imposée de leur racheter des terres.
Eric Julien a rencontré un Colombien, Gentile Cruz, qui connaissait parfaitement les Kogis, et qui s’est proposé de repérer les territoires possibles.
Revenu en France, le consultant a créé l’association Tchendukua pour collecter des fonds.
Un beau jour, il a reçu un coup de fil: une terre était disponible pour 20 ou 30 000 francs.
Ils ont été trouvés et on a pu l’acheter.
C’était vraiment jubilatoire.
On l’a visitée avec les Kogis, un vrai bonheur."

Mais une terre ne suffit pas.
"Aujourd’hui, l’association a racheté 2000 hectares, il en faudrait 10 000."
Les Kogis vivent selon un mode semi-nomade, se déplaçant du niveau de la mer à 3500 m, selon les saisons.
"On ne peut acquérir toute la montagne, on essaie de racheter une vallée qui comporte tous ces différents niveaux afin qu’ils puissent se déplacer, accéder aux terres chaudes qui sont les plus fertiles et reconstituer leur système symbolique."

Selon leur conception, la montagne qu’ils habitent ressemblent à un corps humain, avec la tête dans les parties hautes, les jambes dans les parties basses...
La perte de leur territoire les a mutilés.
Pour ces hommes-racines, comme les qualifie Eric Julien, les liens qui les nouent à la terre et au vivant sont fondamentaux.
Ils s’évertuent à ne pas se comporter en prédateurs, soucieux de préserver la vie et la diversité de leur environnement.
Ils considèrent d’ailleurs les Occidentaux comme des "petits frères" qui doivent mieux comprendre la vie de la terre.
A leurs yeux, nous devenons plus pauvres chaque jour "de tout ce que la nature a donné". Ils enregistrent avec désolation les blessures imposées à la terre, les glaciers qui reculent, les oiseaux migrateurs dont ils ne parviennent plus à lire les itinéraires, les pollutions...

Aucune invective à l’égard des "petits frères" responsables de ces bouleversements mais juste un pronostic:
"On ne va pas tenir longtemps. Vous n’avez pas l’air de comprendre que nous allons disparaître et que vous ne serez pas loin derrière."
Et un souhait: "Vous ne savez plus penser le monde. Comprenez que vous êtes vivants avant d’être Blancs. Vous devriez prendre le temps de vous arrêter cinq minutes et penser aux questions importantes..."

Alors, en quoi consiste cette sagesse des kogis ?
Elle tient à quelques principes simples :
- La relation respectueuse, harmonieuse et de réciprocité bienveillante entre les hommes et la “Terre-mère” ou la Nature – tout le contraire de notre style de vie articielle et maintenant virtuelle, fondée sur la peur de la Nature, le mépris, le combat ou le déni.
- La relation privilégiée et pourvoyeuse de sens avec le monde des Esprits ou monde spirituel, assurée par l’intermédiaire des chamanes (les mamus).
Tout le contraire de notre culture matérialiste, enlisée dans un consumérisme frénétique, égocentrique et matériel.
- La nécessité de veiller sans cesse à la cohésion et à l’harmonie du groupe ou de la tribu – c’est encore le rôle des chamanes garant de la justice et de la solidarité nécessaire.
Tout le contraire de notre environnement social, délétère, basé sur la compétition, l’exploitation, et le combat de tous contre tous pour la course au profit personnel.

Une éducation globale, holistique qui commence très tôt auprès des enfants pour leur inculquer de manière pratique la relation juste avec la nature, avec les esprits, avec soi-même et avec le groupe, éducation de sagesse prise en charge par des sages, les chamanes.
Tout le contraire de cette éducation coupée du réel, dans l’accumulation des savoirs livresques, déconnectés de la vie pratique.

Encore un immense merci à Eric Julien de nous ouvrir les yeux sur ces sages du bout du monde...
Un dernier mot d'Eric : Notre avenir et celui des Kogis sont entre nos mains. Il est de notre responsabilité d’être humain d’agir, de donner à l’autre, au monde, pour que demain reste possible…
Quelle leçon de vie !!!
Allez, au plaisir de vous lire...