- Petit, tu feras quoi quand tu seras plus grand ?
- Chômeur, comme papa, comme maman, un chouette boulot, pas fatigant, mais qui peut rapporter gros, comme le lotto…
Gros titre dans toute la presse ce jour : "1000 euros pour aider les chômeurs wallons à passer leur permis".
Réaction généralisée : ça suffit d'aider les chômeurs (et ça rime avec glandeur).
Et c'est également ma réaction. D'ailleurs, au bureau, on se l'est dit : mais pourkwaaa on continuer à se lever à l'aube (surtout moi, qui commence une heure avant mes zamies collègues), à se glisser dans une salle de bain glaciale pour se donner un aspect humain, à emprunter les bus surchauffés (note que ce matin, pté ça caillait – private joke – dans mon bus), because j'ai pas de tuture (mais j'ai le permis, payé à la sueur de mon front… enfin de celui ta maman, avoue-le, petite Anaïs), à aller supporter des clients qui en ont marre de se lever à l'aube and co, des fournisseurs qui fournissent pas, des associés qui font pas leur boulot et j'en passe.
Sérieux, à quoi bon ? Pourkwaaaaaaaaaaaaaaaa ?
Passque, sauf erreur, si j'étais au chômage, je pourrais écouter pousser mes dents, ah non mes cheveux, en regardant mes intégrales d'Urgences, Medium, Les Frères Scott, Six feet under, Ally Mac Beal, Greys anatomy, Sex and the city et bientôt Desperate housewives (ça c'est pour Mostek), m'inscrire à des cours en ayant mon minerval payé, ne plus payer d'impôts en tant que riche célibataire sans enfant, aller nager gratos, et puis aller pleurnicher au CPAS pour avoir des colis alimentaires.
Donc, oui, ça m'a donné envie de casser du chômeur, je l'avoue.
Puis j'ai lu les réactions sur la page Facebook de RTL (plus de 400, tchu, ça fait causer, le chomdu), et j'ai vu de tout. De la haine viscérale, celle qui me titille la langue en ce moment, tant j'en ai marre de toutes ces décisions politiques. De la vulgarité immonde, dans laquelle je ne tomberai jamais (hein ma couille). De l'illisible because truffé de fautes. Des débats interminables et stériles car chacun reste sur ses positions. De la tristesse. De la rage. Du désespoir. De la stupeur. Du malentendu. Et puis du demandeur d'emploi. Qui cherche vraiment. Du moins qui le dit, et j'ai tendance à le croire. Du demandeur d'emploi fauché, voire désespéré, qui veut bosser, à tout prix, mais n'y parvient pas, car pas de job dispo, pas de diplôme, pas de permis, pas d'expérience, trop d'années au compteur, et j'en passe.
Alors, en effet, y'a du chômeur qui cherche, qui en veut, qui ferait tout pour bosser. Celui-là, qu'on l'aide, qu'on l'indemnise en attendant, qu'on fasse tout pour qu'il s'en sorte. Mais qu'on fasse la part des choses entre lui et ceusses pour qui chômer est une profession à part entière, c'est tout ce que je demande, moi. Vraiment tout.
Passque moi, j'ai pas dû avoir de chance dans ma vie, mais tous les chômeurs que j'ai croisés, ben ils en avaient fait leur job à temps plein. Je ne les ai jamais entendus parler de la moindre recherche d'emploi, jamais. Je n'ai peut-être pas de chance, mais c'est ainsi. Et ça a sans doute eu tendance à me conditionner dans mon ras le bol de l'assistanat ambiant en Gelbique, terre d'accueil…
Et vous, zen pensez quoi ?