François Fillon VS Jean-François Copé. Le combat des chefs. Le choc des titans. Une guerre fratricide. Un suspens insoutenable. Les médias aux abois. La classe politique sur le qui vive. Deux hommes face à face. Deux ambitions inconciliables. Un torchon qui brûle dans une bataille de chiffonniers.
Quelques jours et presque autant de voix d’écarts auront suffit à éclipser le reste de l’actualité. À résumer l’exercice de la politique à une vulgaire anicroche entre deux non moins vulgaires protagonistes.
Pendant ce temps, dans la vraie vie, la misère sociale augmente, les inégalités s’accroissent, le gouvernement autoproclamé « de gauche » profite de la situation embarrassante dans laquelle se situe l’opposition pour ne pas profiter de la situation embarrassante dans laquelle se situe l’opposition.
Pendant ce temps, toujours dans la vraie vie, des citoyens s’expriment et manifestent contre un projet d’aéroport destructeur de bocages, d’autres s’organisent pour distribuer de la nourriture aux plus nécessiteux, d’autres encore se réunissent pour trouver des solutions à des problèmes tangibles comme le manque de crèches ou d’hôpitaux. Bref, pendant que des politiciens de profession s’acharnent à la décrédibiliser, des citoyens de conviction font véritablement et de manière concrète, de la politique.
Élaborer un potager de réinsertion pour d’anciens détenus mérite-t-il moins de considération qu’instrumentaliser la tentation xénophobe en essayant de jongler avec des arguments massues ? Monter une association de quartier pour permettre à des jeunes sans revenus de jouer de la musique est-il réellement beaucoup moins glorieux que de trafiquer un scrutin pour se hisser à la hauteur d’une pitoyable ambition ? Faut-il nécessairement déverser des tombereaux de fumier dans tous les organes de presse, semer la discorde et la haine, pour attirer l’attention des laboureurs du champ médiatique ?
Le mode de fonctionnement d’une cinquième République fondée sur le mythe de l’homme providentiel (ou de la femme, même si l’Élysée, contrairement aux apparences, reste un vocable à résonance résolument masculine) continue à jouer son rôle de diversion. Polarisant les enjeux sur une bataille d’égos, une simple quête de pouvoir. Méprisant les possibilités de débats parlementaires, d’implications citoyennes. Délaissant les véritables initiatives prises quotidiennement et anonymement par des individus de bonne volonté.
En ce sens Jean-François Copé et François Fillon sont donc parfaitement à égalité dans la médiocrité, et leur attitude ne fait que confirmer que la politique est une chose trop sérieuse pour être confiée aux seuls hommes et femmes politiques.
Guillaume Meurice
26/11/2012