Roberto Roversi | Mi fermo un momento a guardare

Publié le 25 novembre 2012 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour »
choisie par Thierry Gillybœuf

MI FERMO UN MOMENTO A GUARDARE

Non correre. Fermati. E guarda.
Guarda con un solo colpo dell’occhio
la formica vicino alla ruota dell’auto veloce
che trascina adagio adagio un chicco di pane
e così cura paziente il suo inverno.
Guarda. Fermati. Non correre.
Tira il freno alza il pedale
abbassa la serranda dell’inferno.
Guarda nel campo fra il grano
lento e bianco il fumo di un camino
con la vecchia casa vicina al grande noce.
Non correre veloce. Guarda ancora.
Almeno per un momento.
Guarda il bambino che passa tenendo la madre per mano
il colore dei muri delle case
le nuvole in un cielo solitario e saggio
le ragazze che transitano in un raggio di sole
il volto con le vene di mille anni
di una donna o di un uomo venuti come Ulisse dal mare.
Fermati. Per un momento. Prima di andare.
Ascoltiamo le grida d’amore
o le grida d’aiuto
il tempo trascinato nella polvere del mondo
se ti fermi e ascolti non sarai mai perduto.



JE M’ARRÊTE UN MOMENT POUR REGARDER

Ne cours pas. Arrête-toi. Et regarde.
Regarde d’un seul coup d’œil
la fourmi près de la roue de l’auto rapide
qui tire tout doucement une miette de pain
et prépare ainsi patiemment son hiver.
Regarde. Arrête-toi. Ne cours pas.
Tire le frein et lève le pied
baisse le rideau de l’enfer.
Regarde au milieu du champ de blé
la fumée lente et blanche d’une cheminée
avec la vieille maison près du grand noyer.
Ne cours pas vite. Regarde encore.
Ne serait-ce qu’un instant.
Regarde l’enfant qui passe en tenant sa mère par la main
les couleurs des murs des maisons
les nuages dans un ciel sage et solitaire
les filles qui passent dans un rayon de soleil
le visage aux veines millénaires
d’une femme ou d’un homme venu comme Ulysse de la mer.
Arrête-toi. Juste un instant. Avant de partir.
Écoutons les cris d’amour
ou les appels au secours
le temps traîné dans la poussière du monde
si tu t’arrêtes et écoutes jamais tu ne seras perdu.

Traduction inédite de Thierry Gillybœuf.


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NOTE d’AP : ce poème inédit de Roberto Roversi (Bologne, 28 janvier 1923 – Bologne, 14 septembre 2012) a été spécialement écrit à l’occasion de la Giornata mondiale della lentezza 2008 (25 février 2008) [Journée internationale de la lenteur].



ROBERTO ROVERSI


Source

■ Voir | écouter aussi ▼

→ (sur wikipedia.it) une notice (en italien) sur Roberto Roversi
→ (sur YouTube) Dammi il Tiro - Lucio Dalla su Roberto Roversi *
→ (sur le site de La Repubblica [bologna.repubblica.it]) une interview (en italien) de Roberto Roversi (27 juin 2011)
→ (sur Dormira jamais) « Roberto Roversi. La vérité de la poésie », par Carlo Bordini (un article publié dans l'Unità du 16 septembre 2012, et traduit en français par Olivier Favier)
→ (sur le site de Carlo Ruggiero) « Roberto Roversi: la poesia è una risposta alla realtà » (interview de 2005)
* NOTE d’AP : Roberto Roversi est l’auteur des paroles de nombreuses chansons de Lucio Dalla.



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