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Kazakhstan: Muselage des médias

Publié le 28 novembre 2012 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Le 21 novembre, le procureur de la ville d'Almaty a déposé plainte dans le but de faire fermer presque tous les médias indépendants ou de l'opposition encore en activité. Il les accuse d'être "extrémistes", d'inciter à la discorde sociale et de menacer la sécurité nationale.
Amnesty International fait écho aux préoccupations de 15 organisations de défense des droits humains basées au Kazakhstan qui ont condamné cette initiative. Il s'agit de l'aboutissement de la politique menée par les autorités en vue de restreindre les médias indépendants dans ce pays d'Asie centrale.
"Les dernières voix indépendantes au Kazakhstan risquent réellement d'être étouffées à jamais, si le tribunal donne droit à cette requête", a mis en garde David Díaz-Jogeix, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International.

La plainte déposée par le parquet concerne huit médias de la presse écrite et 23 sites Internet, qui appartiennent à un seul grand groupe de médias, ainsi qu'un autre journal et ses versions électroniques, et deux chaînes de télévision indépendantes diffusées sur Internet. Il demande également que le parti d'opposition non enregistré Alga et le mouvement social non reconnu Khalyk Maydany soient classés comme "extrémistes".
Une répression qui fait suite à de violents affrontements Le 19 novembre, une cour d'appel de la région de Mangistau, dans le sud-ouest du pays, a confirmé la peine d'emprisonnement de Vladimir Kozlov, dirigeant d'Alga, l'un des partis d'opposition non reconnus par les autorités. Il avait déjà été inculpé d'incitation à des manifestations violentes lors de la grève des travailleurs de l'industrie pétrolière en décembre 2011. Le 16 décembre 2011, la célébration du 20e anniversaire de l'indépendance du Kazakhstan a dégénéré en violents affrontements entre manifestants et policiers à Janaozen, ville du sud-ouest du pays, constituant les pires violences que le pays ait connues récemment. Au moins 15 personnes ont été tuées et plus de 100 grièvement blessées. Ces violences ont fait suite à des mois de grève menée par les travailleurs du pétrole dans la région de Mangistau, en raison de désaccords concernant les droits syndicaux, les salaires et les conditions de travail.
Lors des procès qui ont suivi en 2012, cinq hauts responsables des forces de sécurité ont été déclarés coupables d'abus de pouvoir et condamnés à cinq ans de prison pour avoir autorisé l'usage de la force excessive et meurtrière afin de disperser la foule des manifestants, ou y avoir recouru. En mai 2012, sept syndicalistes et manifestants ont été condamnés par le tribunal régional de Mangistau à des peines allant jusqu'à sept ans de prison, pour avoir organisé les manifestations de Janaozen ou y avoir pris part. Tous les accusés ont clamé leur innocence et affirmé que leurs "aveux" leur avaient été arrachés sous la torture.

Au mois de mars, Amnesty International a fait part de ses préoccupations face aux dispositions prises contre les militants syndicaux et politiques de l'opposition, en vue de les sanctionner pénalement, parce qu'ils s'étaient rendus à l'étranger pour informer les organisations gouvernementales internationales et les gouvernements étrangers des grèves et des violences dont Janaozen avait été le théâtre. En effet, de nouvelles lois relatives à la sécurité, entrées en vigueur le 6 janvier 2012, érigent en infraction pénale le fait de "nuire à l'image du Kazakhstan à l'étranger".

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