Magazine Talents

Réveillez-vous !

Publié le 28 novembre 2012 par Adamante

Je descends l’étroit sentier

qui mène à la rivière

des pierres roulent sous mes pieds

comme autant de cris

des libertés qui s’effondrent

comme autant de cris

de femmes

méprisés

violées

sexuellement torturées

psychiquement assassinées.

Les arbres

sur le chemin

me chantent

leur chanson d’arbres

celle de la vie

celle de l'amour.

Au Congo, des soldats

des barbares

on fait du viol

une arme de guerre

institutionnelle.

Une pierre roule dans la rivière

c’est une petite fille

elle a 3 ans

elle se noie

intimement déchirée

par un viol collectif

Une autre pierre la suit

c’est une femme

un objet sexuel

de cette armée

aux appétits féroces

une femme déboussolée

à qui l’on vient

de faire manger

un plat étrange

qu’elle ne connaissait pas :

ses propres enfants !

D’autre pierres

roulent, roulent, roulent

comme les rats de  Hameln

suivant le son de la flûte

elles se jettent dans les eaux

tumultueuses

de la rivière ensanglantée.

Dans le soir

un cri les suit

qui vient se noyer à son tour

dans le silence

de la nuit

dans l'épaisseur

de l’indifférence

le cri du pasteur

Denis Mukwege

gynécologue

il constate et répare

des milliers de ces vagins dynamités

lacérés au rasoir

brûlés

torturés.

Denis Mukwege s’étonne

il est lourd le silence

de la communauté internationale

qui sait pourtant

qui sait

qui sait !

mais qui se tait.

Lui vient d’échapper

à un assassinat

Lui

que la communauté internationale

félicite

pour son action humanitaire

Elle offre des décorations

de beaux discours...

Mais elle est homme

essentiellement homme

pétrie de l’idée

que la femme est faite pour souffrir

que c’est dans sa nature

« tu accoucheras dans la douleur ! » 

abjection des religions

qui ont fait d’un sexe le jouet de l’autre

en prêtant à un dieu des paroles d'hommes.

En Libye, sous le règne du despote

la communauté internationale savait

elle connaissait le sort des femmes

et pourtant, elle s’est tue.

Le tyran a planté sa tente

dans les jardins de l'Elysée.

Aujourd’hui au Congo

le viol de milliers de femmes

est moins grave

que la mort

d’un seul homme.

Se taire

telle est la règle

lorsqu’il s’agit des femmes !

Ne pas faire de vagues

fermer pudiquement les yeux

en attendant d’être acculé

à reconnaître

ce crime

contre l’humanité.

Réveillez -vous femmes

de tous les pays

de toutes couleurs

relevez la tête

faites entendre vos voix

soyez convaincues

que la femme est un Être

un Être à part entière

un Être porteur de vie

un Être porteur d'amour

et sachez-le

on ne détruit jamais si bien

que ce que l’on envie.

N’acceptez plus jamais

qu’un homme

puisse vous laisser supposer le contraire.

Sachez,

le défi est immense,

que c’est par les femmes

que le monde se reconstruira

dans le respect mutuel

et de la nature.

Aucun animal

jamais

n’eut une telle attitude

envers sa femelle.

Qui est la bête ?

Comment réagirez-vous

femmes d'Europe ?

Le Congo

c’est loin

c’est un pays en guerre

dans un pays en guerre

on le sait

il ne fait jamais bon être femme

hélas la guerre

a une particularité

quand elle est finie :

celle d’être toujours

la dernière

jusqu’à la prochaine…

La guerre

le crime

ce couple infernal

fait du monde

un lieu de barbarie

La guerre

le crime

le profit

feront de la Terre

un lieu stérile

car n’en doutez pas

la Terre aussi

est une femme

qu’on assassine.

Sur l’étroit sentier

qui mène à la rivière

mon pied glisse

la terre s’effondre

je tombe

je ferme les yeux

les eaux rouges

de la rivière

me chantent leur chanson d’eau

celle de la vie

celle de l'amour.

©Adamante


  Ici une œuvre qui aurait pu illustrer ce texte

 J'ai écrit ce texte après avoir lu l'article du monde du 28 nov 2012 d'Annick Cojeau, parce que je pense que nous n'avons pas le droit de ne rien dire, parce que je pense, moi qui ne suit rien, que je n'ai pas le droit de ne rien dire. AD



Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog

Magazine