Don Quichotte Editions
Paru en Novembre 2011
535 pages
19,90 euros
Roman ados dès 12 ans
Thèmes : Magie, New York, Famille
Grand prix de l'imaginaire 2012 catégorie roman francophone pour la jeunesse.
Les Dolce, c'est la dernière famille de magiciens qui en 2011, en plein New York fuit la nouvelle technologie et se cache des médias, des portables et reste discrète afin de survivre. Car les derniers magiciens sont menacés par un autre groupe de sorciers : la Guilde noire, une congrégation secrète et obscure qui dirige un trust financier et compte bien prendre le pouvoir sur la planète en possédant les sous-sols (pour mieux polluer la surface et créer des épidémies).
Les Dolce c'est d'abord et avant tout une galerie de personnages atypiques et attachants, hauts en couleurs, ayant chacun une personnalité : Melkaridion, le petit-fils du célèbre Merlin, qui a énormément de mal à vivre les progrès, les bouleversements du XIXe siècle et perd un peu de sa mémoire. Leamedia, la cadette de 11 ans qui souhaite s'émanciper et ne plus subir les contraintes imposées par ses parents, contraste flagrant avec sa famille. Elle ne souhaite qu'une chose dans la vie : se faire remarquer et jouer les grandes affranchies du joug de l'autorité parentale. Antonius, qui joue de la guitare, véritable réincarnation de Jimmy Hendrix. Puis il y a le meilleur ami fidèle et discret de Melkaridion : Philippe Delondres qui ne vit que pour sa mission, protéger la famille de la fameuse Fondation 18, ne révélant jamais sa présence à son ami, élevant sa fille adoptive Virginie dans le journalisme afin qu'elle puisse à sa manière reprendre le flambeau.
Il y a une belle complicité et intimité avec le lecteur qui se crée grâce à des petites fantaisies magiques : Simone la souris, fidèle compagne et secrétaire-bibliothécaire de Melkaridion est drôle. Sans oublier le Docteur Green, le chat en peluche de la cadette qui prend vie selon la plus ou moins grande proximité de sa maîtresse. Si l'intrigue, maîtrisée et prolifique reste excellente, il y a quelque chose de plus qui a su me toucher dans ce roman. L'auteur aborde des thèmes transgénérationnels émouvants : l'amour, l'amitié, le passage à l'âge adulte, les liens fraternels, l'amour filial, la révolte des jeunes, le décalage des générations, les aléas de la vie de famille avec ses hauts et ses bas... C'est un roman d'apprentissage qui met également en scène deux adolescents qui vivent des sentiments contradictoires : l'envie de rester auprès des parents, l'envie d'aller voir ailleurs, l'envie d'indépendance et de grandir. Les enfants, en effet, préféraient avoir une vie comme les autres. Alors quand Leamedia reçoit le rituel initiatique de son grand-père, ses dons explosent et provoquent leur révélation au monde. Toute une mythologie est développée autour des éléments naturels : les magiciens puisent leurs pouvoirs dans l'air, et tout vient de leur propre gestion du corps, des émotions, de l'esprit, ayant comme message sous-jacent le respect du corps et de l'environnement, l'écologie.Puis que dire de ce bus-maison typique londonien, sorte de bicoque magique qui ne doit pas quitter la Route, celle sur laquelle les Dolce peuvent réunir leurs forces. La Route des magiciens est un roman cocon, vraiment bien réussi, à la fois drôle et divertissant dans lequel on pourrait se sentir aussi bien que dans un Harry Potter. Seul bémol : le style soutenu et le vocabulaire dense ne permet pas d'immerger dans l'histoire avant les cent premières pages. Pourtant, l'auteur nous réserve de belles surprises lorsqu'on comprend comment toutes les relations entre les personnages s'enchaînent. Il faut reconnaître que l'écriture est riche, l'intrigue foisonnante et le rythme de plus en plus prenant. Tout comme les Dolce, ce premier roman est original, atypique et charismatique.
J'ai aimé ce côté "roman familial", roman d'aventures fantastiques sur fond de magie, de pouvoirs extraordinaires, alliant traditions et modernité. L'action se déroule de nos jours, en plein boum des réseaux sociaux, ce qui rend la mission des Dolce périlleuse. Et même si c'est une histoire de société secrète, de magiciens, il n'en reste pas moins que l'auteur, en la situant en 2011, nous la rend tout à fait crédible et imaginable. Les derniers chapitres sont sensationnels et passionnants. Le lecteur est happé par la tournure des évènements, surtout que l'écriture de Frédéric Petitjean est très visuelle. Inutile de dire que je lirais le deuxième tome intitulé Les Cinq Secrets très vite.A lire les articles de Mélo, Bouma, Nathan