Deux jeunes filles qui s’aiment et se protègent de l’hostilité du monde dans le nid si peu douillet d’un
orphelinat roumain. Adultes, Voichita (Cosmina Stratan) rentrera dans un humble monastère orthodoxe, Alina (Cristina Flutur) tentera sa chance en Allemagne.
*****
Inspirés de faits réels, Au-delà des collines relate une tragique histoire "d’exorcisme" qui va mal tourner.
Mungiu montre, mais ne dénonce pas un obscurantisme religieux. En partageant – au travers d'un film dépouillé - , un peu de leur vie ascétique, on se surprend à comprendre chacun des protagonistes : - ces pauvres bougres de religieuses qui, tentent de protéger la communauté monacale, ces deux jeunes filles habitées de leurs pulsions de survie d’orphelines roumaines, ce pope habité de sa dénonciation rétrograde de l’emprise de Satan sur le monde moderne… Aucune musique ne vient enjoliver le récit, et c'est donc tout le génie du cinéaste de conter en images sombres dans un décor fruste, sans que l'on s'ennuie un seul instant ...
Du vrai cinéma, du moins une certaine forme de cinéma : -. la puissance de la mise en scène de Mungiu, sa capacité à observer, à laisser vibrer ce qui habite les corps, à attendre l’instant où davantage de sens, et surtout davantage de présence, émane de l’écran.
Au-delà des collines n’est pas un film sur la religion, il pose la question de l'action, du libre arbitre, dans un contexte particulier ...et curieusement : à la toute fin du film, la femme médecin qui croit pouvoir juger la situation, nous paraît à côté d'une certaine « vérité » .. !.
Peut-être, aussi, s'agit-il au-delà de cet étrange triangle amoureux, un film sur la Roumanie actuelle, sa misère morale héritée de l'époque communiste..