O. C, II, 414-415 : « Nous voilà de nouveau sur le Nil. Jusqu’à Batn-el-Bakarah, le ventre de la vache, où commence l’angle inférieur du Delta, je ne faisais que retrouver des rives connues. Les pointes des trois pyramides, teintes de roses le matin et le soir, et que l’on admire si longtemps avant d’arriver au Caire, si longtemps après avoir quitté Boulac disparurent enfin tout à fait à l’horizon. Nous voguions désormais sur la branche orientale du Nil, c’est-à-dire sur le véritable lit du fleuve ; car la branche de Rosette, plus fréquentée des voyageurs d’Europe, n’est qu’une large saignée qui se perd à l’occident.
C’est de la branche de Damiette que partent les principaux canaux deltaïques ; c’est elle aussi qui présente le paysage le plus riche et le plus varié. Ce n’est plus cette rive monotone des autres branches, bordée de quelques palmiers grêles, avec des villages bâtis en briques crues, et çà et là des tombeaux de santons égayés de minarets, des colombiers ornés de renflements bizarres, minces silhouettes panoramiques toujours découpées sur un horizon qui n’a pas de second plan ; la branche, ou si vous voulez, la brame de Damiette, baigne des villes considérables, et traverse partout des campagnes fécondes. […] Tout papillote, étincelle et bruit, sans tenir compte de l’homme, […]. »
Paysage vu sur l’eau Cadrage Présence du mot paysage