Ночью
Стоит на небе месяц, чуть живой,
Средь облаков струящихся и мелких,
И у дворца угрюмый часовой
Глядит, сердясь, на башенные стрелки.
Идет домой неверная жена,
Ее лицо задумчиво и строго,
А верную в тугих объятьях сна
Сжигает негасимая тревога.
Что мне до них? Семь дней тому назад,
Вздохнувши, я прости сказала миру,
Но душно там, и я пробралась в сад
Взглянуть на звезды и потрогать лиру.
1918, Осень
Москва
LA NUIT
La lune, à peine vivante, est dans le ciel
Dans les menus nuages qui ruissellent.
Au palais, la morose sentinelle
Lorgne là-haut l’horloge avec rage.
La femme infidèle rentre à la maison,
Et son visage est pensif et sévère ;
La femme fidèle, que le sommeil enserre,
Brûle d’une angoisse sans raison.
Mais peu m’importe, à moi. Il y a sept jours
J’ai dit adieu au monde dans un soupir.
Mais j’étouffe —me voici de retour,
Revoir les étoiles et toucher la lyre.
Automne 1818 (Moscou)
Anna Akhmatova, Poèmes 1911-1964, in Anthologie, Orphée/La Différence, 1997, pp. 88-89. Choix, traduction du russe et présentation par Jacques Burko.
Анна Андреевна Ахматова
Source
■ Anna Akhmatova
sur Terres de femmes ▼
→ Le poète
→ Réponse tardive, 16 mars 1940
→ (dans la galerie Visages de femmes) Quatrième élégie du Nord
■ Voir | écouter aussi ▼
→ (sur Terres de femmes) Marina Tsvétaïeva | J'aimerais vivre avec vous (Pour Akhmatova)
→ (sur Esprits nomades) Anna Akhmatova | L’icône de la souffrance russe
→ (sur ImWerden) Anna Akhmatova disant à voix haute des poèmes issus du recueil Requiem [archive sonore de 14 min 37s]
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