Réalisé par Brenda Chapman et Mark Andrews
Écrit par Mark Andrews, Brenda Chapman, Steve Purcell et Irene Mecchi
Avec les voix de Kelly Macdonald, Billy Connolly, Emma Thompson, Julie Walters, …
1h33
Résumé : Mérida, fille du roi d’Écosse, est une jeune adolescente impétueuse et échevelée, qui préférerait être archère plutôt que princesse. À la suite d’une dispute avec sa mère, elle fait un choix désespéré qui va avoir de grandes conséquences sur le royaume de son père et sur la vie de sa mère. Pour remettre les choses en ordre, elle va devoir braver les forces de la nature, de la magie et d’une malédiction…
Après le mitigé Cars 2 sorti l’an dernier, on aurait pu penser que la firme Pixar s’installait sur une pente descendante qu’elle avait jusqu’alors merveilleusement évitée, jouissant d’un parcours sans faute à faire hurler de rage ses principaux concurrents.
Mais ce serait mal connaître les cerveaux de la marque à la lampe qui, n’en doutons, ont plus d’un tour dans leur sac et qui sont loin de vouloir se reposer sur leurs lauriers.
Pour rattraper la petite déconvenue de l’an passé, Pixar a donc misé gros, mais bien.
Après avoir réalisé 2 suites consécutivement (Cars donc, mais également Toy Story 3 en 2010), la firme change de braquet et décide de revenir à un scénario original, et qui plus est, des plus ambitieux sur le papier.
Rebelle, c’est la rencontre de deux univers : l’univers des rois et des princesses, symbole du mythe disneyien qui est aux origines de Pixar (en tout cas dans l’esprit), et l’univers médiéval, riche en contes et légendes, et qui a si bien souri il y a deux ans à Dreamworks, l’un des principaux concurrents de Pixar, avec l’excellent Dragons.
Ce mélange est d’ailleurs très réussi puisque le scénario s’avère au final très malin, et totalement en phase avec l’esprit des studios.
C’est donc un scénario typique des Studios Pixar qui nous est offert ici : de l’émotion, de l’aventure, des surprises, une happy end, mais aussi et surtout, un souffle épique qui nous porte pendant près d’une heure et demi, et qui donne toute sa force au film.
Mais le film jouit également d’une autre qualité qui lui permet de se hisser bien plus haut que la majorité des films d’animation actuels : son personnage principal.
Durant longtemps, le doute est resté entier quant aux capacités de Pixar à animer des personnages humains sur une longue durée. Puis Les Indestructibles est venu mettre tout le monde d’accord, suivi ensuite par les humains futuristes de Wall-E et par les deux aventuriers, de Là-haut, Carl et Russell, entre autres.
Ici, c’est donc bel et bien l’énergie du personnage principal, la princesse Mérida, qui fait avancer le film et qui lui donne une puissance constante (et ce malgré le fait qu’elle soit très mal doublée en français par Bérénice Bejo).
Mérida est un personnage atypique pour une princesse (et même pour une héroïne tout simplement). Avec sa longue chevelure rousse et son visage rondelet, elle nous fait plus penser à l’héroïne du film Un ange à ma table, de Jane Campion (inspiré par la vite de l’écrivaine néo-zélandaise Janet Frame) qu’à la gracieuse Raiponce du film éponyme.
Il n’empêche que sa force de caractère, son obstination, son courage et la passion qu’elle met dans tout ce qu’elle fait lui donne un charisme fascinant qui envoûte le spectateur sans aucune difficulté.
Outre ce personnage très bien écrit, le film peut également se reposer sur la qualité de son animation, un élément primordial qui permet non seulement de se démarquer des autres, mais également de donner une identité visuelle à l’œuvre.
Et on peut dire que sur ce terrain là, Pixar a encore bien plus d’une longueur d’avance sur ses adversaires.
Les images de ce Rebelle sont littéralement grandioses !
Loin de l’univers coloré des précédentes productions de la firme, Rebelle est un film sombre, brumeux. Et même s’il s’ouvre sur des plans de forêt, bien clairs et saisissants de beauté, le film plonge très vite dans un monde tortueux et grisâtre qui sied à merveille à ses personnages, et dont les deux réalisateurs (qui se sont succédé au cours du tournage, la première ayant été mise de côté) ont réussi à tirer le meilleur parti.
Il en va d’ailleurs de même pour certains détails du film (un domaine cher à Pixar) qui ont été particulièrement bien travaillés.
On peut notamment remarquer la qualité de l’animation en ce qui concerne les expressions du visage, encore une fois les plans dans la nature, mais c’est surtout la maestria avec laquelle les cheveux et les poils mouillés ont été travaillés qui frappent dans Rebelle.
Pixar n’avait déjà pas d’équivalent en terme d’animation d’objets, de décors et d’animaux, si en plus ils se mettent à rendre ce genre spécifique qu’est le cinéma d’animation aussi réaliste, les autres n’ont plus qu’à plier boutique !
Que tout le monde se rassure donc : le bébé de John Lasseter est toujours bel et bien vivant.
La petite déconvenue de l’an passé est désormais oubliée et les studios sont repartis sur de bons rails.
Rebelle, avec ses personnages attachants et bien développés, et son animation haut de gamme, est un très bon Pixar qui ravira petits et grands.
Dreamworks n’a qu’à bien se tenir… !
Bonus :
Petit mot pour conclure sur le traditionnel court-métrage présenté en préambule d’un film Pixar.
Cette fois-ci ce fut La Luna, un court-métrage d’Enrico Casarosa qui nous raconte l’histoire d’un petit garçon qui accompagne pour la première fois son père et son grand-père sur leur barque. Ils vont ensuite se rendre tous les trois sur la lune grâce à une échelle afin d’y balayer les étoiles qui y traînent…
Ce court-métrage, sans être le meilleur issu des studios, est un très beau conte, rempli de poésie et d’audace. On sent un vrai regard, une vraie maîtrise, et ça, c’est forcément de bonne augure pour l’avenir de la firme.