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Livre à vivre : Une forme de vie d'Amélie Nothomb

Publié le 08 décembre 2012 par Willb77

 

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Les romans d’Amélie Nothomb sont généralement courts. Celui-ci ne faillit pas à la règle. Entre prises de notes et réflexions, il aura occupé mon temps pendant 3 petites heures. 123 pages fulgurantes et légères dans un exercice qui frôle le génie.

Un point de vue subjectif me direz-vous ?

Oui, c’est l’essence même de la critique littéraire sur ce blog. 

Mais l’écrivain peut-il être universellement bon ?

A l’image de la beauté, les associations de mots sont comme des notes de musique qui rentrent en harmonie ou en discordance avec notre être.

Amelie Nothomb possède le don de justesse. Justesse dans le sens où elle fait naitre un mélange de représentations mentales et de pensées philosophiques avec l’expression parfaite. Les mots se posent précisément où ils provoquent les meilleurs effets.

De plus, ses intrigues sont à tiroirs. On en ouvre un qui nous donne la clé d’un suivant et ainsi de suite.

«Une forme de vie» ne déroge pas à la règle. La cerise sur le gâteau est le côté intimiste des révélations. On n’y apprend rien moins que la source de la passion de l’auteur pour l’écriture. 

Tout débute par une lettre. Elle provient de Bagdad.

« Chère Amélie Nothomb,

Je suis soldat de 2e classe dans l’armée américaine, mon nom est Melvin Mapple, vous pouvez m’appeler Mel. Je suis posté à Bagdad depuis le début de cette fichue guerre, il y a plus de six ans. Je vous écris parce que je souffre comme un chien. J’ai besoin d’un peu de compréhension et vous, vous me comprendrez, je le sais.

Répondez-moi. J’espère vous lire bientôt. »

Et de la compréhension, elle va en accorder et de bonne grâce. Car elle en accorde à ses quelques 2000 correspondants qui tentent d’attirer son attention par des subterfuges quelconques alors qu’elle préfère la simplicité d’un échange à un monologue égocentré.

Amélie Nothomb crée un lien avec ses lecteurs depuis sa prime enfance. J’ai en mémoire une interview dans une émission de Canal+ où elle parvenait à se remémorer les prénoms de ses fans à la seule évocation d’un détail de leur histoire. 

Ce fan-là, ce soldat américain, va parvenir à capter beaucoup plus que l’attention d’Amélie. Son obésité n’y est cependant pour rien. 

La guerre est horrible et n’a pas de sens. La dépression guette et le cerveau réagit différemment d’une personne à une autre. La révolte s’exprime par la débauche alimentaire pour Melvin. Enfin, c’est ce que laisse penser cette aventure épistolaire. 

Car la magie de l’écrivain consiste à manier avec dextérité le mensonge dans le sens interprétation d’une réalité. Il a besoin d’incarner ses créatures humaines ou animales qui peuplent ses romans, de dresser les murs, de dessiner les fenêtres, de faire sentir la fraicheur d’une goutte de pluie ou l’odeur d’un pain sortant d’un four. Les détails rendent l’histoire crédible. 

Je ne dévoile pas la chute de ce roman. Par respect pour l’oeuvre. 

Sachez qu’au delà du scénario finement ciselé, se cache des pans entiers du caractère si particulier d’Amélie Nothomb. Métaphoriquement, on effleure l’idée d’une fusion des 3 personnages principaux. Dont Schéhérazade.

La romancière belge est une boulimique qui écrit dans un élan d’altruisme qui dépasse l’entendement. Vous comprendrez dans les dernières lignes.


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