Éloge de la multiculturalité...

Publié le 09 décembre 2012 par Perceval

 « Une mobilité humaine accrue brouille les anciennes frontières – culturelles, linguistiques, religieuses ou autres – et compose un nouveau paysage aux lignes mouvantes et aux formes contrastées. Ce phénomène, tout en permettant une meilleure prise de conscience de la richesse de la diversité culturelle, a en même temps accru les malentendus et les crispations identitaires, ainsi que les amalgames nés des ignorances, des préjugés, des humiliations, des frustrations, des ressentiments et des peurs. En découle la spirale des tensions, de l’insécurité, d’une vulnérabilité partagée, de la violence, des conflits et parfois des guerres.

Katérina STENOU, directrice de la Division des politiques culturelles et du dialogue interculturel, Unesco



"Ce que nous devons absolument rejeter, c’est cette idée que l’universel s’identifie à un type particulier de société. Il n’y a pas de société bonne, encore moins de société parfaite, et il faut arracher toutes les racines, 

même les plus profondes, d’une pensée qu’on pourrait qualifier de coloniale."
Alain TOURAINE, sociologue


"À mon sens, le mot communautarisme, lorsqu’on l’emploie de manière négative, ne peut que se rapporter à une communauté qui s’enferme tellement sur elle-même qu’elle finit par se faire du mal, tout en étant tellement sure de sa vérité qu’elle veut l’imposer partout à l’extérieur, parfois violemment. Mais tant qu’elle ne fait pas ça, je ne vois pas en quoi une communauté serait dangereuse."
Raphaël LIOGIER, sociologue, directeur de l’Observatoire du religieux - IEP d'Aix

"L’expression « culture minoritaire » est un problème en soi, parce que il n’y a pas de culture minoritaire. Toute culture, pour celui qui la détient, est une culture égale à la culture dominante. Le terme minoritaire identifie la culture de l’autre à une culture minorée."
Esther BENBASSA, historienne, sénatrice du Val-de-Marne


"Ce n’est pas la diversité cultuelle qui mène au multiculturalisme, au communautarisme, mais la mauvaise gestion de la diversité religieuse, convictionnelle. On a pourtant un très bel outil en France, pour gérer cette diversité convictionnelle, qui est le système juridique de la laïcité. En effet, la laïcité n’est pas une idéologie, mais bien un système juridique, permettant à chacun de dépasser sa conviction pour construire un projet commun et avancer ensemble. « On peut croire, ne pas croire, croire en ce qu’on veut, changer de croyance » tant que la manifestation de cette conviction n’entrave pas la liberté de conscience de l’autre. Je parle de consciences et non de religions, pour bien inclure les athées et les agnostiques. "
Dounia BOUZAR, anthropologue du fait religieux, directrice du cabinet Cultes et cultures



"Car il n’y a, pour moi, de vrai interreligieux que si cet interreligieux est au service de l’interculturel. L’interreligieux en vase clos est très dangereux. Mais l’interreligieux au service de l’interculturel, pour construire ce monde mondialisé et interdépendant, est un défi indispensable à relever. Il ne s’agit pas de faire de l’interreligieux comme un bricolage folklorique où chacun étale ses excentricités, ses rituels ou autres. Il ne s’agit pas seulement, même si c’est nécessaire, de faire un effort de connaissance envers l’autre ou d’entamer des discussions d’ordre théologique. Il s’agit de créer et d’entretenir entre nous un appétit véritable pour la religion de l’autre, pour l’approche que l’autre fait de Dieu. Et cela afin de construire ensemble, interreligieux, une espérance pour tous, interculturelle." GuyAURENCHE, président du CCFD-Terre solidaire



"La religion, comme disait Wittgenstein, est comme une langue. Et il n’y a pas plus de religion universelle que de langue universelle. Une religion universelle en soi, ça n’existe pas. Une religion s’inscrit toujours dans un contexte historique. Elle peut prétendre à l’universel, mais c’est une prétention. La langue n’est jamais l’objet. Ce qui fait que Dieu, dans les traditions religieuses, échappe toujours aux religions, au langage. Toutes les religions reposent sur une révélation, mais aucune religion n’est révélée. Si elles reposent sur une révélation, qui est un postulat de foi, toutes les religions dans leur construction théologique, exégétique reposent sur une culture, sur de la contingence. Dieu est donc finalement l’absent de toute langue." Rachid BENZINE, politologue, Observatoire du religieux - IEP d'Aix