Corse : Qui se cache derrière les dernières vagues d’attentats ?

Publié le 08 décembre 2012 par Ralph

Dans la nuit de vendredi à samedi une opération terroriste a été menée aux quatre coins de l'île de beauté où 14 communes ont été touchées.
Photo - Drapeau Corse (Pascal Paoli en 1755)

En tout, ce sont une vingtaine de résidences secondaires ont été prises pour cible et plastiquées. Quelques heures plus tôt, à Calvi, un homme de 29 ans, patron d'une boîte de nuit, était assassiné de plusieurs balles. Aucun lien n'a, pour l'heure, pu être établi entre les explosions et cet assassinats.

Selon Dominique Alzéari, procureur de la République de Bastia, cité par nos confrères de l'Express, "c'est une exécution d'une violence inouïe, en présence d'un enfant, avec un tir d'achèvement et avec utilisation de plusieurs armes puisque l'on peut voir près du véhicule criblé de balles des munitions d'armes de chasse et certainement d'armes automatiques" qui a été perpétrée.

S'agissant des attentats, ils n'ont pas été revendiqués mais un homme a été arrêté en possession d'explosifs. Cette nouvelle vague de terreur intervient deux semaines seulement après la très médiatisée venue sur l'île du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, et de la garde des Sceaux, Christiane Taubira, au lendemain de l'assassinat à Ajaccio du président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Corse-du-Sud, Jacques Nacer.

Aujourd'hui encore les deux ministres ont tour à tour réaffirmé leur fermeté, Manuel Valls rappelant notamment que "ceux qui commettent des crimes, ceux qui font exploser des villas, doivent savoir que la volonté et la détermination de l'Etat de mettre fin à ces agissements criminels est totale".

La section antiterroriste de Paris est saisie de l'enquête. Les premiers éléments devraient mener cette dernière sur la piste nationaliste, une inscription FNLC-UC ayant été retrouvée sur l'une des résidences visées à Serragia, en Corse-du-Sud.

Mais personne ne se fait d'illusions, comme le rappelle le site d'information de "La Nouvelle République", ne serait-ce qu'en matière d'assassinats:

"En dépit d'un dispositif sécuritaire très étoffé en Corse, le nombre de policiers et de gendarmes par tête d'habitant étant l'un des premiers de France, aucun des 19 précédents assassinats perpétrés cette année n'a été élucidé. Pas plus que les 22 commis en 2011 et les 17 de 2010."

L'impuissance des autorités

C'est dire l'impuissance des autorités, de droite ou de gauche, à endiguer cette violence. Une terreur en pleine croissance qui prend désormais une ampleur tout aussi importante qu'inquiétante.

Déjà, en mai dernier, 23 résidences secondaires avaient été plastiquées. Pour la plupart, ces attentats avaient été revendiqués par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC). Ce dernier entendrait dénoncer ainsi la spéculation foncière et immobilière qui rendrait selon lui de plus en plus difficile pour les insulaires de résider sur l'île.

Mais le point de singularité de ce regain de tension est plus complexe. Le FLNC est secoué par une crise interne majeure. Un nouveau mouvement nationaliste clandestin a vu le jour.

Lors d'une conférence de presse en Haute-Corse, le 9 juillet, ces séparatistes ont principalement communiqué sur "les évolutions nécessaires de la lutte nationale publique et clandestine" en adressant un message au nouveau président de la République, François Hollande.

Tout en assumant la scission du FLNC, ils dénoncent "une crise politique, économique, sociale et morale sans précédent" dans l'île et pointent aussi du doigt la "précarisation" des Corses en ajoutant qu'"alors que la majorité s’appauvrit, une minorité continue à s’enrichir par la spéculation foncière et immobilière".

Ce nouveau groupe clandestin veut aussi affirmer sa "non-violence" en promettant de faire "en sorte de contribuer à créer demain les conditions d’une sortie de crise, porteuse d’une paix durable et non pas armée contre l’État français ou d’autres corses".

Depuis le 1er janvier 2012, on dénombre 55 attentats dans l'île.