Magazine

Max | Nighthawks

Publié le 11 décembre 2012 par Aragon

IMG_20381.jpgIMG_20331.jpgIMG_20361.jpgIMG_203911.jpgLe pont des Invalides traversé, j'ai redressé le col de mon manteau, mon chapeau veut s'envoler vers la Seine. La neige frôle mes épaules. Cours de la Reine et puis le Grand Palais. Je suis venu te revoir Edward. Y'a des lustres de ça je me caillais les meules en escaladant quatre à quatre les marches de l'Art Institute de Chicago, le même vent glacial qui balayait la Seine tout à l'heure descendait en rafale du Michigan. Edward et ses solitudes, ses ennuis lumineux. Ses réflexions fulgurantes sur l'instant. Edward croque-murs, croque-briques, croque-fenêtres, croque-vivants, croque-attentes : Magistral !

Et le rien et le vide et tout le sens d'une urbanité glauque mais indispensable. Et des femmes qui attendent l'heure, le moment - ce qui ne veut pas dire forcément et heureusement, l'homme - la rencontre. Beaucoup de femmes face à elles-mêmes. Des hommes aussi, fatigués. Des hommes et des femmes qui ne se regardent pas, qui ne veulent pas se regarder. Pourquoi ? Hein Edward ? C'est la seule question que tu poses. Mais tu étais pourtant toi-même une tour imposante de silence Edward, "enfoiré" de taiseux intromegagigaverti ! Faut dire que tu reviens de loin Edward, t'as réussi le passage à la vie alors que ton enfance, ton adolescence, sont baignées par des eaux bénites et lustrales mais ô combien détestables, déversées sur sa famille par un père castrato-puritain, excessivement & fanatiquement, religieux, qui ne faisait aucun quartier à sa famille, à la vie et à ses plaisirs ! T'as pourtant réussi à vivre et de quelle éblouissante manière, mais tu te tais beaucoup et s'il n'y avait pas eu tant de clarté dans tes doigts-pinceaux, dans ton regard, tes proches et ta commère rousse de (belle) femme se seraient mis la rate au court-bouillon !

Dans Hopper y'a des déclinaisons et des silences. Des dièses et des bémols, pas mal de soupirs et de bécarres aussi pour redonner un peu de hauteur aux humains. Y'a tout ce qu'on veut, y'a Ernie Hemingway et ses tueurs, y'a Miles Davis, plein de notes bleues chez Hopper. Y'a tout ce qu'on veut, y'a surtout tout ce qu'on peut... Y'a de l'amour et de l'attente. y'a beaucoup de lumière sur la fin chez Hopper. Oh ! Cet incroyable champ de hautes herbes d'or, un plein mi-tableau, dans South Carolina morning ! Le temps n'est pas figé chez Hopper. Il s'exprime, il s'étale, il attend, il t'attend... Il est provocateur de rencontres et de relations, il est entremetteur. Le silence, l'attente, feints mais peints chez Hopper te disent que l'autre est là, à portée de coeur...

http://www.grandpalais.fr/grandformat/exposition/edward-hopper/


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aragon 1451 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte