C’est un sujet récurrent depuis que la France a besoin de trouver des sous et que ceux qui en ont vont le planquer ailleurs : comment punir ceux qui s’en vont ? La bonne idée d’Edouard en janvier dans sa bonne tête de député de droite, reprend du souffle en décembre sous le crane chauve du député de gauche Yann Galut : y a qu’à leur enlever la nationalité française. Et na nanère.
Ce nouveau consensus droite-gauche pourrait être juste amusant si l’idée n’était reprise à la volée par des responsables politiques réputés plus sérieux, jusqu’à se transformer en taxation effective et mise à l’index des expatriés de tout genre, les fiscaux comme les autres. Ce n’est jamais très agréable, l’index.
Bon d’accord, il leur faudra encore quelques énarques pour définir comment concrètement on prouve que, au delà des soupçons, on s’installe en Belgique pour le pognon davantage que par amour de la bière, ou qu’on s’exile en Californie pour y cacher des affaires plutôt que pour en développer de nouvelles. Au delà des effets de manche, il n’est pas si facile de séparer les bons des mauvais expatriés. Et puis il y aura bien un élu plus réveillé que les autres qui finira par se rendre compte qu’on ne peut pas juste comme ça enlever sa nationalité à quelqu’un qui n’en a pas d’autre. Peut être aussi discutera-t-on de l’intérêt de retirer sa nationalité à quelqu’un qu’on espère voir revenir un jour.
Je ne me plains pas. Comme tous les expatriés, je roule en Porsche au soleil. Mais c’est tout de même navrant de voir son pays se fermer comme une prison. C’est pénible, de voir ses institutions démocratiques remettre en question la liberté de mouvement, quel qu’en soit le motif. Quand on trouve acceptable de juger par la loi de la noblesse des motivations de ceux qui souhaitent s’installer ailleurs, on envisage tout bonnement la dictature, fût-elle prolétarienne.
Mais j’ai une autre idée qu’elle est bonne : plutôt que de punir ceux qui s’en vont, si on encourageait ceux qui restent ? Ça pourrait peut-être même donner des regrets à ceux qui sont partis. En voilà une punition qu’elle serait vraiment cruelle !